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Suppression de postes: grève des personnels de l'Éducation


Paris, France | AFP | lundi 11/11/2018 - Des personnels des écoles, collèges et lycées étaient en grève lundi, à l'appel de tous les syndicats de l'Éducation nationale pour dénoncer les suppressions de postes, une première depuis 2011.

Des manifestations sont prévues dans les grandes villes tandis qu'à Paris un cortège s'élancera à 14H00 pour rallier le ministère. 
Dans une maternelle de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), tous les enseignants étaient en grève "pour l'amélioration du fonctionnement de l'école qui passe par un budget à la hauteur des besoins", a constaté l'AFP. A 08H30, les élèves étaient accueillis au compte-goutte par du personnel de la mairie, qui assure un service d'accueil minimum. La loi d'août 2008 a instauré ce droit d'accueil en maternelle et élémentaire.
Le budget 2019, dont le volet Éducation nationale sera discuté en plénière mardi à l'Assemblée nationale, prévoit de supprimer 2.650 postes dans les collèges et lycées publics, 550 dans le privé, 400 dans l'administration. Quelque 1.800 postes seront créés au primaire, en vertu de "la priorité au primaire" voulue par le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer.
Les syndicats des fédérations FSU, CFDT et Unsa, dans le primaire (écoles maternelles et élémentaires) et le secondaire (collèges et lycées) ont appelé à la grève, dans le public et le privé, pour réclamer l'annulation de ces suppressions de postes.
Les syndicats Éducation nationale d'autres fédérations (CGT, Sud, FO) ont eux aussi appelé au mouvement, contre les suppressions de postes mais aussi contre la réforme de l'enseignement professionnel, la réforme du lycée et plus largement contre "la casse du statut général de la fonction publique".
Enfin, le syndicat Snalc s'est associé, lui, aux deux plateformes.
Selon Stéphane Crochet, à la tête du SE-Unsa, c'est la première fois depuis 2011 qu'un appel à la grève sur une thématique éducation rassemble toutes les organisations syndicales, de la maternelle au lycée, dans le public et dans le privé. 
En 2011, les enseignants s'étaient mobilisés contre une réforme des carrières et de l'évaluation des professeurs, mesure qui avait ensuite été supprimée après la victoire de François Hollande à la présidentielle.

- Exaspération "profonde" -

 
"Ça fait 30 ans qu'on explique (...) que nous avons trop de monde au lycée et qu'on sous-investit chroniquement dans le primaire. Nous, on a décidé de mettre le paquet au départ sur l'éducation dans le primaire", a justifié lundi sur Europe 1 le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.
Les personnels "ne comprennent pas" les réductions d'effectifs dans le secondaire, au regard de la poussée démographique attendue en collèges et lycées, souligne de son côté Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT. Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, a évoqué lundi sur France info l'exaspération "extrêmement profonde" des enseignants qui "n'en peuvent plus".
L'agence des statistiques du ministère de l'Éducation, la Depp, prévoit une hausse de 40.000 élèves à chaque rentrée entre 2019 et 2021 dans le secondaire.
Ces suppressions annoncées passent d'autant moins après le mouvement #PasDeVague suscité par le braquage, avec une arme factice, d'une enseignante par un lycéen, au sein d'un établissement de Créteil en octobre, ajoute Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat dans le secondaire.
Le nombre des suppressions de postes peut paraître faible par rapport à la totalité des agents de l'Éducation nationale (environ un million), mais les syndicats s'attendent à ce qu'elles soient suivies d'autres réductions d'effectifs.
Emmanuel Macron a indiqué vouloir supprimer 50.000 postes dans la fonction publique d'État d'ici 2022. L'Éducation nationale, qui représente la moitié des effectifs de cette branche de la fonction publique, risque d'être largement mise à contribution, estime Frédérique Rolet.
Le Snuipp-FSU, premier syndicat dans le primaire, s'agace d'"une pseudo-priorité" donnée au primaire, affirmant que les postes créés sont loin de couvrir les besoins nés du dédoublement des classes de CP et CE1 en zone d'éducation prioritaire. 

le Lundi 12 Novembre 2018 à 02:21 | Lu 289 fois