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Retraites: les partenaires sociaux reçus à Matignon pour l'acte II de la concertation


Paris, France | AFP | jeudi 05/09/2019 - Le deuxième cycle de concertation sur le futur "système universel" de retraites a débuté jeudi à Matignon, où les premiers syndicats reçus ont rappelé leurs positions en attendant que le gouvernement précise le calendrier et la méthode de cette réforme hautement inflammable.

Déjà consultées pendant 18 mois par le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye, dix organisations syndicales et patronales sont reçues jeudi et vendredi par le Premier ministre, Édouard Philippe.
"C'est la traduction de la volonté du président (Emmanuel Macron) de pouvoir approfondir le dialogue avec les partenaires sociaux et les citoyens", a expliqué à la mi-journée M. Delevoye, entré mardi au gouvernement et présent durant ces entretiens, tout comme la ministre des Solidarités, Agnès Buzyn.
Force ouvrière a ouvert le bal à 10H30. Après plus d'une heure d'entretien, "nous n'avons pas eu de précision sur le type de concertation" souhaité par l'exécutif, a indiqué son secrétaire général, Yves Veyrier, mais "nous avons bien l'intention d'aller expliquer les raisons pour lesquelles nous sommes opposés" à cette réforme.
"Le problème de départ, c'est le choix (...) d'un régime unique par points" qui sera "de facto entre les mains des gouvernements" successifs, a-t-il expliqué.
"On retrouve quand même des choses qui sont positives" dans le rapport remis par le haut commissaire mi-juillet, a nuancé Philippe Louis, numéro un de la CFTC, jugeant toutefois qu'"il y a énormément de travail à faire" pour "passer au concret".
La concertation sa poursuivait avec la CFDT, dont le secrétaire général Laurent Berger est arrivé peu avant 14H30. Le Medef puis la FNSEA étaient attendus plus tard dans l'après-midi. Vendredi, ce sera au tour de l'U2P, l'Unsa, la CGT, la CFE-CGC et enfin la CPME.
Le Premier ministre a prévenu mercredi que "la méthode et le calendrier de la réforme" ne seront précisés que "dans le courant de la semaine prochaine".
Un projet de loi sera "présenté dans le courant de l'année 2020 (...) avant ou après les municipales", s'est contentée d'indiquer la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye sur France Inter.
Les discussions s'appuieront sur le rapport de M. Delevoye, qui préconise un "système universel" par points remplaçant les 42 régimes existants et un âge de départ de 64 ans pour bénéficier d'une retraite à taux plein.
Mais, dans un revirement inattendu, Emmanuel Macron a indiqué fin août sa préférence pour une modulation de la durée de cotisation plutôt que de l'âge de départ. 
 

- Équilibre financier -

 
Une main tendue à la CFDT, seul syndicat favorable à un "système universel" mais opposé à la mise en place d'une borne d'âge collective.
"Ni confiant, ni défiant" mais "mobilisé", son secrétaire général, Laurent Berger, a redit à l'antenne de Sud Radio que le gouvernement faisait "une erreur" en visant l'équilibre financier du système à l'horizon 2025, date d'entrée en vigueur de la réforme. "Ce n'est pas le sujet", a-t-il expliqué, défendant des comptes "quasiment à l'équilibre".
Afin de réaliser des économies, le gouvernement a envisagé d'accélérer dès 2020, via le budget de la Sécu, l'augmentation de la durée de cotisation, qui atteindra 43 ans en 2035 en vertu de la loi Touraine. Il y a renoncé pour ne pas parasiter la réforme.
Mercredi, Agnès Buzyn a précisé que "s'il devait y avoir la moindre mesure pour le retour à l'équilibre", elle figurerait "dans la loi qui concerne le nouveau système".
"Pour que la réforme soit acceptée, il faudra qu'elle soit équitable", a prévenu Laurent Escure (Unsa) dans un entretien aux Echos. Pour lui, "revenir à la durée de cotisation" serait "une double peine pour notamment de nombreuses femmes".
Opposé au projet, Philippe Martinez (CGT) estime dans Libération qu'il vaudrait mieux faire "évoluer" le système actuel, "le plus juste au monde, basé sur la solidarité".
En attendant, la fronde prend forme: les deux syndicats ont prévu des mobilisations, le 21 septembre pour FO, le 24 pour la CGT. Les agents de la RATP sont appelés à la grève le 13 septembre, tandis que certains avocats, médecins ou encore infirmières libérales défendront leurs régimes spécifiques dans la rue le 16.

le Jeudi 5 Septembre 2019 à 05:26 | Lu 199 fois