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Sept religieux catholiques, dont deux Français, enlevés en Haïti


Port-au-Prince, Haïti | AFP | lundi 12/04/2021 - Sept religieux catholiques, cinq Haïtiens et deux Français, ont été enlevés dimanche en Haïti, a annoncé à l'AFP le porte-parole de la Conférence des évêques de ce pays pauvre des Caraïbes, en proie à une forte insécurité.

La police soupçonne un gang armé - baptisé "400 Mawozo" - actif dans le secteur où ces enlèvements se sont produits, d'en être à l'origine, d'après une source policière. 

Les ravisseurs réclament une rançon d'un million de dollars, a de son côté déclaré le père Loudger Mazile, selon lequel les religieux ont été kidnappés dans la matinée à la Croix-des-Bouquets, près de la capitale Port-au-Prince, au moment où ils se rendaient à "l'installation d'un nouveau curé". 

Le groupe comprend quatre prêtres et une religieuse haïtiens ainsi que deux Français originaires de l'ouest de la France, une religieuse du département de la Mayenne et un prêtre de l'Ille-et-Vilaine qui vit en Haïti depuis plus de trente ans.

A Paris, le ministère des Affaires étrangères a confirmé l'enlèvement des deux Français. 

"Le centre de crise et de soutien du ministère ainsi que notre ambassade en Haïti sont pleinement mobilisés, en relation étroite avec les autorités locales", a-t-il dit. "Pour des raisons d'efficacité et de sécurité, nous observons la plus grande discrétion".

Les cinq prêtres appartiennent à la Société des prêtres de Saint-Jacques ayant son siège à Guiclan (Finistère, ouest de la France). "Cinq prêtres de notre institut missionnaire ont été enlevés", a confirmé lundi à l'AFP le supérieur général, Paul Dossous.

"On essaye de prier en étant aussi actifs. Nous sommes en train de négocier. Le contact est fait, ça c'est important", a-t-il souligné. La société missionnaire compte une quinzaine de prêtres en Haïti dont les cinq enlevés, sur un total de 80 prêtres et une vingtaine de séminaristes présents aussi en France, au Brésil et au Canada.

La Conférence haïtienne des Religieux (CHR) a précisé dans un communiqué que trois autres personnes, des proches d'un autre prêtre ne faisant pas partie des personnes enlevées, avaient également été kidnappées.

"La CHR exprime son profond chagrin mais aussi sa colère face à la situation inhumaine que nous traversons depuis plus d'une décennie".

"Il ne se passe pas un jour sans pleurs et grincements de dents et pourtant les soi-disant leaders de ce pays, tout en s'accrochant au pouvoir, sont de plus en plus impuissants", a-t-elle encore déclaré. 

La Conférence des évêques de France et la Conférence des Religieux et Religieuses de France ont appelé les ravisseurs à "libérer les hommes et les femmes de paix qu’ils ont enlevés et ne pas ajouter encore de la haine là où se trouvent déjà la pauvreté et l’insécurité".

Etat d'urgence

Les enlèvements contre rançon ont connu une recrudescence ces derniers mois à Port-au-Prince comme en province, témoignant de l'emprise grandissante des gangs armés sur le territoire haïtien.

En mars, le pouvoir haïtien avait décrété l'état d'urgence pour un mois dans certains quartiers de la capitale et une région afin de rétablir "l'autorité de l'Etat" dans des zones contrôlées par des gangs. 

La mesure est motivée par les actions de bandes armées qui "séquestrent des personnes contre rançon en le déclarant ouvertement, volent et pillent des biens publics et privés et affrontent ouvertement les forces de sécurité publique", selon l'arrêté présidentiel.

La violence des gangs et l'instabilité politique en Haïti ont récemment conduit à des manifestations à Port-au-Prince.

Le 3 avril, plusieurs centaines de femmes y ont défilé pour dénoncer l'emprise grandissante de ces groupes criminels. 

Les enlèvements contre rançon touchent indistinctement les habitants les plus riches et la majeure partie de la population vivant sous le seuil de pauvreté.

Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain, est plongé depuis plusieurs mois dans une profonde crise politique.

Le président Jovenel Moïse estime que son mandat prendra fin le 7 février 2022, alors que pour l'opposition et une partie de la société civile celui-ci s'est achevé le 7 février 2021. Ce désaccord tient au fait que M. Moïse avait été élu à l'issue d'un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard.

Privé de Parlement, Haïti s'est encore davantage enfoncé dans la crise en 2020 et le président gouverne par décrets, alimentant une défiance croissante à son encontre.

Dans ce contexte politique instable, M. Moïse a décidé d'organiser un référendum constitutionnel en juin.

le Lundi 12 Avril 2021 à 06:30 | Lu 179 fois