Tahiti Infos

"Soyez libres" : Macron à Valence face une soixantaine d'élus dont Wauquiez


Valence, France | AFP | jeudi 24/01/2019 - "Soyez libres": après un échange inédit et discret à Valence avec Laurent Wauquiez, le patron des Républicains, Emmanuel Macron a écouté entre deux bouchées les doléances des maires, la plupart de communes rurales, sur les déserts médicaux ou les problèmes de mobilité, au cours d'un déjeuner-débat au format resserré.

"Ce type d'échanges est une bonne façon de décanter beaucoup de sujets", a lancé debout, micro en main, le président de la République à la préfecture de la Drôme.
"Je suis là pour vous écouter, entendre, absorber" et "s'il vous plait, soyez libres", a-t-il lancé, précisant tout de même que ce n'était pas pour lui "à proprement parler ce qu'on peut appeler le grand débat".
Prenant des notes entre deux coups de fourchette, Emmanuel Macron devait écouter 35 maires, Laurent Wauquiez et enfin la présidente LR du Conseil départemental de la Drôme, Marie-Pierre Mouton, avant lui-même de conclure. A chacun, trois minutes chrono sont accordées.
Le débat a commencé vers 13H00, après une rencontre d'une cinquantaine de minutes --contre trente prévues à l'agenda-- entre Emmanuel Macron et Laurent Wauquiez qui ne s'étaient jamais entretenus officiellement depuis que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a pris la tête des Républicains en décembre 2017.
Aucune déclaration à leur sortie. Ils ont parlé des entreprises locales, des problèmes de desserte ferroviaire dans la région, indique-t-on au cabinet de Laurent Wauquiez.
Nicolas Daragon, le maire LR de Valence, a ensuite lancé la longue liste de doléances: "Nos concitoyens parlent du Ric, de démocratie plus consultative, ils souhaitent la reconnaissance du vote blanc, plus de services publics, la réduction du train de vie de l'Etat. Certains proposent des solutions plus radicales".
Gérard Collomb, le maire de Lyon, était assis tout sourire à deux places du président, des retrouvailles officielles pour les deux hommes depuis le départ avec fracas du gouvernement de l'ex-ministre de l'Intérieur, cet automne. 

- "Monstropoles ou communes abandonnées?" -

 
"Qu'est-ce qu'on veut ? Des monstropoles d'un côté et des communes abandonnées de l'autre ?", a lancé le socialiste Aurélien Ferlay, président des maires ruraux de la Drôme et maire de Moras-en-Valloire, 657 habitants.
"Quand une démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet mais ce n'est pas pour prendre de ses nouvelles", a-t-il conclu, convoquant Albert Camus dans la salle Barjavel de la préfecture.
"En 50 ans, on a reculé, nos concitoyens ont du mal à comprendre qu'on recule. Il y a un signal fort à donner aux territoires les plus enclavés. C'est devenu intolérable", a critiqué Jacques Mézard, sénateur du Cantal et ancien ministre de la Cohésion des territoires d'Emmanuel Macron.
Sujet moins attendu, Dominique Bidet, maire PCF de Bellenaves (Allier), a lancé : "Arrêtons d'envoyer notre argent en Arabie saoudite".
Dehors, un périmètre de sécurité d'environ 300 mètres créait une zone tampon dans l'hyper-centre de la ville, tenant à bonne distance quelques dizaines de "gilets jaunes" mobilisés malgré le vent glacé.
Macron "veut faire un débat citoyen mais il faut qu'il passe par les citoyens. On ne peut pas s'approcher, on est contrôlés. On ne passe pas si on a un +gilet jaune+", déplorait notamment derrière un des cordons de CRS Dominique Roux, artisan de 47 ans résidant à Etoile-sur-Rhône.
"Dans un futur déplacement, je ne sais pas quand, il sera amené à parler avec des Français", lui a indirectement répondu le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, à son arrivée à la préfecture. 
La Drôme est le département le plus pauvre de la région où les "gilets jaunes" restent très mobilisés. Valence a vu défiler le 5 janvier 3.000 manifestants, presqu'autant qu'à Paris (3.500) selon les chiffres officiels.

- Les Français partagés -

 
Le débat avec les élus s'annonce plus court -3h30 prévues - et moins médiatisé que les deux précédents de plus de 6H30 à Grand Bourgtheroulde (Eure) et Souillac (Lot), où des dizaines de maires avaient interpellé, parfois avec virulence, Emmanuel Macron. 
Cette fois, l'Elysée n'a pas autorisé sa retransmission en direct par les chaînes d'info, mais le débat était retransmis en salle de presse.
Peut-être en réponse aux voix critiques, comme celle du secrétaire général de la CGT Philippe Martinez qui a dénoncé un grand débat national mené par le gouvernement comme un "grand show de communication". Son appel à la grève le 5 février a reçu le soutien d'Eric Drouet, l'une des figures des "gilets jaunes".

le Jeudi 24 Janvier 2019 à 06:47 | Lu 269 fois