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Retraites: grande réunion à Matignon au 15e jour de grève, trêve incertaine


Paris, France | AFP | jeudi 19/12/2019 - La mobilisation contre la réforme des retraites est entrée jeudi dans sa troisième semaine et l'incertitude régnait sur un éventuel compromis du gouvernement, qui reçoit le bloc des partenaires sociaux, et le sort des trains pendant les vacances de Noël. 

Au 15e jour d'une grève illimitée, malgré un léger mieux, les difficultés continuent pour les usagers de la RATP et de la SNCF, qui doit dire dans la journée quels trains circuleront les 23 et 24 décembre.
Jeudi, la SNCF enregistrait une baisse du taux de grévistes, descendu à 11,7% contre 13,6% la veille, et 60,5% des conducteurs après 65,6% mercredi. Résultat: deux TGV sur 5 (contre 1 sur 3 mercredi), 4 TER sur 10 et un Transilien sur 4 étaient prévus. Côté RATP, la situation était "conforme" à celle annoncée avec six lignes de métro totalement fermées.
Plusieurs cortèges étaient organisés dans toute la France. A Rouen, entre 1.100 personnes selon la police et 3.000 selon la CGT ont défilé. "On ne veut pas être esclave. On ne négociera pas sur le poids des chaînes et du boulet. Il n'y aura pas de trêve ! On lâchera rien !", a déclaré Fabrice Lerestif, secrétaire FO 35, au départ de la manifestation rennaise, qui a réuni 1.300 à 2.000 personnes selon les sources. Un millier de personnes ont défilé à Marseille, selon la préfecture de police.
A Paris, plusieurs centaines étaient réunies en début d'après-midi gare de Lyon, avant de rejoindre la gare de l'Est, a constaté un journaliste de l'AFP. "On rentre dans le dur de la mobilisation juste avant les fêtes. Il faut montrer qu'on ne lâchera pas", expliquait Sophie, professeur. Parmi les pancartes: "quand est-ce que tu vas mettre des paillettes dans nos retraites, Manu?". 

- Actions locales -

 
Outre la journée de jeudi, la CGT, Force ouvrière, la CFE-CGC, Solidaires et la FSU, qui réclament le retrait pur et simple du projet de système universel de retraite à points, ont appelé à des actions locales jusqu'à fin décembre.
A Val-de-Reuil (Eure), la CGT a bloqué une plateforme Coliposte avec des grévistes de Solidaires et des "gilets jaunes". Le port du Havre restait sans activité en raison d'une grève des remorqueurs.
Dans les raffineries, la grève qui paralyse les expéditions de carburant de la raffinerie Total de la Mède depuis le 5 décembre se poursuivait, selon un représentant syndical.
Des coupures d'électricité ont eu lieu dans une zone commerciale près de Marseille ainsi que dans les Pyrénées-Orientales et dans l'Aude, où elles affectaient plusieurs milliers de foyers, selon le gestionnaire Enedis. La veille, le gouvernement avait dénoncé des coupures d'électricité revendiquées par la CGT.
Certains secteurs d'activités commençaient à souffrir de la grève, notamment le commerce parisien avec des baisses de chiffre d'affaire de 25% à 30% la semaine dernière, selon Procos, la fédération du commerce spécialisé.

- Multilatérale -

 
Mais c'est Matignon qui continue d'attirer tous les regards. Après avoir reçu les organisations syndicales et patronales les unes après les autres mercredi, le Premier ministre les réunit ensemble à 16H30. Édouard Philippe indiquera-t-il la porte d'une sortie de crise? En tout cas, il devrait prendre la parole après cette réunion.
Plus tard dans la soirée, il doit recevoir les patrons de la SNCF Jean-Pierre Farandou et de la RATP Catherine Guillouard.
"On a compris que sa détermination était complète, la nôtre l'est aussi", a lâché le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, mercredi.
"On est très, très loin, encore, d'être d'accord", avait résumé un peu plus tôt le numéro un de la CFDT, Laurent Berger. Globalement favorable à la réforme mais toujours opposé à l'âge d'équilibre, assorti d'un bonus-malus dès 2022 pour inciter à travailler plus longtemps et équilibrer les comptes, il a prévenu jeudi sur Europe 1 qu'"en janvier, s'il n'y a pas d'avancée, la CFDT continuera(it) de se mobiliser". 
Le camp réformiste a cependant senti "une volonté de discussion". Laurent Escure (Unsa) a noté "des ouvertures" sur "la pénibilité, les fins de carrière, le minimum de pension".
Solidaires et la FSU ont regretté de ne pas avoir été invités à Matignon, contrairement à l'Unsa qui n'est pas non plus représentatif.
Le Medef n'était "pas du tout demandeur de cette réforme", a rappelé jeudi son président Geoffroy Roux de Bézieux.
Plus de six Français sur dix (61%) n'approuvent pas la création d'un âge d'équilibre à 64 ans selon un sondage Ifop pour CNews et Sud Radio publié jeudi.
Édouard Philippe est en première ligne, au côté de Laurent Pietraszewski. Le nouveau "M. retraites" du gouvernement a mis jeudi en ligne un "simulateur" permettant à chacun de savoir s'il sera concerné ou pas par le futur système.  
Emmanuel Macron, pour sa part, surveille le devenir d'une réforme-clé de son quinquennat sans s'exprimer directement. Il a tout de même fait savoir qu'il était "disposé" à "améliorer" le projet, qui doit être transmis au Conseil d'État avant Noël et présenté en Conseil des ministres le 22 janvier.
Le chef de l'État s'est fixé pour "objectif d'obtenir une pause du mouvement social pendant les fêtes", selon l'Élysée.
En assemblée générale, les grévistes parlent plutôt de "lutte de Noël". A mesure que "les jours passent", a prévenu le leader de la CGT, Philippe Martinez, "la colère peut se transformer en plus de colère". 

le Jeudi 19 Décembre 2019 à 05:14 | Lu 238 fois