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Référendum d'autodétermination : 46 voix pour à l'assemblée de Polynésie


Référendum d'autodétermination : 46 voix pour à l'assemblée de Polynésie
PAPEETE, jeudi 30 mai 2013. Les représentants de l'Assemblée de Polynésie française ont approuvé par 46 voix la résolution présentée par le Tahoeraa Huiraatira pour demander au gouvernement français l'organisation d'un scrutin référendaire sur la question de l'autodétermination. Dans les rangs de l'opposition, les 11 élus de l'UPLD ont décidé de ne pas participer au vote, dénonçant par la voix de Jacqui Drollet : "un simulacre de vote".

Le débat sur cette résolution portée par le Tahoeraa a duré un peu plus de deux heures. 17 minutes pour A Ti'a Porinetia, 23 minutes pour l'UPLD et 80 minutes pour le Tahoeraa. Une répartition du temps de parole conforme aux textes du réglement intérieur de l'assemblée, mais qui a provoqué quelques frictions entre Tahoeraa et UPLD. Ainsi, l'ancien président Oscar Temaru n'a pu s'exprimer que cinq minutes. Il a demandé un débat télévisé en tête-à-tête avec Gaston Flosse uniquement sur le sujet. "En vous écoutant parler je me demandais où nous étions ? Par quel bateau êtes-vous arrivé jusqu’ici ? Nous sommes en Suède à Stockholm et je me suis demandé de quelle maladie étaient atteints les collègues ? Le syndrome de Stockholm" a déclaré le leader indépendantiste.

Les débats ont ensuite abordé au sein de l'hémicycle territorial le texte de la deuxième résolution sur le même sujet. Ce texte porté cette fois par le groupe A Ti'a Porinetia demande à l'ONU de revenir sur sa décision du 17 mai dernier de réinscrire la Polynésie sur la liste des territoires non autonomes. Les discussions sur ce deuxième texte ont été volontairement raccourcies, car le fond du débat est le même. Cette résolution a été comme la précédente adoptée par 46 voix pour, celles du Tahoeraa et d'A Ti'a Porinetia. L'UPLD a choisi là aussi de ne pas participer au vote.

Interventions des élus (dans l'ordre de reception par notre service presse)


ILS ONT DIT

Eliane Tevahitua (UPLD)

«Ces deux résolutions démontrent un manque de respect envers l’ONU et envers le peuple Ma’ohi tout entier. La réinscription c’est tout d’abord la reconnaissance d’un peuple, sa langue, sa culture, son histoire et c’est accompagner ce peuple dans sa quête de décolonisation ; enfin c’est donner le choix à ce peuple par le biais d’un référendum d’autodétermination entre quatre possibilités : l’intégration, la libre association, l’indépendance ou le statu quo. Mais avant d’être autonomes, il faut être décolonisé. Alors seulement, un référendum sera possible, mais pas celui que vous proposez».

Chantal Tahiata (UPLD)

« Vous effrayez le peuple en disant que la réinscription c’est l’indépendance. Vous détournez le peuple en disant que les dernières élections étaient l’occasion de dire que le peuple est majoritairement autonomiste».

Oscar Temaru (UPLD)
«Aujourd’hui nous sommes entrés dans l’Histoire de ce monde, entourés par les pays du Pacifique. Votre vision Papeete/Paris est une vision passéiste. Quant à mon opposition au statut d’autonomie, elle ne date pas d’aujourd’hui. Le Tavini est né de cette opposition-là dès le premier statut d’autonomie».

Antony Géros (UPLD)

«Grâce à cette réinscription nous pourrons demander à la France de nous reconnaître à notre juste valeur. Ce n’est pas l’indépendance mais le droit inaliénable à l’autodétermination et cela place notre territoire sous la surveillance du Comité des 24. Une fois de plus le Tahoeraa escamote le fait que le peuple Ma’ohi pourrait être amené au choix d’une autre option que celle de l’indépendance».

Gaston Tong Sang (A Ti’a Porinetia)

«L’autodétermination, nous y voilà ! Le vieux rêve d’un homme sentant la naphtaline qui relève aujourd’hui d’un dangereux anachronisme. La Polynésie française dispose aujourd’hui d’une grande autonomie. Notre Pays est dirigé par des Polynésiens, élus par des Polynésiens. Nous avons même la possibilité d’accompagner la France pour négocier avec d’autres pays. Nous n’avons pas à financer une police, une justice, une diplomatie coûteuses… Notre pays est connu par son multiculturalisme : pour nous sont Polynésiens tous ceux qui natifs ou pas aiment ce pays et souhaitent le développer. Trop souvent les indépendantistes ont tenu des discours tendancieux sur les différentes communautés».

Teva Rohfritsch (A Ti’a Porinetia)

«Certains n’y croyaient pas, pourtant nous y sommes et il nous faut désormais traiter cette question dans les meilleurs délais. Le processus a été lancé, on parle de nous à Quito, aux Salomon, à Nauru, Tuvalu et je ne sais dans quel autre pays en proie à la misère, sans prendre en compte les attentes légitimes de nos populations, ni entendre ceux qui ont été élus démocratiquement par les populations concernées c’est-à-dire celles visées par le droit fondamental des peuples à disposer d’eux-mêmes ! Notre pays jouit d’une autonomie la plus large au sein de la République française et celle-ci n’a pas été acquise par la force ni par le sang mais au fil d’un dialogue constant. L’enjeu n’est pas de changer de statut aujourd’hui mais de le mettre en œuvre».

Joseph Ah-Scha (Tahoeraa)

«Nous respectons la quête politique d’Oscar Temaru même si nous ne la partageons pas. Mais lorsqu’en avril 2011 Oscar Temaru engage une demande de colonisation à l’ONU nous considérons qu’il ya usurpation de la démocratie. En disant que la décolonisation ce n’est pas l’indépendance, vous prenez les Polynésiens pour des imbéciles ! Vous voulez réellement l’indépendance. Votre démarche est personnelle et préfigure de comment le Pays serait dirigé si vous étiez à la tête d’une Polynésie indépendante ; capable de bafouer la démocratie sur une voie que vous aurez vous-même décidée. Cela s’appelle la dictature et le totalitarisme».

René Temeharo (Tahoeraa)

«En 2013, à l’heure où la globalisation et la mondialisation se sont largement installées, votre combat en faveur d’un retour vers une originalité ma’ohi mal définie est un combat d’arrière garde. Vous voulez être des Ma’ohi d’un autre temps, d’un temps révolu que vous tentez d’idéaliser. Cela fait trente ans que vous êtes dans l’incantation indépendantiste, sans avoir jamais su bâtir ou du moins proposer un véritable projet de société qui nous montrerait d’une manière rationnelle et construite les moyens que vous comptez mettre en œuvre pour conquérir une véritable émancipation économique, sociale et humaine de notre pays et ainsi rassembler les ingrédients nécessaires à l’indépendance politique».

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 30 Mai 2013 à 11:15 | Lu 4244 fois