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Régionales : la droite crie victoire, le RN parle d'"échec de la démocratie"


Régionales : la droite crie victoire, le RN parle d'"échec de la démocratie"
Paris, France | AFP | dimanche 27/06/2021 - La droite criait victoire dimanche au soir du second tour des élections régionales et départementales tandis que le Rassemblement national minimisait sa défaite, évoquant un "échec de la démocratie" en raison de la nouvelle abstention record enregistrée dans les bureaux de vote. 

"Le Front national a été arrêté et nous l'avons fait fortement reculer", s'est réjoui le président sortant des Hauts-de-France Xavier Bertrand (ex-LR), réélu face à son rival du RN Sébastien Chenu.

"C'est un effondrement pour le Front national", a renchéri le président du parti Les Républicains (LR) Christian Jacob sur France 2. "Depuis 18 mois et notre échec aux européennes, on n'a cessé de retrouver les Français et ils nous ont retrouvés dans les différentes collectivités".

"On a gagné très largement les municipales, on a gagné les sénatoriales, les législatives partielles, les départementales, les régionales : on est aujourd'hui clairement la seule force d'alternance", a-t-il ajouté.

Pour la présidente - réélue - de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (ex-LR, Libres!), une "équipe de France de la droite et du centre" a "émergé dans les régions" à la faveur de ce second tour. "Ce soir, les extrêmes ont reculé fortement dans notre région car nous ne leur laissons aucun terrain pour prospérer", s'est quant à lui félicité Laurent Wauquiez, président sortant d'Auvergne-Rhône-Alpes, également réélu.

Saluant un "succès" pour la droite et le centre, le président LR du Sénat, Gérard Larcher, a adressé au passage une pique à l'exécutif, fustigeant un "rendez-vous manqué" de LREM avec "les territoires" et pointant l'échec d'un "en-même-temps mortifère pour la démocratie". 

Les mines étaient nettement moins réjouies au Rassemblement national (RN) qui misait sur son candidat Thierry Mariani (ex-LR devenu RN) en Provence-Alpes-Côte d'Azur pour remporter la première région de son histoire à un an de l'élection présidentielle.

Refusant de parler d'échec après la victoire de Renaud Muselier (LR) en PACA, le vice-président du RN Jordan Bardella a estimé qu'il s'agissait avant tout d'"échec de la démocratie française", dans une allusion au niveau d'abstention, autour de 66%. 

Fustigeant "une organisation désastreuse et erratique des scrutins par le ministère de l'Intérieur", Marine le Pen s'est, elle, émue d'une "désaffection civique historique" qui constitue à ses yeux "un signal majeur lancé à toute la classe politique et même à toute la société".

Il s'agit d'une "crise profonde de la démocratie locale", a ajouté la dirigeante du parti d'extrême-droite lors d'une déclaration au siège du RN à Nanterre (Hauts-de-Seine).

"soulagement"

La défaite du RN a été accueillie avec "soulagement" par le reste de la classe politique, notamment dans les rangs de la majorité présidentielle. Certes, les premiers résultats du scrutin constituent une "déception" pour la République en Marche, a admis le délégué général de LREM, Stanislas Guerini. Mais c'est toutefois "une satisfaction", que le Rassemblement national "ait diminué", a ajouté le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal sur France 2.

A gauche, le chef de file de la France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a également exprimé sa satisfaction et son "soulagement" face à la "lourde défaite subie par le RN", en région PACA et "sa joie" face au "magnifique résultat" obtenu à la Réunion par Huguette Bello "qui a su tendre la main aux communistes et aux socialistes pour obtenir la victoire finale".  

"Il y a en fait deux blocs qui sortent renforcés de ces élections : il y a le bloc de droite incontestablement, mais il y aussi le bloc écolo et de gauche et on est au fond autour de 34-35%", a souligné de son côté l'eurodéputé EELV Yannick Jadot sur TF1.

Même satisfecit au Parti socialiste dont le Premier secrétaire Olivier Faure s'est félicité de voir les sortants socialistes être "réélus brillamment" dans cinq régions.

"Le meilleur score de France, c'est celui de Carole Delga", la présidente PS sortante de l'Occitanie largement réélue devant le candidat du RN et la tête de liste LR, a-t-il insisté. "Il y a une gauche qui se porte mieux, qui est en train de reconquérir un espace. Nous (le PS, NDLR) avons un devoir, celui de rassembler l'ensemble de la gauche et des écologistes pour pouvoir aller vers l'élection présidentielle puisque maintenant tout le monde a les yeux braqués sur la prochaine étape".

