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San Bernardino a nouveau frappée par la violence, cette fois dans une école


San Bernardino, Etats-Unis | AFP | lundi 10/04/2017 - Un enfant et une enseignante tués: un peu plus d'un an après l'un des pires attentats récents aux Etats-Unis, la ville de San Bernardino, en Californie, est de nouveau frappée par la violence, cette fois-ci dans une école primaire.

"J'ai vu du sang qui giclait sur le mur, j'ai couru aussi vite que j'ai pu, j'ai perdu une chaussure", raconte Brooklyn Johnson, élève de CE1 de l'école élémentaire North Park.

Elle était en classe lundi quand son enseignante de 53 ans, Karen Smith, a été tuée par son mari, dont elle était séparée. L'homme également âgé de 53 ans, Cedric Anderson, a ouvert le feu, touchant mortellement un élève et en blessant un autre avant de retourner son arme contre lui-même.

La police parle d'un meurtre suivi d'un suicide: un "homme a succombé à une blessure par balle qu'il s'est infligé" vers 10H30 locales (17H30 GMT), a précisé le lieutenant Mike Madden lors d'une conférence de presse.

En fin d'après-midi, la police a annoncé que "deux adultes et un enfant étaient confirmés décédés". "Un enfant est dans un état grave mais stable", et est hospitalisé.

"J'aimais beaucoup cette maîtresse, mademoiselle Smith", ajoute avec calme Brooklyn, 7 ans, tenue serrée dans les bras de sa mère. "Elle est autiste, elle a une manière différente de réagir" aux événements, explique cette dernière, Keely Hughes.

- Enfants handicapés -
Elle explique que le tragique incident est survenu dans une classe pour enfants à handicaps ou nécessitant une prise en charge spéciale.

Keely Hughes a dû attendre plus de trois heures interminables avant d'être assurée que sa fille ne faisait pas partie des victimes: "J'ai beaucoup pleuré, je suis heureuse qu'elle aille bien".

Les élèves qui n'étaient pas blessés avaient été emmenés sur le campus d'une université voisine.

Peter Mejia, 11 ans, était en plein test de mathématiques quand il a entendu "tac! tac! tac!". Puis il a commencé à avoir "vraiment peur quand des équipes d'intervention d'urgence de la police sont arrivées et (les) ont fait sortir". "On a dû marcher avec nos mains en l'air", raconte-t-il.

Quatre heures après, il se sentait sonné quand sa mère, en état de choc, est venue le chercher. Les yeux rougis et le regard hagard, elle estime que ce type d'incidents peut désormais "arriver partout".

La plupart des parents ont appris l'incident par des collègues ou des proches. Paniqués, ils ont dû attendre de longues heures agonisantes avant d'avoir la certitude que leur enfant ne faisait pas partie des victimes.

"J'ai couru jusqu'à l'école, je suis passé devant le cordon de police sans m'arrêter", raconte Tyron Edward, père d'une fille de 7 ans de l'école North Park.

Pendant ce temps, les enfants étaient rassemblés dans un gymnase, où on leur a offert des bâtons fluorescents et projeté "La Reine des neige" pour les distraire.

- Attentat -
L'événement a réveillé les souvenirs de l'attentat d'inspiration islamiste dont San Bernardino a été le théâtre le 2 décembre 2015.

A l'époque, un couple lourdement armé composé d'un Américain et son épouse pakistanaise avait ouvert le feu à l'occasion d'un repas de fin d'année organisé pour des personnels de santé du comté, au coeur de cette ville californienne située une heure à l'est de Los Angeles.

La fusillade avait fait 14 morts et 21 blessés. Le groupe jihadiste Etat islamique n'avait pas directement revendiqué l'action du jeune couple radicalisé mais avait salué les auteurs de ce massacre, les qualifiant de "soldats" de son califat autoproclamé.

Depuis, la fusillade dans un club gay d'Orlando en Floride en juin 2016 est devenue le pire attentat - celui-ci revendiqué par l'EI - aux Etats-Unis depuis les attaques sur New York et le Pentagone le 11 septembre 2001.

La ville de l'ouest américain ne s'est jamais vraiment relevée de cet acte qui avait choqué l'Amérique. L'année suivante, en 2016, le taux de meurtres y a grimpé de 41%, atteignant son record depuis 1995, en grande partie lié à la drogue et aussi parce que la municipalité peine à se remettre d'une faillite et a dû tailler dans les effectifs de la police.

ved/sha

Rédigé par () le Mardi 11 Avril 2017 à 06:03 | Lu 245 fois