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Réouverture sous tension à la faculté de droit de Montpellier


Montpellier, France | AFP | mardi 03/04/2018 - "On n'oublie pas, on pardonne pas": la faculté de droit de Montpellier, fermée depuis les violents incidents qui ont notamment abouti à la mise en examen du doyen et d'un professeur, a rouvert mardi sous tension et haute surveillance.

Une seule des grilles du bâtiment principal sur les trois était ouverte dès 07H00, gardée par trois vigiles, ont constaté des journalistes de l'AFP. De chaque côté de la rue, plusieurs cars de CRS étaient aussi présents.
Devant la porte, étudiants, professeurs et personnels doivent présenter leur carte pour accéder au bâtiment. Au cours de la matinée, plusieurs doctorants et un enseignant, syndicaliste du Snesup-FSU, se voient refuser l'accès à l'établissement. "C'est parce que nous nous sommes mobilisés", assure une doctorante: "il y a des consignes internes". 
Quelques dizaines d'étudiants, syndicalistes et militants opposés à la réouverture de la faculté se sont assis sur les marches devant la porte d'accès. Immédiatement encadrés par un cordon de CRS, ils scandent "Justice en fac de droit, on n'oublie pas, on pardonne pas".
Dans la nuit du 22 au 23 mars, une dizaine d'hommes cagoulés et armés de bâtons et de pistolets à impulsion électrique avaient violemment expulsé d'un amphithéâtre de la faculté des étudiants, syndicalistes et militants hostiles à la loi Vidal sur l'accès à l'université.
Mis en cause par des témoins et soupçonnés d'avoir au moins facilité cette expédition punitive, le doyen Philippe Pétel, qui avait démissionné après les violences, et un professeur ont été mis en examen - pour complicité d'intrusion, et pour violences aggravées également dans le cas du professeur. Les deux ont aussi été suspendus de leurs fonctions.
"Une dizaine de personnes cagoulées qui ont participé aux violences n'ont pas été identifiées", souligne mardi auprès de l'AFP Logan Girard, doctorant et membre du comité de mobilisation qui a appelé à protester contre la réouverture de la faculté. "Les étudiants ont peur de revenir à la fac, rien n'est apaisé, la situation est explosive".
 

- "Ambiance trop violente" -

 
"On veut aller en cours, mais on veut y aller en sécurité et là les conditions ne sont pas réunies", renchérit Louise. La jeune étudiante en science politique souligne que "les attaques entre membres de la faculté sur les réseaux sociaux sont très violents" et que "le climat est loin d'être apaisé".  
Le comité de mobilisation dénonce un "climat de profonde fracture, une partie de la faculté soutenant très clairement M. Pétel, autant que l'omerta".
"Foutez-nous la paix, laissez-nous étudier", lance un étudiant au groupe de protestataires en entrant dans le bâtiment.
Dans les cafés environnants, de nombreux étudiants commentent la situation à la faculté. "Je n'ai même plus envie d'y mettre le pied, ça me décourage d'étudier, l'ambiance est trop violente", témoigne une étudiante en première année de droit.
Un peu avant midi, plusieurs centaines de manifestants --500 selon la préfecture-- des étudiants, des militants mais aussi beaucoup de lycéens, se sont réunis symboliquement devant la fac de droit. Ils ont ensuite déambulé dans le centre-ville, pour rejoindre à 14H00 devant la gare dans le cadre de la "convergence des luttes" une manifestation à l'appel de la CGT pour la défense du service public. Dès le départ, des tomates, puis des projectiles contenant de la peinture ont été lancés sur des CRS et sur le rectorat.
A Montpellier, le mouvement de protestation contre la réforme Vidal, qui modifie les conditions d'accès aux études universitaires, touche surtout l'université Paul-Valéry, où le blocage a été reconduit en AG "pour une durée illimitée" après les incidents de la faculté de droit --qui dépend, elle, d'une autre entité, l'Université de Montpellier.
Ailleurs en France, le mouvement touche notamment l'université Jean-Jaurès de Toulouse, le campus de la Victoire, à Bordeaux, le site de Tolbiac de l'université Panthéon-Sorbonne, à Paris, ou la faculté de lettres de Nancy. Mardi, un mouvement de blocage similaire a également pour la preùmière fois touché le campus des sciences Valrose, à Nice.

le Mardi 3 Avril 2018 à 06:04 | Lu 249 fois