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Réouverture des frontières : 425 acteurs du tourisme polynésien implorent l’Etat


Tahiti, le 23 mars 2021 - Un courrier cosigné le 15 mars par 425 professionnels du tourisme demande au Premier ministre Jean Castex d’annoncer "dans les prochains jours" la réouverture des frontières polynésiennes au plus tard le 1er mai 2021.
 
Face à l’incertitude sur une date de réouverture des frontières et au "manque d’anticipation sur les nécessité de reprise" qui plombent les perspectives d’activité de la prochaine haute saison touristique, 425 professionnels du tourisme polynésien cosignent un courrier adressé au Premier ministre Jean Castex, pour demander la réouverture, au plus tard le 1er mai prochain, des frontières de la Polynésie française au tourisme international : "Sans ce flux, même restreint, les faillites et liquidations vont se multiplier dans les prochaines semaines", menace cette lettre signée le 15 mars dernier par 21 agences de voyage, 16 transporteurs touristiques dont Air Tahiti Nui, Air Tahiti, French Bee, Hawaiian Airlines, 31 établissements hôteliers, 174 pensions de famille, 172 prestataires touristiques et six organisations sectorielles soit "l’ensemble des forces vives du secteur touristique et du transport aérien de la Polynésie française, principale ressource propre de notre collectivité" et à l'origine de "près de 20% de l’emploi salarié".
Les frontières polynésiennes sont fermées aux voyageurs depuis le 3 février, suite à l'annonce d'une interruption provisoire des flux touristiques dans les départements et collectivités d'outre-mer, faite depuis Paris le 29 janvier dernier par le Premier ministre. A la clé : éviter une propagation incontrôlée des variants du Covid dans les outre-mer. Mais, comme le rappelle ce collectif de 425 acteurs polynésiens du tourisme, entre juillet et décembre derniers, "nos visiteurs et clients ont pu évoluer dans un environnement contrôlé et sécurisé, avec des conditions d’accueil sanitaire strictes et un suivi constant". Autre rappel : "la situation sanitaire en Polynésie française s’est dégradée entre septembre et novembre pour des raisons identifiées et extérieures aux entreprises touristiques".

Un souhait partagé par Fritch

Cette requête d’une réouverture des frontières au plus tard en mai vient en appui d’une demande plusieurs fois réitérée par le président Edouard Fritch. Si le chef de l’exécutif polynésien estime depuis le début que cette situation ne saurait durer plus de trois mois, au risque d’une catastrophe économique, il avait annoncé le 11 mars dernier la mise en place "de protocoles sanitaires adaptés" pour une ouverture des frontières "dans quelques semaines". Protocoles qui tablent sur une vaccination obligatoire au départ de Tahiti, pour les résidents polynésiens qui voyagent à l’extérieur afin de leur permettre de revenir au fenua, sans contrainte au retour. Pour les voyageurs étrangers et nationaux qui voudraient visiter la Polynésie, le président avait évoqué la possibilité de demander une attestation valide de leur vaccination anti-Covid. Une perspective de "carnet vaccinal" précisée le 16 mars devant les représentants de l’assemblée, avec le rappel d’une annonce faite par le haut-commissaire Dominique Sorain, quelques jours plus tôt, "pour dire que notre réouverture serait programmée pour le mois de mai prochain. Reste à déterminer si ce sera en début ou à la fin de mai. Pour ma part, je souhaite que cette ouverture se fasse dans les meilleurs délais", avait martelé Edouard Fritch. Position qu’il défend depuis auprès du gouvernement central.

Situation critique

Reste qu’après bientôt deux mois de fermeture des frontières, le secteur du tourisme accuse une perte de chiffre d’affaires dans un contexte où il se trouve déjà fortement impactées en 2020 "avec une perte de revenu équivalent à 60% de ce qu’elles avaient pu générer en 2019". Et ce, en dépit des 7 milliards de Fcfp d’aide du Fonds de solidarité de l’Etat, de 9 milliards alloués par le Pays pour le soutien à l’emploi et d’un recours important à l’endettement. Plusieurs signataires déplorent aujourd’hui avoir dû en 2021 annuler et rembourser l’ensemble des réservations prises pour les mois de février et mars. Et, toujours dans l’expectative, ils craignent d’être désormais soumis à l’obligation légale de modifier ou rembourser les réservations prises pour avril et mai prochains. Des pertes de chiffre d’affaires dans un contexte "aujourd’hui critique" avec une menace sur "des milliers d’emplois à très court terme". Situation qui se trouve aggravée par un accès rendu difficile aux aides de l’Etat avec un "FSE suspendu pour le mois de janvier 2021 à des examens tatillons, face à des baisses de chiffres d’affaires pourtant abyssales", insiste ce courrier adressé en copie au ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, à Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, à Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’État chargé du Tourisme, ainsi qu'au haut-commissaire Dominique Sorain et au président Edouard Fritch.

Un cri de détresse adressé à Paris, apparenté à une première historique pour le secteur polynésien du tourisme qui ne s’était jamais manifesté jusqu’alors dans une démarche portée par une base représentative aussi large.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 23 Mars 2021 à 09:25 | Lu 5516 fois