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Suicide d'une directrice d'école: des milliers de manifestants à Bobigny


Bobigny, France | AFP | jeudi 03/10/2019 - "Combien de Christine Renon devront donner leur vie?" Des milliers de manifestants sont venus protester jeudi devant les locaux de l'Education nationale à Bobigny, jour des obsèques de cette directrice qui s'est donné la mort dans son école à Pantin (Seine-Saint-Denis), a constaté une journaliste de l'AFP.

Sur une pancarte en carton, Isabelle, enseignante en maternelle à Clichy-sous-Bois, a inscrit "Je suis Christine Renon". "On peut tous se reconnaître dans la lettre de Christine. Nos conditions de travail sont exécrables, c'est pour ça qu'on a du mal à recruter en Seine-Saint-Denis. Le geste qu'elle a fait, tout le monde pourrait le faire", dit-elle, tremblante.  
Lundi 23 septembre au petit matin, la gardienne de l'école Méhul a découvert le corps de cette femme de 58 ans dans le hall de l'établissement. Deux jours plus tôt, juste avant de se donner la mort, cette directrice décrite comme "hyper investie" avait pris le soin d'adresser à une trentaine de ses collègues une lettre de trois pages où elle détaillait "son épuisement", la solitude des directeurs, l'accumulation de tâches "chronophages", les réformes incessantes et contradictoires.
"C'est la lettre qui m'a bouleversée", explique Grégoire, enseignant en élémentaire à Aulnay-sous-Bois, venu avec son épouse, également professeure des écoles, et leurs deux jeunes enfants. "C'est quelqu'un dont on sent l'engagement, l'énergie qui a été déployée. Il n'y a même pas de colère", dit-il, tout en dénonçant "la dictature du chiffre qui règne dans l'Education nationale" et le "court-termisme" des politiques.
Mercredi, journée marquée par des appels à la grève et à des rassemblements partout en France, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer s'est dit "prêt" à discuter du statut des chefs d'établissements.
"On doit améliorer la situation des directeurs d'école" qui n'est "pas satisfaisante", a dit le ministre sur RTL, proposant la création d'"un comité de suivi" associant syndicats et professionnels pour "faire évoluer" leur statut.
En Seine-Saint-Denis, la moitié des école devaient être fermées jeudi, selon le SNUipp-FSU, le premier syndicat du primaire. 
Une pétition réclamant "une toute autre qualité de vie au travail" lancée par une intersyndicale avait recueilli jeudi plus de 85.000 signatures.

le Jeudi 3 Octobre 2019 à 04:55 | Lu 882 fois