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Santé publique : Des pistes d’économies "possibles" au CHPF


"D’un point de vue médical, le CHPF ne semble pas surdimensionné", souligne la CTC. "D’autant plus qu’il devra faire face à la fois à une augmentation et à un vieillissement de la population au cours des 30 prochaines années".
"D’un point de vue médical, le CHPF ne semble pas surdimensionné", souligne la CTC. "D’autant plus qu’il devra faire face à la fois à une augmentation et à un vieillissement de la population au cours des 30 prochaines années".
PAPEETE, 19 octobre 2014 - La Chambre territoriale des comptes a examiné à la loupe la gestion du Centre hospitalier publique de Taaone (CHPF) de 2008 à 2013. Pour elle, "les pistes d’économie et de rationalisation" sont nombreuses. Elle liste 25 recommandations. Organisation du travail, économies d’énergie… Zoom sur les principales pistes.


> Le CHPF doit jongler avec les dotations

"La Chambre constate que les pistes d’économie et de rationalisation médico-économique du pilotage de la gestion du CHPF sont nombreuses", annonce le rapport d’observations définitives de la chambre territoriale des comptes (CTC) sur la gestion du CHPF de 2008 à 2013. Ce rapport, que Tahiti Infos s’est procuré, détaille ainsi 25 recommandations qui permettraient au CHPF de réaliser des économies et d’assurer une meilleure organisation du centre hospitalier. La CTC formule un ensemble de recommandations visant à optimiser et à pérenniser la gestion de l’établissement de soins clé de la Polynésie.
La Chambre commence par mettre en avant les difficultés de l’hôpital qui a dû faire face "à une diminution de ses dotations de financement ainsi qu’à des retards de versement de ces dotations". "Face à cette contrainte durable de financement, la qualité de la gestion du CHPF va devenir un des éléments clés pour assurer sa pérennité financière tout en maintenant la qualité des soins apportés aux patients. A défaut de pouvoir, pour l’instant, augmenter les ressources dont il dispose, la marge de progrès du CHPF résident désormais dans l’optimisation de l’allocation de ces ressources ainsi que dans l’efficience de leur utilisation", souligne le rapport.


> De nombreux dégâts des eaux

Depuis le déménagement du CHPF à Taaone, la direction du centre hospitalier a dû faire face à des fuites … d’eau ! Plus de 140 dégâts des eaux, qui pour certains ont eu lieu dans des services sensibles comme la réanimation, les blocs opératoires, les urgences ont été constatés selon la CTC. Mais le centre hospitalier n’étant pas le propriétaire des bâtiments et ne peut pas mettre en oeuvre la garantie décennale contre les nombreuses malfaçons (notamment par infiltration d’eau pluviale).


> Repenser le conseil d’administration

Aujourd’hui, des membres du gouvernement siègent au conseil d’administration de l’hôpital. Le ministre de la Santé occupe la présidence. Une situation incohérente pour la CTC qui met en avant que la tutelle de l’établissement se trouve ainsi à la fois juge et partie.
La chambre recommande donc que « la composition du conseil d’administration soit revue, afin qu’il ne comporte plus de membres du gouvernement et que la présidence ne soit plus assurée par le ministre de la Santé. Le conseil des ministres pourra ainsi renforcer l’exercice de sa mission de tutelle du CHPF, car aucun de ses membres n’aura participé aux décisions prises par le conseil d’administration de l’établissement.


> Le temps de travail des personnels médicaux à revoir

La chambre territoriale des comptes préconise de revoir l’organisation du temps de travail des personnels médicaux. La CTC note en effet "une très forte augmentation du poste des gardes et astreintes sur la période de 2005 à 2012". Ceci est dû en partie "à la forte revalorisation des régimes des gardes et astreintes" par une délibération de 2006. "Le doublement de la rémunération des gardes a eu un impact d’autant plus fort que le temps d’activité médicale est organisé selon le principe de la journée continue (…) soit de 7h30 à 15h30 du lundi au jeudi, de 7h30 à 14h30 le vendredi et de 7h30 à 11h30 le samedi. (…) Ainsi, c’est deux tiers du temps de l’activité hospitalière qui est couverte par le régime des gardes et astreintes contre un tiers seulement qui est considérée comme de l’activité normale. Cette situation est atypique et coûte désormais d’autant plus cher que l’indemnisation des gardes a été multipliée par deux", estime la CTC. Cette organisation est même selon les auteurs du rapport "contraire aux dispositions qui régissent le statut du cadre d’emploi des praticiens hospitaliers de la fonction publique de la Polynésie française" et "Particulièrement onéreuse compte tenu de la forte rémunération des gardes, le mode d’organisation du temps de travail médical en journée continue ne peut perdurer, insiste la Chambre.

Le Swac, une solution pour faire des économies

Un rapport d’un bureau d’études agréé par l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie indique que "le centre hospitalier dispose d’un potentiel d’économie énergétique et financière considérable, dû à des défauts de conception et de fonctionnement de certains équipements et à des consignes de fonctionnement parfois inutilement exigeantes dans un contexte de cours de l’énergie très élevée ». L’une des solutions pour faire des économies importantes est le Swac. Ce système permettait des économies « de l’ordre de 150 à 420 millions Fcfp" par an, avance la CTC.
Le Swac (climatisation à l'eau naturellement froide) consiste à aller puiser de l’eau en grande profondeur (environ 1 000 m pour une température de 4 degrés) pour assurer par l’intermédiaire d’un échangeur les besoins en frigorifies du CHPF. Le CHPF est en plus idéalement situé pour cette technique puisqu’il est près d’une passe et d’un tombant sous-marin. L’investissement est estimé par la chambre territoriale des comptes à 3 milliards de Fcfp.

Rédigé par Mélanie Thomas le Dimanche 19 Octobre 2014 à 18:56 | Lu 2078 fois