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Retraites: l'exécutif confronté à une nouvelle épreuve de force mardi


Paris, France | AFP | vendredi 06/12/2019 - La grève se poursuivait vendredi notamment dans les transports et les syndicats, ragaillardis par la mobilisation massive de jeudi, ont décidé d'une nouvelle grève le 10 décembre pour obtenir d'éventuelles concessions de l'exécutif.

Tous les partenaires sociaux vont être reçus lundi par la ministre des Solidarités Agnès Buzyn et par le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye, a annoncé Mme Buzyn en affirmant que la "colère des Français" a été "entendue".
L'intersyndicale CGT, FO, Solidaires, FSU et trois organisations de jeunesse ont appelé vendredi à une grève interprofessionnelle le mardi 10 décembre, avec une nouvelle intersyndicale le soir même pour "décider de la suite".
"Nous sommes déterminés, ce n'est pas un mouvement d'humeur de quelque jours", a assuré Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, première fédération chez les enseignants, profession particulièrement remontée et présente dans les cortèges jeudi. 
Beaucoup de profs étaient néanmoins retournés en salle de cours vendredi avant une nouvelle journée de grève prévue mardi. Le taux de grévistes était de 4,55% dans le primaire et de 5,42% dans le secondaire (collèges et lycées), selon le ministère. 
Exhortés à s'exprimer par les syndicats - y compris la CFDT qui n'appelle pas à la grève et est favorable au régime universel-, l'exécutif n'a pas vraiment modifié son calendrier ni changé de stratégie. 
Agnès Buzyn a indiqué que le Premier ministre Édouard Philippe communiquerait "en fin de semaine prochaine". 
Au lendemain d'une mobilisation qui a vu au moins 800.000 personnes, selon l'Intérieur, manifester en France et des secteurs entiers tourner au ralenti pour protester contre ce futur "système universel" de retraite par points, les responsables syndicaux à l'initiative du mouvement se montraient satisfaits. 
 

- "On s'installe dans la durée" -

 
"Il y avait beaucoup de personnes en grève, il faut que ça augmente encore si on veut peser sur les décisions, il faut généraliser les grèves dans toutes les entreprises", a déclaré le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
"Ce qui est important, c'est que lundi la question de la mobilisation soit maintenue, y compris dans la grève parce que l'expérience passée nous l'a démontré, ça ne suffirait pas de donner quelques rendez-vous comme ça", a renchéri Yves Veyrier, son homologue de FO. 
Fait marquant selon eux deux, l'ampleur de "l'adhésion" à la contestation qui a touché les transports, l'éducation, la police, la justice mais aussi les entreprises privées. Ou encore les raffineries: au moins quatre (La Mède, Lavera, GrandPuits et Gonfreville) étaient de nouveau bloquées vendredi, selon la CGT.
Dans l'ouest de la France, très mobilisé jeudi, la mobilisation s'est poursuivie. A Rennes, un cortège syndical de 2 à 300 personnes a commencé à défiler. Au Havre, fief du Premier ministre, 300 manifestants ont bloqué un rond point dans la matinée dans une action organisée par la CGT et FO, tandis qu'un action de blocage du tramway a eu lieu à Rouen. 
"On s'installe dans la durée et on prend contact avec nos homologues de Belgique, d'Italie et d'Espagne pour éviter que des approvisionnements viennent de l'extérieur", a expliqué Emmanuel Lépine de la CGT Chimie. 
Dans le secteur de l'énergie, les grèves reconduites vendredi auront surtout pour objectif de "préparer le temps fort de mardi", a indiqué à l'AFP Sébastien Menesplier de la CGT Énergie. 
Deux syndicats, Alliance et Unsa Police, ont appelé leurs troupes "à continuer le service minimum" et "à se tenir prêts à toutes autres actions" pour défendre leur régime spécifique de retraite.
La situation dans les transports restait extrêmement perturbée. A Paris, la reconduction du mouvement à la RATP a été votée jusqu'à lundi et neuf lignes de métro restaient fermées, même si une légère amélioration était constatée.
Côté SNCF, en Île-de-France, un train sur cinq circule. Près d'un tiers des cheminots étaient en grève vendredi, 87,2% des conducteurs, selon la direction. 
 

- Cheminots en intersyndicale -

 
Les nerfs des usagers des transports publics étaient parfois mis à rude épreuve.
"C'est un cauchemar, les gens sont encore plus fous que d'habitude. En arrivant à Gare du Nord, ils ne nous laissaient pas descendre", a commenté Lola, dans le RER B. 
Sur la France, 90% de TGV et 70% de TER ont été annulés selon la direction. Le taux de grévistes au sein de la compagnie ferroviaire avait atteint 55,6% jeudi, du jamais vu depuis 2007. Les trois syndicats représentatifs ayant appelé ensemble à la grève illimitée, la CGT-Cheminots, l'Unsa ferroviaire et SUD-Rail, se réuniront de nouveau samedi à 10H00 au siège de la CGT.
Les routes de l'agglomération parisienne totalisaient plus de 210 km de bouchons à la mi-journée après un pic dans la matinée. 
Air France a annoncé l'annulation vendredi de 30% de ses vols intérieurs et 10% de ses moyen-courriers, EasyJet, Transavia et Ryanair laissant également des avions au sol. Les compagnies aériennes ont été priées de réduire de 20% leur programme. 
A l'origine de la colère: le "système universel" de retraite par points censé remplacer à partir de 2025 les 42 régimes de retraites existants (général, des fonctionnaires, privés, spéciaux, autonomes, complémentaires). 
L'exécutif promet un dispositif "plus juste", quand les opposants redoutent une "précarisation" des retraités. Côté syndicats, seule la CFDT continue de soutenir l'idée d'un régime "universel".

le Vendredi 6 Décembre 2019 à 04:45 | Lu 297 fois