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Ravel maintenu à Nuutania : son avocat dénonce "une culture de la détention"


Me Smaïn Bennouar, avocat de l'homme d'affaires Bill Ravel
Me Smaïn Bennouar, avocat de l'homme d'affaires Bill Ravel
PAPEETE, jeudi 22 novembre 2012 -- La chambre de l’instruction a confirmé le maintien en détention provisoire de Bill Ravel alors que l’homme d’affaires avait fait valoir de sérieux problèmes de santé, mardi en audience, mettant en avant un diabète insulinodépendant et un cœur opéré d’un quadruple pontage coronarien.

Bill Ravel, 72 ans, est incarcéré de manière préventive, sans égard particulier, à Nuutania dans une cellule qu'il partage avec trois codétenus, depuis le 2 novembre dernier.

Maître Bennouar n’envisage pas de pourvoi en cassation pour contester l’arrêt de la chambre de l’instruction mais dénonce "une culture de la détention" devant laquelle il reste dubitatif.

Les prochains rendez-vous de Bill Ravel avec les juges instructeurs sont programmés mercredi 19, pour une audition, et vendredi 21 décembre prochains pour la confrontation avec les mis en examen Cyril Le Gayic, Gaston Tetuanui, Kim Than Trong et Carole Toofa, dans ce dossier de corruption et trafic d’influence.

> Affaire "Le Gayic - Ravel" : la justice décortique un système tentaculaire

L'avocat de l'homme d'affaires s’étonne en outre que la cour ait retenu dans son arrêt l’argument du ministère public qui avait requis le maintien en détention afin d’éviter toute communication, et notamment des éléments du dossier, avec des personnes non encore entendues, dans l’intérêt de l’instruction et pour permettre "la manifestation de la vérité". Et ce d’autant plus que l’audience de la chambre a été publique et que le dossier a une fois de plus été révélé sans mystère.

"J’ai pris le soin de ne rien communiquer à qui que ce soit pour ne pas révéler des éléments d’information de ce dossier qui pourraient mettre en difficulté les investigations, dont on nous dit qu’il est très important qu’elles se déroulent en toute sérénité", précise Me Bennouar, avant de s'indigner, "Maintenant, vous le savez bien, la chambre de l’instruction a statué à deux reprises en séance publique, ce qui a bafoué magnifiquement le secret de l’instruction et tous les actes susceptibles de se dérouler. Je trouve ce fait problématique, lorsque à côté on nous soutient que le maintien en détention est un moyen nécessaire pour conserver les preuves".

Pensez-vous engager un pourvoi en cassation pour casser cet arrêt ?

Me Bennouar : Je ne pense pas que ce soit nécessaire. Ce qui m’inquiète dans l’immédiat, c’est l’état de santé de M. Ravel. Nous allons faire une demande d’expertise. (…) En attendant, la détention est particulièrement pénible. Je le dis d’expérience : il arrive que la détention soit considérée comme tout à fait compatible avec l’état de santé des personnes, quitte à ce que les détenus fassent la navette entre la prison et l’hôpital. (…) Je crois que l’on reste là encore dans la culture de la détention. Lorsque je lis l’arrêt de la chambre de l’instruction je constate une sorte de préjugé sur la culpabilité, qui sonne comme un glas pour M. Ravel. Tout cela m’inspire beaucoup d’inquiétude pour l’avenir. Aucune indication n’est mentionnée dans l’attente des confrontations. De manière évasive, on nous indique que le maintien en détention est nécessaire.

Pensez-vous attendre les prochaines confrontations pour renouveler votre demande de remise en liberté ?

Me Bennouar : Je n’attendrai pas la confrontation. Je m’inquiète de l’état de santé de mon client et j’attends de voir comment il va recevoir cette décision. Cela va être extrêmement difficile pour lui. Je crains un incident.


Bill Ravel, mardi avant l'audience de la chambre de l'instruction.
Bill Ravel, mardi avant l'audience de la chambre de l'instruction.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 22 Novembre 2012 à 12:25 | Lu 2515 fois