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Sensibiliser aux problématiques de santé mentale


Stéphane Amadéo
Stéphane Amadéo
TAHITI, le 26 avril 2022 - Lors d’une conférence, le psychiatre Stéphane Amadéo détaillera ce jeudi à l’université les résultats encore inédits d’une enquête menée en Polynésie sur la santé mentale en population générale.

"Enquête sur la santé mentale en population générale : image et réalité", tel est l’intitulé de l’étude menée par le psychiatre Stéphane Amadéo et son équipe à Tahiti et Moorea en 2015 puis à Huahine et Bora Bora en 2017. Ce travail a permis d’explorer les représentations sociales et les aspects anthropo-culturels des maladies mentales, la prévalence des troubles mentaux et le risque suicidaire sur le territoire.

Une restitution provisoire et un rapport ont d’ores et déjà été remis aux autorités en 2018, participant à la construction du plan santé mentale du Pays. Mais l’étude n’a pas encore été publiée dans sa globalité. Elle le sera en septembre prochain dans la revue scientifique L’Information psychiatrique. En attendant, Stéphane Amadéo qui travaille désormais à Fort-de-France (Martinique) mais a travaillé plus de 30 ans en Polynésie est de passage au fenua pour la présenter en avant première ce jeudi à l’université. "Cela permettra de sensibiliser le grand public et de participer à une moindre stigmatisation des personnes concernées", insiste-t-il.

“Tous les troubles sont plus fréquents en Polynésie”


Selon le psychiatre, ce qu’il faut retenir c’est que 42,8% de la population a eu au cours de sa vie un trouble psychique. L’enquête ayant été menée en parallèle et selon le même protocole en métropole et dans les outremers, Stéphane Amadéo compare : "Dans le détail, tous les troubles sont plus fréquents en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie qu’ailleurs". Par ailleurs, la Polynésie enregistre le record en chiffre des risques suicidaires (de l’idée de la mort au passage à l’acte). Un risque suicidaire évalué à 26,3%. "Ceci étant dit, même si cela reste un sujet d’inquiétude, il y a des choses positives. En effet, le décès par suicide est inférieur en Polynésie qu’en France par exemple."

D’autres points sont à noter comme l'étiologie des problèmes de santé mentale. À l’origine de ces problèmes, on trouve souvent le poids des conduites addictives. C’est la cause des maladies mentales pour un quart des personnes interrogées. L'origine de la dépression est par ailleurs principalement d’origine sentimentale ou liée à un événement de la vie. On note aussi, au fenua, un recours réel aux soins traditionnels plus fréquent (22%), d’après les réponses au questionnaire culturel supplémentaire dans lequel les soins sont nommés en tahitien. Au cours de la conférence de ce jeudi, des hypothèses explicatives seront proposées ainsi que les résultats d’un dispositif de prévention des passages à l’acte suicidaire qui intègre des soins traditionnels.

Pratique

Conférence Savoirs pour tous le 28 avril de 17h30 à 19h30.
Résultats de l’enquête Santé mentale en population générale en Polynésie française : le risque suicidaire, les représentations sociales, le recours aux soins traditionnels.
Amphithéâtre A3 de l’université.

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 26 Avril 2022 à 17:12 | Lu 1374 fois