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Surf de gros – 9 mai/Teahupo’o : Focus sur Ruarii Atani et Ariihoe Tefaafana

La saison chaude a pris fin en Polynésie française ces dernières semaines. Pour nos surfeurs locaux, la saison fraîche annonce l’arrivée de trains de houle plus ou moins gros en provenance du sud. En fin de semaine dernière, la première grosse session de la saison a permis à nos talents de s’exprimer sur la vague de Teahupo’o. Nous avons pu recueillir les témoignages de Ruarii Atani et Ariihoe Tefaafana…


Ruarii Atani à la rame © Delphine Duval
Ruarii Atani à la rame © Delphine Duval
La saison du surf de gros est ouverte ! Le premier gros train de houle a frappé les côtes sud de Tahiti en fin de semaine dernière. La session n’était pas une des plus grosses que le spot a connu mais Teahupo’o reste Teahupo’o, une vague parfaite aussi belle, puissante que radicale. S’il n’y a pas eu d’accident grave, beaucoup de surfeurs ont touché le récif et s’en sont tirés avec quelques égratignures.
 
Certains se sont élancés à la rame, d’autres ont fait du surf tracté…L’ambiance en tous cas était au beau fixe avec des vagues magnifiques et du beau temps. Une bonne partie des surfeurs locaux était en place avec les spécialistes Matahi Drollet, Kevin Bourez, Heiarii Williams, Raimana Van Bastolaer…Les bodyboarders Angelo Faraire, Manea Fabisch…Le héros des derniers Trials Mateia Hiquily, qui s’est tourné vers le free surf après ses années à batailler sur les world qualifying series (WQS)…
 
Il y avait également Tikanui Smith, un des rares à se diriger vers une carrière de big wave rider professionnel, parti dans la foulée au Mexique pour tenter une session à Puerto Escondido…Il y avait également Mihimana Braye, meilleur Tahitien en compétition après Michel Bourez, venu se frotter avec succès à la vague, après un début de saison en manque de réussite…Quelques étrangers étaient également de la partie comme les Hawaiiens Benji Brand et Josh Moniz.
 
Il y avait également le jeune champion d’Europe WSL familier de la presqu’île Kauli Vaast, le free surfeur Lorenzo Avvenenti, le Taapuna Master Ariimoana David, Enrique Ariitu, Maxime Ratia, Vehiatua JB Prunier, Tepo Faraire…et Ariihoe Tefaafana et Ruarii Atani qui ont bien voulu partager leurs émotions avec nous. Les photographes et vidéastes étaient là également pour immortaliser leurs exploits : Ben Thouard, Tim Pruvost, Maya Mc Kenna, Kirvan Baldassari…SB

Ruarii Atani a choisi la voie du surf professionnel
Ruarii Atani a choisi la voie du surf professionnel
Parole à Ruarii Atani, free surfeur :
 
Comment tu te définirais en tant que surfeur ?
 
« Je pense que j’ai réussi à atteindre un bon niveau. Je voulais apprendre à bien choisir les vagues, à bien apprendre à lire les vagues dans les grosses conditions. Cette capacité ne s’acquiert que grâce à l’expérience et avec toutes ces vagues que j’ai pu prendre, j’ai pu progresser dans les grosses conditions. J’ai pu aussi progresser au niveau de la gestion de mon stress quand il y a du monde, grâce à l’expérience acquise à Taapuna qui est un spot où il y a du monde. J’arrive à me relâcher. Dès qu’il y a une grosse houle, j’ai cette envie d’y aller. D’être au pic, d’être présent. »
 
Tu as pu passer du Taapuna Master à autre chose ?
 
« Teahupo’o nous fait sortir de l’ombre. Teahupo’o, c’est la lumière. Dès que tu as une bombe à Teahupo’o, tu es pris en photo par des photographes et vidéastes locaux mais aussi internationaux. On se fait connaître. Initialement, je voulais un bon travail et j’ai pu l’obtenir. Je travaillais dans la maçonnerie puis comme laborantin en entreprise. Mais j’ai laissé tomber ce travail pour choisir ma voie dans le surf professionnel parce que c’est ce que j’aime. J’ai choisi le free surf plutôt que le monde de la compétition. »
 
Quelques mots sur ta session de jeudi ?
 
« Je me suis préparé physiquement et mentalement pour la première houle de la saison qui est arrivée jeudi. Mon objectif était de trouver la « magic bomb ». Ce jour-là, j’ai pris trois vagues. La deuxième, le matin, était grosse. Personne ne la voulait au pic, j’ai décidé de dépasser mes limites mais j’ai pris un gros « jump » (rires). Merci à oncle Vetea David pour le rescue. Ensuite, je suis revenu attendre une autre et c’est là que j’ai eu un autre « gros barrel » magique. Merci Seigneur, merci Teahupo’o. »
 
Tu as aussi évolué au niveau hygiène de vie ?
 
