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SNCF: la grève reste très suivie alors que la réforme arrive à l'Assemblée


Paris, France | AFP | lundi 09/04/2018 - Le bras de fer ferroviaire se poursuit lundi, au quatrième jour d'une grève toujours très suivie,  alors que débute à l'Assemblée nationale l'examen de la réforme que le gouvernement entend mener "jusqu'au bout", malgré l'opposition des syndicats et de la gauche.

Un quart des cheminots (24,9%) inscrit au planning lundi était en grève en milieu de matinée, contre 29,7% le 4 avril au deuxième jour de grève, selon les chiffres de la SNCF. Mais les conducteurs (75% de grévistes, contre 74% la semaine passée) et les contrôleurs (71%, contre 77%) restaient très mobilisés, les aiguilleurs dans une moindre mesure (35%, contre 46%).
Par conséquent, le trafic reste "très perturbé" avec un TGV sur cinq, un Transilien et un TER sur trois et un Intercités sur six en circulation. Le trafic routier a été touché par ricochet dans la matinée en Ile-de-France.
L'exécutif ira "jusqu'au bout" de son projet, a assuré Édouard Philippe dimanche, estimant que les grandes lignes de la réforme n'étaient "pas négociables", la discussion n'étant possible que sur ses "modalités".
"Pour mener une réforme comme celle-là, on ne peut pas compter sur la négociation", a appuyé le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy (LREM), en visant une CGT qui "a toujours refusé de négocier".

- "Face à un mur" -

 
"Personne ne veut d'un conflit dur qui dure mais pour l'instant, on est face à un mur" et les cheminots n'ont "aucun" autre choix que la grève, a répliqué le leader de la CGT, Philippe Martinez, lundi sur Europe 1.
Son homologue de la CFDT, Laurent Berger, s'est inquiété sur France Inter d'une guerre des mots où "chacun montre ses muscles de chaque côté", alors que "pour l'instant ce dont on a besoin, c'est pas tant de communication que de discussion et de négociation".
Face à cette situation bloquée, et alors que le conflit a déjà coûté "une centaine de millions d'euros", selon le patron de la SNCF Guillaume Pepy, le président Emmanuel Macron va entrer dans l'arène jeudi, dans le journal de 13H de TF1.
Avant cela, l'examen en séance plénière du projet de "nouveau pacte ferroviaire" débute lundi à 16h00 à l'Assemblée nationale. 
Avec la concertation, le ministère des Transports "a occupé le terrain pour jouer la montre et maintenant on est devant le fait accompli" avec le début du débat parlementaire, a estimé auprès de l'AFP Roger Dillenseger (Unsa-ferroviaire). Le gouvernement "se limite à gagner du temps", jusqu'à ce que le passage à l'Assemblée soit terminé, abonde Erik Meyer (SUD-Rail). 
"Arrivé le 17 (avril) au soir", date du vote, "quand on aura avalé l'ouverture à la concurrence, il ne restera plus que les modalités à négocier", dit-il. 
Avant un rassemblement prévu en début d'après-midi aux abords du Palais Bourbon, entre 250 et 300 cheminots se sont rassemblés dans la matinée à Lille devant le siège de la région Hauts-de-France. Plus tôt, dans cette même ville, des cheminots et étudiants avaient mis en place un barrage filtrant des bus Ouibus et Flexibus partant vers Paris et Bruxelles pour les retarder. Un rassemblement a aussi eu lieu à Marseille.
"Ce qui est à l'œuvre dans cette réforme, c'est l'ouverture à la concurrence pour plaire aux directives européennes", a dit le député LFI Adrien Quatennens, présent au rassemblement lillois. Il a dénoncé "de l'idéologie pure".
A l'Assemblée, communistes et Insoumis ont déposé de nombreux amendements pour le maintien du statut pour les nouveaux embauchés. Outre la fin des recrutements au statut, grévistes et partis de gauche déplorent la volonté du gouvernement de transformer la SNCF en société anonyme à capitaux publics et d'ouvrir le secteur ferroviaire à la concurrence.

- Solidarité... ou pas -

 
Les opposants à la réforme s'inquiètent d'une privatisation à terme de la SNCF. "Fantasme", leur répond la ministre des Transports.
Élisabeth Borne estime avoir déjà fait des concessions, notamment concernant les cheminots qui changeraient d'employeur en cas de perte d'un marché par la SNCF. Ils conserveraient "la garantie de l'emploi, la retraite, la rémunération...".
En principe, la grève devrait se mettre en pause mardi matin, pour reprendre jeudi soir. Mais SUD-Rail plaide toujours pour un mouvement reconductible chaque jour au lieu de la grève deux jours sur cinq décidée par l'intersyndicale.
Pour l'heure, la SNCF prévoit un retour à un trafic "quasi normal dans l'après-midi" de mardi.
Une cagnotte de soutien aux grévistes, lancée par une trentaine d'intellectuels de gauche, avait dépassé lundi matin la barre des 500.000 euros collectés. "Plus il y a de solidarité, plus ça montre que ce combat est juste", a commenté M. Martinez.

le Lundi 9 Avril 2018 à 03:38 | Lu 137 fois