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S&P: Le Pays espère un relèvement de sa note souveraine, fin 2014


Nuihau Laurey, ministre des Finances en charge du Budget.
Nuihau Laurey, ministre des Finances en charge du Budget.
L’agence de notation Standard & Poor's confirme la note BB+ de référence à long terme de la Polynésie française. Une légère amélioration s'opère sur la perspective qui est désormais positive alors qu’elle avait été qualifiée de stable, lors de l’évaluation rendue en juillet dernier.

Cette appréciation tient compte des diverses réformes engagée par le Pays durant le deuxième semestre 2013. Elle pose une hypothèse d'amélioration de la situation financière de la collectivité en 2014 avec un accès "normal" à la liquidité sur les marchés et un soutien de l'Etat au financement du plan de départs volontaires dans l'administration (800 agents de catégorie C et D à l'horizon 2015) ainsi qu'un retour pérenne de l'effort de solidarité nationale dans le financement du Régime de solidarité de la Caisse de prévoyance sociale. Le Pays espère sur ce dernier point une dotation annuelle de 3,5 milliards Fcfp, c'est à dire le rétablissement de l'aide de solidarité interrompue depuis 2007.

L'agence a rendu son analyse quelques jours après la confirmation de l'avance de trésorerie de 5 milliards Fcfp accordé par l'Etat à la Polynésie française et alors que le Pays s’apprête à adopter un budget 2014 présenté comme "sincère" et "de rigueur".

Standard & Poor's confirme la note BB+ de la Polynésie française. De Stable la perspective évolue à Positive. Cette appréciation est-elle à la hauteur des attentes du Pays ?

Nuihau Laurey : Absolument. Le relèvement de la perspective est très important. Ils ont pris en compte toutes les mesures prises depuis juillet dernier (…). Standards & Poors relève l’appréciation dès lors que toutes les prévisions qui ont été faites se trouvent vérifiées, à l’exécution du budget. Nous espérons donc à la fin de l’exercice 2014 un relèvement de la note souveraine à BBB-.

L’hypothèse table notamment sur le soutien de l’Etat au plan de départ volontaire et "pérenne" au financement du RSPF, dès 2014. Qu’en est-il de tout cela ?

Nuihau Laurey : La mission IGAS (Inspection générale des affaires sociales, ndlr) arrive dans les jours qui viennent (7 décembre, ndlr). Elle rendra son rapport en janvier. Je pense qu’à l’examen des chiffres il sera difficile de ne pas constater que la solidarité nationale est essentielle, dans ce domaine. La Polynésie ne dispose plus depuis 2007 de cette solidarité nationale pour le financement du RSPF. Dans le même temps, le gouvernement proposera aux partenaires sociaux un certain nombre de mesures pour rétablir la situation des comptes sociaux. C’est donc tout ce travail qui est mené et qui se poursuit. La première étape était l’avance de trésorerie. C’est fait. La deuxième c’est le rapport de l’IGAS. Et la troisième, la participation solidaire de l’Etat au RSPF et au plan de départ volontaire dans l’administration.

Qu’implique cette note BB+ quant à un accès "normal" du Pays à la liquidité externe, en 2014 sur le marché obligataire ou bancaire ?

Nuihau Laurey : Normal, ça veut dire une situation de trésorerie saine : la capacité pour le Pays de payer ses factures à bonne date, un endettement maîtrisé, un budget de fonctionnement qui permet de dégager un excédent pour financer une partie des investissements … C’est le fonctionnement normal d'une collectivité saine. Et l’accès aux liquidités se fait sur cette base : si votre situation financière est déséquilibrée, les organismes qui sont en capacité de vous prêter de l’argent, le font à un taux plus élevé voire hésitent à le faire. Et la notation illustre cette situation financière. Nous sommes actuellement noté BB+ c'est-à-dire comme une placement spéculatif. Certaines entités qui sont en capacité de nous prêter ne le font pas parce qu’elles n’ont pas confiance en nous.

S&P annonce un possible relèvement de la note à BBB- sous réserve de performance budgétaires accrues avec un taux de couverture de la dette supérieur à 40%, contre 35% aujourd’hui.

Nuihau Laurey : Ce qui est important c’est le montant de l’endettement rapporté au PIB. Le notre est faible. Nous sommes aux alentours de 18% aujourd’hui. En France actuellement, c’est de l’ordre de 90%. Donc, nous ne sommes pas surendetté. Par contre, le fait d’avoir perdu au cours des 10 dernières années près de 30 milliards de recettes fiscales met notre budget en incapacité de payer, au travers d’excédents, la part en capital liée à la dette. C’est cette situation qui est problématique. Au travers de la réforme fiscale, nous retrouvons une partie de cette capacité. Au travers de la relance de l’acticité économique, nous allons retrouver d’autant plus de capacité. Dès lors qu’un excédent budgétaire permettra de financer la part en capital, les choses deviendront plus simples. Le projet de budget 2014 va dans ce sens.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 15 Novembre 2013 à 17:57 | Lu 1342 fois