« Oui, car c’est très important. J’y pensais déjà beaucoup mais je n’agissais pas. Puis j’ai eu un choc. Quand j’ai quitté mon travail, j’ai commencé à réfléchir là-dessus. J’ai commencé à faire mon propre fa’apu à la maison, à n’acheter que des légumes, des trucs pas trop chers. De bons copains à Tahiti m’ont aidé en me disant que ce que je faisais avant, c’était pas bon. A Hawai’i aussi. Des amis qui étaient en bonne santé. J’ai complètement changé de mode de vie. J’ai arrêté la limonade, le sucre…toutes les mauvaises habitudes que j’avais. Cela ne m’empêche pas de manger un bon poisson cru au lait de coco mais j’essaye d’être focus. Je sais que la santé, c’est ce qu’il y a de plus important. »
 
Un dernier mot, un remerciement ?
 
« Je remercie mes sponsors pour ce qu’ils m’ont donné : DaKine Tahiti et DaKine Hawai’i, Kevin Heminway Surfboard, Volvic, Future fins et Surfn Supply. C’est très dur, surtout dans la voie que j’ai choisie, celle du free surf, il faut savoir se vendre en boostant sa page facebook ou Instagram, ce n’est pas évident mais c’est en surfant des grosses vagues qu’on y arrive. » Propos recueillis par SB

Ariihoe Tefaafana en surf tracté © Ben Thouard
Ariihoe Tefaafana en surf tracté © Ben Thouard
 Parole à Ariihoe Tefaafana :
 
Qu’est ce qui t’a poussé à participer à cette session ?
 
« L’année dernière, je n’avais pas eu l’occasion de participer à toutes les sessions. Du coup, cette année, j’avais pour objectif d’être plus présent sur Teahupo’o lors des grosses sessions. Depuis le début d’année, j’essaie d’être complet au niveau matériel, notamment pour les sessions de tow-in donc je me suis acheté un jet ski pour ne pas devoir compter sur quiconque car, les dernières années, je n’avais jamais eu l’occasion d’être tracté, même si l’envie y était. »
 
Tes sensations ?
 
« Lorsque tu prends de belles et grosses vagues, c’est toujours une sensation de réussite, on est content et c’est juste inexplicable. Après avoir pris une vague, tout ce qu’on veut, c’est de faire mieux et c’est pour ça que les boys repoussent les limites à chaque session et ça n’en finit jamais (rires). Je suis sûr que cette année sera remplie de surprises. »
 
Vous avez pris des vagues à la rame mais aussi en tow-in ?
 
« Nous avons décidé de prendre des vagues à la rame en attendant que la houle monte et une fois que nous avons vu Raimana Van Bastolaer prendre la première vague en tow-in, nous avons décidé d’y aller pour prendre une vague à notre tour. Lors cette dernière session, nous avons fait une team avec Kevin Bourez et Nicolas Lee Tham qui est un des meilleurs pilotes à Teahupo’o, autant pour tracter que pour récupérer des gars dans la zone d’impact. Cette session nous a permis d’avoir un avant-goût pour les prochaines sessions de tow-in, elle nous a permis de rectifier les petits détails. » 
 
Un dernier mot, un remerciement ?

« Ce que je retiendrais de cette session, c’est la bonne ambiance qu’il y avait à l’eau. Les locaux ont montré que c’était leur terrain de jeu et, encore une fois, ce sont les Tahitiens qui ont eu les meilleures vagues de la journée. Je tiens à remercier tous les locaux mais aussi les étrangers qui ont montré un grand respect envers nous. C’était vraiment une session agréable. Et surtout un grand merci à tous les water patrol tels que Tahurai Henry, Arsène Harehoe, Vetea David et Nicolas Lee Tham qui ont veillé à notre sécurité durant toute la journée. Merci à mon sponsor Billabong Tahiti. Mauruuru roa. » Propos recueillis par SB

Mihimana Braye à la rame © Kirvan Baldassari
Mihimana Braye à la rame © Kirvan Baldassari
Mihimana Braye sur sa page facebook :
 
“Tow-in ? Non, que à la rame ! Le plus gros tube de ma vie ! J’ai repoussé mes limites…mais j’ai failli mourir après avoir été aspiré par ce monstre et avoir « bouffé » deux vagues juste après ! Merci mon Dieu ! Merci Teahupo’o et merci à mon frère Tahurai Henry de m’avoir sauvé la vie. Celle-là est pour nous ! Merci à mon frère Kirvan pour la photo. »

 

Gros engagement de la part de Ruarii Atani mais cela ne passera pas cette fois-là © Kirvan Baldassari
Gros engagement de la part de Ruarii Atani mais cela ne passera pas cette fois-là © Kirvan Baldassari

le Mardi 14 Mai 2019 à 16:37 | Lu 1714 fois