Tahiti Infos

Retraites: 14e jour de grève, Macron prêt à "améliorer" la réforme


Paris, France | AFP | mercredi 18/12/2019 - Au lendemain d'une troisième journée de manifestations contre la réforme des retraites et à trois jours des vacances de Noël, Edouard Philippe reçoit mercredi les syndicats, avec le nouveau "M. Retraites", pour trouver une sortie à la crise, qu'Emmanuel Macron espère calmer en améliorant le projet.

Selon son entourage, le président est "disposé à améliorer" sa réforme, notamment "autour de l'âge pivot" ou "âge d'équilibre", qui braque les syndicats soutenant le principe d'un système universel à points, la CFDT en tête. 
"C'est dans l'ordre des choses qu'il y ait des avancées d'ici la fin de la semaine", a relevé l'Elysée, précisant que le chef de l'Etat s'était fixé pour "objectif d'obtenir une pause" de la mobilisation "pendant les fêtes" de fin d'année.
Alors que les bouchons se sont à nouveau accumulés mercredi matin sur les routes franciliennes, à la RATP, le trafic reste "très perturbé", avec huit lignes de métro fermées. Côté RER, une rame sur deux circule sur la ligne A, une sur trois pour la B. Même situation à la SNCF, qui fait circuler un Transilien sur quatre, quatre TER sur dix et un TGV sur trois "en moyenne".
 

- Rendez-vous à Matignon -

 
Tous dans la rue mardi, les leaders syndicaux et patronaux seront reçus à Matignon mercredi. Ils ont rendez-vous avec le Premier ministre à partir de 14H00. L'Unsa ouvrira le bal, suivi de la CGT, la CFTC, le Medef, la CFDT, la CPME, l'U2P, FO puis la CFE-CGC. 
Le plus attendu, Laurent Berger, arrivera à 17H20, pour redire au Premier ministre Edouard Philippe son opposition à "l'âge d'équilibre" que le gouvernement veut fixer à 64 ans, avec un "bonus-malus" censé inciter chacun à travailler plus longtemps.
Une mesure à laquelle s'oppose aussi l'Unsa. Son secrétaire général, Laurent Escure, a averti mercredi que "si le gouvernement s'entête" avec cette "mesure punitive", "il y aura des actions en janvier".
Face à eux, ils auront un nouveau "M. Retraites": Laurent Pietraszewski, député LREM du Nord, a remplacé le haut-commissaire aux Retraites démissionnaire Jean-Paul Delevoye, rattrapé par des révélations sur ses activités parallèles et mandats non déclarés.
Vantant "l'engagement sans borne" et "le travail immense de concertation" mené par son prédécesseur depuis plus de deux ans, le nouveau secrétaire d'Etat a promis de s'inscrire dans sa "continuité", mercredi lors de la passation de pouvoir.
Après les partenaires sociaux, Edouard Philippe doit recevoir jeudi les dirigeants de la RATP et de la SNCF, qui a présenté son plan de transport pour le premier week-end des vacances.
La compagnie affirme qu'elle pourra transporter ce week-end tous les passagers ayant déjà réservé un billet TGV. Mais pour l'instant, tous les syndicats de cheminots refusent la "trêve" de Noël. Le taux de grévistes était cependant pointé en baisse mercredi à la SNCF, où 13,6% des cheminots étaient en grève (après 32,8% mardi), et 65,6% des conducteurs (75,8% mardi).
 

- Conseil d'Etat avant Noël -

 
Mardi, troisième journée de mobilisation, les syndicats ont rassemblé dans la rue 615.000 manifestants dans tout le pays, selon le ministère de l'Intérieur. La CGT a revendiqué 1,8 million de participants. 
La CGT, FO, la CFE-CGC, Solidaires et la FSU, qui réclament le retrait pur et simple du projet, ont lancé un "ultimatum" au gouvernement à l'issue d'une intersyndicale mardi soir, en décidant de nouvelles actions locales jeudi et jusqu'à la fin décembre. Sans trêve et en promettant "des suites" si le gouvernement ne répond pas "dans les heures qui viennent".
"Plus ça traîne, plus je suis pessimiste" sur une issue au conflit, a confié le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. Ce dernier a par ailleurs été interpellé par la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne sur les coupures d'électricité survenues la veille à l'initiative de grévistes CGT, incitant Enedis et RTE à porter plainte. 
Le Premier ministre a répété mardi sa "détermination totale" à mener la réforme et à créer le "système universel" de retraite par points censé remplacer les 42 régimes existants mais plusieurs membres du gouvernement, avant Emmanuel Macron lui-même, ont donné des signes d'ouverture. "Évidemment nous sommes ouverts à bâtir un compromis", a dit la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.
Le Premier ministre "reçoit les organisations syndicales pour leur dire: pendant un an, discutons des conditions à réunir pour que nous soyons à l'équilibre en 2027", a déclaré Amélie de Montchalin. 
M. Philippe a déjà prévu de revoir les partenaires sociaux "ensemble lors d'une multilatérale" jeudi à 15H00, un raout propice à d'ultimes compromis.
Une première mouture du projet de loi doit être envoyée au Conseil d'Etat "avant Noël", selon une source proche du dossier, en vue de sa présentation en Conseil des ministres programmée le 22 janvier.

le Mercredi 18 Décembre 2019 à 05:11 | Lu 317 fois