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Santé : un plan pour sauver le soldat PSG


Le plan décennal stratégique sanitaire et médico-social a la vocation sera présenté en janvier à l'Assemblée.
Le plan décennal stratégique sanitaire et médico-social a la vocation sera présenté en janvier à l'Assemblée.
Faire mieux avec moins pour sauver le système de santé : depuis juin dernier une vaste réflexion est consacrée à ce thème, à l'invitation du ministre de la Santé. Elle a réuni des représentants de l’Etat, du Pays, des secteurs publics et privés, de la société civile et du monde associatif avec la mission de proposer un plan stratégique décennal sanitaire et médico-social pour sauver le système de la protection sociale généralisée.

Une table ronde s’est tenue jeudi 13 décembre, à l’hôtel Radisson de Tahiti, en présence de l’ensemble des intervenants aux divers ateliers de cette réflexion, afin d’accomplir les derniers débats avant la réalisation d’un document qui sera présenté aux institutions du Pays, pour validation politique de ce projet, dès janvier 2013.

Devrait suivre la mise en œuvre de ce dispositif qui a l’allure du plan de la dernière chance.

Déjà, fin 2011 le constat dressé par la Chambre territoriale des comptes (CTC) avait un regard sévère sur le système de solidarité et le fonctionnement des affaires sociales polynésiennes.

Dans un rapport couvrant les années 2000 à 2009, la Chambre expliquait que le système de la protection sociale généralisée (PSG) instauré en 1994 était devenu "difficile à maîtriser et instable". Les chiffres résumaient à eux seuls l’ampleur du problème : les dépenses de la PSG sont passées de 40,8 milliards en 1995 à près de 103 milliards Fcfp en 2009 "et leur financement n’est plus totalement assuré par des ressources définitives".

Dr. Jean-Marc Pujo, directeur de la Santé
Dr. Jean-Marc Pujo, directeur de la Santé
Au 31 décembre 2010, le déficit cumulé de la seule branche maladie du Régime général des salariés était près de 15 milliards Fcfp, dans les caisses de la CPS. "Le système requiert donc une réforme profonde concernant son financement, ses prestations et ses modalités de gestion", suggérait donc la CTC.

La Polynésie française consacre 14% de son Produit intérieur brut (PIB) aux dépenses de santé, ce qui la place au premier rang mondial dans ce domaine, alors que son PIB a diminué de 50 milliards Fcfp depuis 2007 : ce système est aujourd’hui au pied du mur.

"Le plan a tenu compte de cette problématique économique, bien entendu", rappelle Dr. Jean-Marc Pujo, directeur du service de la Santé, au sujet de ce plan stratégique dont le contenu sera dévoilé en début d’année prochaine, après validation par l’Assemblée de Polynésie. "Et il y a des choix à faire. Ces choix sont politiques aujourd’hui, quant aux moyens que l’on peut allouer et à qui. Il va donc falloir travailler plus dans la complémentarité et dans l’optimisation des ressources. Il va falloir faire des choix au niveau financier.
Ce plan stratégique nous a permis de définir un premier niveau de planification pour les dix années à venir et un certain nombre de priorités. Il y a deux axes majeurs qui sont la redéfinition de l’offre de soin avec la notion de prévention comme fer de lance de la politique sanitaire et la mise en place de partenariats, permettant de prendre en charge toutes les problématiques médico-sociales. Il va s’agir aussi de redéfinir les modes de gouvernance du système de santé. C’est là tout l’enjeu de ce plan.
"

La grande inquiétude exprimée aujourd’hui concerne le financement du système de santé. Que préconisez-vous ?

J.-M. Pujo : (…) Le niveau de soin doit être le meilleur possible pour l’ensemble des polynésiens. Un des problèmes à résoudre est la disparité de l’offre de soin entre les îles et Tahiti. Ensuite on arrive, en ce qui concerne le financement de la PSG (système de Protection sociale généralisée, ndlr), au bout de la logique d’un système. L’affaire du politique sera de revoir les modalités de financement avec une répartition différente. On a entendu parler de fiscalisation, de l’aide de l’Etat également. (…)

Ce plan définit des choix stratégiques. Sera-t-il mis en œuvre dès 2013 ?

J.-M. Pujo : Il débutera lors de sa validation politique par l’Assemblée de Polynésie française. C’est très important pour que les axes stratégiques soient maintenus pour les dix ans qui viennent. Ce plan inclut deux schémas successifs d’organisation sanitaire qui sont quinquennaux. (…) Il a fait l’objet d’une large concertation au-delà des milieux du sanitaire et du social. La santé, ce n’est pas seulement soigner : c’est prendre soin, c'est-à-dire s’occuper de la personne dans sa globalité.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 13 Décembre 2012 à 14:04 | Lu 1597 fois