Tahiti Infos

Retour sur l’histoire de la Maison de la culture


Tahiti, le 30 novembre 2021 – Pour accompagner la célébration des cinquante ans de la Maison de la culture Te Fare Tauhiti Nui, Tahiti Infos organise un rendez-vous quotidien dans ses colonnes pour retracer les grands moments de l’histoire de cette institution culturelle. A commencer par la genèse de la construction de son siège à Paofai.
 
Si le principe de Maison des jeunes Maison de la culture (MJMC) est imaginé au début des années soixante par le ministre français de la culture, André Malraux, c’est Alban Ellacott, alors président de la Fédération des œuvres laïques et directeur de l’Equipement qui sera l’un des artisans moteurs de la création d’un tel établissement à Tahiti. 
Les travaux de construction de la MJMC sont engagés dès 1967 à Paofai sous l’égide du jeune directeur de l’Equipement d’alors. Le chantier estimé à 140 millions de Fcfp est cofinancé par les ministères français des affaires culturelles, de la jeunesse et des sports, des départements et territoires d’Outre-mer et le territoire de la Polynésie française. 
D’emblée, ce projet fait couler beaucoup d’encre. Et les critiques sont plus fréquentes que les satisfécits sur le fabuleux monument de Paofai. En construire plusieurs, plus petits, à plusieurs endroits n’aurait-il pas été plus habile ? Non rétorqueront leurs concepteurs, car il s’agit d’accueillir dans un même ensemble plusieurs activités culturelles. L’esthétique de ces locaux n’est-elle pas démesurée pour sa destination ? La maison de la culture de Tahiti ne sera-telle pas désertée par ses jeunes ? 
50 ans plus tard, l’histoire ne donne bien évidemment pas raison à ses détracteurs. Les premiers locaux sont achevés en février 1970 et réceptionnés par les services des travaux publics et de la jeunesse et des sports. Mais ce n’est encore qu’une coquille vide. Il lui manque du matériel adéquat, du personnel d’animation ainsi qu’un directeur pour administrer l’ensemble. 
C’est le ministère parisien de la jeunesse et des sports qui est chargé de la nomination de son directeur mais aussi d’approuver les statuts de la future association de type 1901 pour l’organisation de sa gestion. Le gouverneur Pierre Angeli s’envole pour Paris avec le dossier sous le bras. Déjà la philosophie de la double culture engagée par le gouverneur Sicurani se dégage. 

Premier conseil d’administration
 
La direction de l’association est alors confiée à un premier conseil d’administration chargé de réunir dans le courant du dernier trimestre de l’année 1971 la première assemblée générale afin de procéder à l’élection d’un nouveau bureau.
Les membres de ce premier conseil d’administration sont des personnalités éminentes de la société civile polynésienne et institutionnelle et notamment : Alban Ellacot, président de la fédération des œuvres laïques (FOL) ; Jacques (Denis) Drollet directeur de l’Ecole publique d’application ; Napoléon Spitz, président de la FFOJEP ; Nédo Salmon, président de l’UCJG ; Joël Allain, volontaire à l’aide technique à l’Office du tourisme ; Lysis Lavigne, président de la FGSS ; Jean Juventin, membre du conseil du gouvernement ; et Georges Pambrun, maire de Papeete.
Jean Laurent est alors chargé de coordonner les actions culturelles de la MJMC. Conseiller technique et pédagogique au Secrétariat d’Etat de la Jeunesse et des sports, il a dirigé pendant quatre années à Madagascar un centre culturel combinant à la fois une maison des Jeunes et un centre culturel. Avec son épouse ils ont par ailleurs monté des bibliothèques ainsi que des bibliothèques scolaires. Ils ont pour mission clé de former des animateurs. Mais le grand théâtre reste toujours à construire. 
Le grand théâtre sera achevé la même année pour compléter l’ensemble. Mais le projet rencontre quelques difficultés financières. Le budget initial de 140 millions de Fcfp a en effet été amputé de quelques 75 millions pour l’achat du terrain, l’aménagement de remblais, le renforcement de la berge. 
Le chantier du théâtre est revu à la baisse par mesure d’économie. Il table désormais sur 700 à 800 places au lieu des 1000 initialement prévues. Le déblocage des fonds par le ministère parisien des affaires culturelles est suspendu à l’adoption du nouveau projet architectural. Un coup de pouce du gouverneur de l’époque et les travaux démarrent. L’imposant grand théâtre ne sera inauguré qu’en octobre 1973. La même année, Do Carlson intègre la Maison de la culture pour s’occuper de la bibliothèque de l’établissement. Elle y restera jusqu’en 1988. L’inauguration de la bibliothèque donne vie à la Maison des jeunes, maison de la culture de Tahiti. Et la vie continue.



Rédigé par Jean-Christophe Shigetomi le Mardi 30 Novembre 2021 à 20:10 | Lu 1187 fois