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Retraites: réunions sur le financement à Matignon pour arracher un compromis


Paris, France | AFP | vendredi 10/01/2020 - Confronté à cinq semaines de grève, le gouvernement a dévoilé les projets de loi portant sa réforme des retraites, qui comporte l'âge pivot tant décrié, au cœur de réunions vendredi à Matignon pour arracher un compromis sur le financement du système.

Pour tenter de sortir de l'impasse, le Premier ministre Edouard Philippe recevait à Matignon, depuis 8H30, les organisations syndicales et patronales à tour de rôle afin de discuter de l'équilibre du système.
L'exécutif répond ainsi à l'idée de "conférence de financement" suggérée par la CFDT. Le premier syndicat de France est favorable au principe d'un régime "universel" par points mais braqué sur l'âge pivot que le gouvernement veut fixer en 2027 à 64 ans et assortir d'un bonus-malus, afin d'inciter les Français à travailler plus longtemps.
Cet âge d'équilibre, unanimement rejeté par les syndicats, est mentionné au moins 39 fois dans le projet de loi, transmis tard jeudi soir par l'exécutif aux partenaires sociaux et qui sera présenté en Conseil des ministres le 24 janvier.
"Je ne sais pas si on va (devoir) le dire 39 fois mais il faudra qu'il soit retiré", a ironisé à son arrivée à Matignon Laurent Escure (Unsa). A sa sortie, le secrétaire général a dit espérer le retrait de ce seuil "dans les prochaines heures".

- Règle d'or et âge d'équilibre -

 
"Notre détermination reste intacte", a affirmé à l'issue de sa rencontre Yves Veyrier, le secrétaire général de Force ouvrière, qui réclame le retrait pur et simple de la réforme.
Son homologue de la CGT Philippe Martinez a également "redit son désaccord" dans une courte allocation au sortir de Matignon, se disant "pressé" d'aller remettre au siège de la CGT "un demi-million d'euros aux grévistes".
"Si on disait non (à un âge pivot), il n'y aurait qu'une seule solution: refiler la patate chaude aux générations montantes en augmentant les cotisations", a toutefois nuancé François Asselin, président de la CPME.
Les deux projets de loi - l'un organique, l'autre ordinaire -, adressés jeudi soir aux caisses de Sécurité sociale et dont l'AFP a obtenu copie, gravent dans le marbre de la loi une règle "obligeant" à prévoir l'équilibre financier du futur système "universel" de retraite par points et l'"âge d'équilibre".
Cet âge pivot sera instauré dès 2022, à moins d'une "délibération" différente avant septembre 2021 entre partenaires sociaux siégeant au sein de la future caisse nationale de retraite universelle, qui sera créée le 1er décembre 2020.
L'Etat s'engage aussi, comme l'avait promis le gouvernement, à revaloriser les traitements des enseignants et des chercheurs, que la réforme des retraites pourrait pénaliser.
Les mesures contenues dans les deux textes de loi ne sont pas de nature à amadouer les syndicats qui exigent le retrait pur et simple de la réforme, CGT et FO en tête.
Ils ont rassemblé jeudi 452.000 manifestants dans toute la France, selon le ministère de l'Intérieur, dont 56.000 dans la capitale.
Une mobilisation supérieure à celle du 10 décembre, mais en deçà de celles du 17 et surtout du 5 décembre, au premier jour du mouvement, d'après les autorités.
Mais l'intersyndicale a peiné jeudi soir à donner une suite à son mouvement. Après plus de quatre heures de réunion, elle a exprimé le souhait de faire de mardi 14 janvier une "journée de grève et de convergence interprofessionnelle", et annoncé des "initiatives déclinées sous toutes les formes" mercredi 15 et jeudi 16, en espérant des "manifestations massives" auparavant, samedi 11.

- "Belloubet démission" -  

 
Plusieurs professions restaient mobilisées vendredi.
Dans les raffineries, des assemblées générales se tiennent pour décider la suite du mouvement après le blocage des expéditions de 96 heures du 7 au 10 janvier. "A minima on s'oriente vers la poursuite de l'arrêt des expéditions", a indiqué à l'AFP Emmanuel Lépine de la branche pétrole de la CGT.
A Paris, plusieurs centaines d'avocats ont manifesté au Palais de justice, jetant leur robe noire et appelant à la démission la ministre de la Justice Nicole Belloubet qui se trouvait à quelques dizaines de mètres d'eux. 
Le trafic ferroviaire était encore une fois perturbé vendredi à la SNCF, où près d'un conducteur sur deux était en grève au 37e jour de mobilisation.
En moyenne, 60% de TER et 80% de TGV étaient en circulation, et en région parisienne environ trois Transilien sur cinq et un RER A et B sur deux en moyenne. 
A la RATP, le service de métro demeurait également très perturbé, la plupart des lignes étant ouvertes partiellement ou seulement aux heures de pointe.  
Le trafic était aussi perturbé à Marseille ou Nantes suite à divers blocages. Au Havre, la zone industrialo-portuaire, qui regroupe 1.200 entreprises dont des sites classés Seveso, était également bloquée dans la matinée.

le Vendredi 10 Janvier 2020 à 05:10 | Lu 238 fois