Les gagnants et les perdants du second tour

Pas de surprises pour cette deuxième manche des élections régionales: l'abstention bat des records et une large prime a été donnée aux sortants notamment en Paca où Renaud Muselier conserve la région face au RN à l'issue d'un scrutin où le vieux monde a infligé un camouflet aux camps Le Pen et Macron.

Renaud Muselier
Il était donné perdant par les sondages, réputé handicapé par son alliance avec LREM sur fond de tripatouillage électoral et de psychodrame à droite. Renaud Muselier, 62 ans conserve pourtant avec 56,8% à 57,7% des voix, son fauteuil de président de Provence-Alpes-Côte d'Azur en battant son rival du RN Thierry Mariani, transfuge de la droite au parti de Marine Le Pen. Arrivé en seconde position à l'issue du premier tour, il a renversé la vapeur, bien aidé par le front républicain et les appels à le soutenir venus de la gauche. Celle-ci sera absente pour six années de plus au conseil régional.

Marine Le Pen
Jordan Bardella, numéro 2 du RN, voit dans le scrutin un "échec pour l'intégralité de la classe politique" en raison de l'abstention record. Il est cependant difficile de ne pas isoler les résultats du parti d'extrême droite qui réalise une sérieuse contre-performance quand les sondages l'annonçaient au coude au coude avec la droite et capable de décrocher une voire plusieurs régions. Après les municipales, le parti de Marine Le Pen recule à nouveau dans une élection locale. Au soir du second tour, le RN pèsera moins dans les exécutifs régionaux. Les lieutenants du Rassemblement national, Sébastien Chenu, Jordan Bardella ou Andréa Kotarac, qui squattent les plateaux TV, réalisent des scores très médiocres. Une pierre dans le jardin de Marine Le Pen dont la ligne politique est contestée jusque dans ses propres rangs. Machoire serrée, elle a dénoncé, visant la situation en Paca, les "alliances contre-nature" et donne "rendez-vous aux Français" pour "construire l'alternance". Sa course vers l'Elysée ne démarre pas du bon pied.

Bertrand, Pécresse, Wauquiez
"Il y a un bon candidat pour l'ensemble de la droite" parmi les qualifiés du second tour, observait la semaine dernière un cacique de LR. Les nettes victoires de Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France, Valérie Pécresse en Ile-de-France mais aussi Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes peuvent regonfler le moral de la droite mais aussi lui donner des migraines lorsqu'il faudra désigner son futur champion dans la course pour l'Elysée.

Les régionales n'ont pas été un juge de paix alors que Xavier Bertrand avait fait de sa réélection à l'hôtel de région de Lille un referendum pour sa candidature aux présidentielles. M. Bertrand, qui remporterait entre 52% et 53% des voix, s'est dit dimanche prêt à aller à "la rencontre de tous les Français". Pour Valérie Pécresse, une "équipe de France de la droite et du centre a émergé dans les régions" à la faveur du second tour des régionales. Elle a affirmé vouloir y prendre toute sa part.

Quant à Laurent Wauquiez, sa campagne marquée à droite s'est soldée par une victoire insolente avec au moins 55% des voix. Elle sonne comme la probable fin de sa traversée du désert entamée après son départ de la direction des LR en 2019, consécutif à la déroute des européennes.

Emmanuel Macron
Créé en 2016, le parti du chef de l'Etat n'arrive toujours pas à s'implanter dans les exécutifs locaux qui restent des citadelles de la gauche et de la droite. "Ces résultats sont une déception pour la majorité présidentielle", a reconnu le délégué général de LREM Stanislas Guerini. Après la déroute des municipales, les régionales ont confirmé cet échec.

Les listes LREM-Modem n'ont attiré qu'environ 7% des voix au niveau national, loin derrière LR, la gauche et les écologistes et le RN. En Ile-de-France Laurent Saint-Martin ne récolte qu'entre 10,5 et 9,5%, selon les estimations. En Centre-Val de Loire, le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau qui nourrissait de sérieuses ambitions n'arrive qu'en 3e position et en Bretagne, terre macroniste, Thierry Burlot est relégué en quatrième place.

La dynamique pour la présidentielle - l'adhésion à un homme ou une femme - est tout autre, jugent politologues et experts consultés par l'AFP, mais ces échecs font tache.

le Dimanche 27 Juin 2021 à 08:57 | Lu 175 fois