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Situation gelée à l'Huilerie de Tahiti


La grève lors de son premier jour, il y a six semaines
La grève lors de son premier jour, il y a six semaines
PAPEETE, le 11 mai 2015 - Tous les rouages de l'Huilerie sont grippés, et la situation reste bloquée après 6 semaines de grève. Les dernières propositions de la direction n'ont toujours pas satisfait les syndicats de l'entreprise.


L'Huilerie de Tahiti, qui appartient à 99% au Pays, reçoit plus d'un milliard Fcfp de subventions annuelles et gère un monopole de fait sur la production d'huile de coco en Polynésie, est à l'arrêt depuis six semaines.

Les négociations avancent pourtant. La direction serait prête à accorder une prime d'assiduité de 160 000 Fcfp à ses salariés (au lieu de 10 000 Fcfp), une augmentation de la prime de départ à la retraite à huit mois de salaire jusqu'à la fin de l'année prochaine, une augmentation de la prime de pénibilité à 10 000 Fcfp (au lieu de 7500 Fcfp), et la réorientation des caméras qui ont vue sur les toilettes. En tout, le coût de ces mesures serait évalué par la direction à 30 millions Fcfp juste pour 2015. "On est arrivé pratiquement au bout de ce qu'on pouvait faire" assure le directeur Gérard Raoult. Mais les salariés n'ont pas encore accepté ces propositions… Ils rencontreront leur directeur aujourd'hui.

La conséquence la plus grave de ce mouvement social est l'interruption de l'achat de coprah. Les producteurs dans les îles, principalement aux Marquises et aux Tuamotu, ne peuvent plus vendre leur chair de coco aux bateaux de passage : l'Huilerie a demandé ce weekend aux armateurs de ne plus embarquer de nouveaux sacs de coprah.

Les îles inquiètes

Une intervention du gouvernement il y a exactement un mois, à la dernière annonce de ce type, avait permis de trouver un hangar temporaire (que les grévistes dénonçaient comme n'étant pas aux normes). Mais "on ne peut pas continuer à réceptionner du coprah sans le transformer" assure Gérald Raoult. "On est à saturation des hangars et les bateaux continuent à arriver avec des chargements."

"On est encore tombés dans le même piège" s'exclame Teraiarue Tahi, président de l'association Katarina de Makemo. "Le bateau va passer la semaine prochaine, et on ne sait pas si on pourra vendre la production. Il y a même des producteurs qui sont allés couper des cocos ce matin, ils n'étaient pas au courant. Mais sans coprah, on ne va bientôt pas pouvoir payer l'essence, le gaz, les magasins ne font plus de crédits… À Tahiti, on distribue de la nourriture aux pauvres, il y a des associations. Rien de tout ça ici !"

L'habitant de Makemo adresse également un message aux grévistes : "Vous demandez des augmentations, il y a des histoires de caméra... Vous avez le droit de faire grève, mais faites attention, pensez aux autres aussi. Nous dans les îles on touche 55 Fcfp par kilo de coprah, ou 140 Fcfp pour la première qualité. En 10 ans, ils ont juste augmenté de 10 Fcfp le prix de la première qualité !"

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 11 Mai 2015 à 10:26 | Lu 1078 fois