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Retraites: derniers face-à-face au sommet avant la grève du 5 décembre


Paris, France | AFP | lundi 25/11/2019 - Deux jours d'entretiens de la dernière chance avant la grève du 5 décembre: syndicats et patronat ont commencé à se succéder à Matignon lundi pour discuter de la réforme des retraites, sans grand espoir de compromis alors que les relations se sont tendues sur les régimes spéciaux.

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a ouvert le bal lundi, enjoignant au gouvernement de "clarifier les choses" afin "que les grands principes de la réforme soient réaffirmés" avant une mobilisation potentiellement massive et durable.
Après une heure d'entretien avec le Premier ministre Édouard Philippe, la ministre des Solidarités Agnès Buzyn et le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye, le patron des patrons a dit s'attendre à "des difficultés" à partir du 5 décembre.
"J'ai demandé aux employeurs d'être bienveillants, notamment en région parisienne", a-t-il indiqué, répondant au souhait de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui avait demandé samedi "aux chefs d'entreprises d'être compréhensifs avec leurs salariés" et de faciliter le recours au télétravail.
Une parade face au risque de blocage du pays, qui s'accroît un peu plus chaque jour: lancé par les syndicats de la RATP et de la SNCF, l'appel à une grève reconductible contre la réforme des retraite a été rejoint par la CGT, FO, FSU et Solidaires, puis par des organisations d'Air France, d'EDF, d'avocats, de magistrats...
Fait rare, les cadres de la CFE-CGC ont appelé à manifester, et la CFTC a laissé ses syndicats libres de rallier le mouvement.
Même la CFDT, qui soutient globalement la réforme, a laissé sa fédération cheminote déposer un préavis, avec l'espoir d'obtenir l'application de la "clause du grand-père", qui réserverait la réforme aux seuls futurs embauchés de la SNCF.
En réponse, l'exécutif a durci le ton en ciblant les régimes spéciaux, qu'Emmanuel Macron juge "d'un autre époque". Une partition reprise en chœur par Mme Buzyn, qui a pointé "des revendications très corporatistes", et par le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, qui a dénoncé "une mobilisation pour conserver des inégalités".
 

- "Un grand classique" -

 
Pourtant, Matignon veut montrer que "le dialogue social continue" et assure que ces deux journées de face-à-face ont pour but "de faire un point sur l'ensemble de la réforme".
Une approche partagée par la CFTC, qui "privilégie toujours le dialogue par rapport à la grève", a déclaré son secrétaire général Cyril Chabanier après son rendez-vous avec les trois membres du gouvernement. 
"Sur le calendrier, on a eu quelques précisions. Nous aurons des mesures qui seront annoncées avant la fin de l'année", a-t-il affirmé, estimant que "le manque de clarification accentue l'inquiétude de nos concitoyens".
Moins optimiste, un négociateur syndical pronostique qu'"ils ne lâcheront rien avant le 5".
Les discussions doivent se poursuivre dans l'après-midi avec la CPME, la CFDT, l'Unsa et Force ouvrière, puis mardi avec la CGT, l'U2P et la CFE-CGC.
Les positions des uns et des autres sont cependant connues. "On ne lâche rien", a prévenu lundi à Sud Radio le leader de FO, Yves Veyrier, qui viendra "expliquer les raisons pour lesquelles (il est) contre un régime universel par points". Pour lui, les "soi-disant problèmes de privilèges" des régimes spéciaux sont "un grand classique".
Une pratique d'"ancien monde" également dénoncée dimanche par le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, qui considère que "le président de la République essaye de diviser les Français", et a prédit une mobilisation "très massive", espérant qu'elle aille "bien au-delà des régimes spéciaux" et qu'elle dure "jusqu'à ce qu'on retire ce mauvais projet".
Seul soutien de poids à la réforme, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, exhorte pour sa part l'exécutif à sortir de "l'ambiguïté" et répète son refus de toucher à la durée de cotisation ou l'âge de départ.
Le gouvernement n'écarte pourtant pas cette piste pour ramener le système de retraite à l'équilibre financier d'ici 2025, date prévue d'entrée en vigueur du "système universel" promis par le chef de l'État, alors qu'un déficit de "10 à 12 milliards" se profile à cette échéance, a rappelé le Premier ministre.
Hors de question pour le premier syndicat de France, qui a déjà averti que dans ce cas, "la CFDT appellera(it) les salariés à se mobiliser".

le Lundi 25 Novembre 2019 à 05:04 | Lu 211 fois