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Retraites: des centaines de milliers de personnes dans la rue à l'appel de tous les syndicats


Paris, France | AFP | mardi 17/12/2019 - Des dizaines de milliers de personnes manifestaient mardi contre la réforme des retraites, pour la première fois à l'appel de l'ensemble des syndicats, d'ores et déjà invités à Matignon mercredi pour des discussions afin de trouver le chemin d'une sortie de crise avant Noël.

Plus de 200.000 manifestants étaient comptabilisés en début d'après-midi dans une quarantaine de cortèges, selon des chiffres de la police et des préfectures comptabilisés par l'AFP.
Cheminots, enseignants, fonctionnaires, avocats, magistrats en grève, mais aussi des soignants mobilisés qui réclament davantage de moyens pour l'hôpital: salariés du public et du privé gonflaient les rangs des manifestations en cette nouvelle journée interprofessionnelle de protestation contre l'instauration d'un système universel de retraites par points.
A Paris, la manifestation s'est ébranlée vers 14H00 de la place de la République vers celle de la Nation. "Services publics à l'agonie, Retraitez nous bien", ou "on révolte ceux que l'on saigne", pouvait-on lire sur les pancartes.  
"La journée ça y est, c'est un franc succès", a estimé le leader de la CGT, Philippe Martinez, soulignant que "malgré les tentatives de division du gouvernement, la population reste mobilisée".
La CGT, FO, la CFE-CGC, Solidaires et la FSU marchent pour réclamer le retrait pur et simple du projet. Ces organisations se réuniront dans la soirée pour décider de la suite du mouvement.
Dans les mêmes cortèges mais derrière leurs propres banderoles, la CFDT, la CFTC et l'Unsa défilent pour améliorer le contenu du projet de fusion des 42 régimes existants en un système universel. Et surtout pour refuser l'introduction dès 2022 d'un "âge d'équilibre" qui doit atteindre 64 ans en 2027 afin de favoriser l'équilibre des comptes grâce à un dispositif de bonus-malus.
"Il faut que tous ceux qui portent une réforme juste et équitable soient dans la rue pour montrer que nous ne voulons pas de cet âge d'équilibre qui est terriblement injuste, qui va concerner d'abord ceux qui ont commencé à travailler tôt", a déclaré à Paris le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui s'est éclipsé dès avant le départ de la manifestation. 
Peu après, l'ambiance s'est brusquement tendue, la police faisant usage de grenades de désencerclement, selon des journalistes de l'AFP. A 13H00, la police avait procédé à 1.326 contrôles. Une heure plus tard, la préfecture de police a dit avoir interpellé cinq personnes.
Les cortèges étaient également nombreux en province, avec par exemple 10.500 manifestants à Montpellier selon la préfecture, 20.000 selon les organisateurs. A Clermont-Ferrand, la préfecture a compté 7.800 manifestants, les syndicats 20.000. Ils étaient aussi entre 14.000 et 30.000 à Nantes.
Le 5 décembre, au premier jour du conflit, 806.000 manifestants ont battu le pavé, selon le ministère de l'Intérieur, puis 339.000 il y a une semaine.
"J'exige ma retraite, ni à point, ni saignante" ou "la retraite pour les travailleurs, pas pour les assureurs", pouvait-on lire sur les pancartes dans la manifestation strasbourgeoise.
"Ce qui nous fait peur, c'est surtout le système de points, parce qu'on ne sait pas quelle est la valeur du point, et les termes de malus et bonus qui ont l'air un peu répressifs. On a l'impression que c'est une manière de dissocier les bons et les mauvais retraités", estime Kelly Grosset-Curtet, 21 ans, étudiante en histoire de l'art à Lyon.

- Exaspération" -

 
Au treizième jour de mobilisation, il restait très difficile de se déplacer mardi, avec un trafic SNCF et RATP très perturbé, des bouchons sur les routes, des barrages filtrants, des raffineries perturbées.
Un tiers des cheminots (32,8%) étaient en grève, et 75,8% des conducteurs de trains, selon la direction de la SNCF, soit une forte hausse par rapport à lundi.
Selon un sondage Harris Interactive pour RTL et AEF Info, 62% des Français soutiennent le mouvement de grève mais 69% souhaiteraient une "trêve de Noël".
"Cette trêve est indispensable, les Français ont besoin de se reposer", a relevé sur France Inter Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, seule en charge du dossier après la démission lundi du haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye.
"Personne n'a envie que Noël soit perturbé: ni les grévistes ni les salariés ni les Français qui ont envie d'avoir un moment en famille. Mais le gouvernement est grandement responsable", a répondu sur France 2 le numéro un de l'Unsa, Laurent Escure.
Des concertations doivent s'ouvrir dès mercredi à Matignon, où Édouard Philippe reçoit les organisations syndicales et patronales représentatives en bilatérales, avant une "multilatérale" jeudi.
Mardi, les actions prenaient aussi la forme de barrages filtrants, ports bloqués, tout comme les expéditions au départ de certaines raffineries, rassemblements de surveillants devant plusieurs prisons...
Les compagnies aériennes ont réduit de 20% leur programme de vols à Orly, à la demande de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).
Près de 50.000 foyers ont par ailleurs été privés d'électricité en Gironde dans la nuit et 40.000 à Lyon dans la matinée. Ces actions ont été revendiquées par la CGT du gestionnaire du réseau RTE. Le gouvernement "s'expose à des coupures plus massives", a mis en garde Francis Casanova, délégué central CGT chez RTE. A EDF, le taux de grévistes était de 26,3% à la mi-journée, selon la direction, contre 36,5% le 5 et 21,8% le 10.
Le mouvement touche aussi les établissements scolaires, avec 25,05% de grévistes dans le primaire et 23,32% dans le secondaire, selon le ministère (50% et 60% respectivement selon les syndicats). 
La journée était aussi marquée par un mouvement des personnels hospitaliers. A Paris, une manifestation a eu lieu en fin de matinée pour "sauver l'hôpital", avant qu'une partie des blouses blanches ne rejoignent le cortège de la mobilisation contre les retraites.

le Mardi 17 Décembre 2019 à 05:15 | Lu 245 fois