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Rapa en démonstration au festival des Australes


Démonstration de la presse en bois  avec des racines de 'autī, réduites en marakete, un jus qui accompagne l’indispensable pōpoi. La délégation s'est déplacée avec 3 tonnes de fret.
Démonstration de la presse en bois avec des racines de 'autī, réduites en marakete, un jus qui accompagne l’indispensable pōpoi. La délégation s'est déplacée avec 3 tonnes de fret.
Tubuai, le 7 novembre 2022 - La délégation de Rapa et ses 82 personnes ont ouvert les festivités lundi sur la scène du festival des Australes à Tubuai. C'est la première à faire la démonstration de ses pratiques culturelles et traditionnelles. Chanteurs, danseurs, maire, auteurs, compositeurs, musiciens et To'ohitu… Tous ont eu à cœur de faire vibrer leur île pendant plus de deux heures.

Le festival des Australes, Te Farereira’a va durer jusqu’à vendredi. Chaque jour de la semaine, les îles de l’archipel font la démonstration de leurs pratiques traditionnelles en matinée. L’après-midi est consacré aux jeux traditionnels, ainsi qu'aux visites officielles. En soirée, les animations sont assurées par les danseurs et chanteurs.
 
Les démonstrations se déroulent sous le chapiteau de la mairie à Tubuai. À l’intérieur, des gradins ont été placés sur les deux longueurs et sur la largeur côté montagne. Ils délimitent ainsi une scène centrale constituée de sable, son périmètre a été végétalisé. Une estrade, placée côté mer, accueille les musiciens.
 
C’est Rapa qui a lancé les festivités, lundi. Sur l’île, 520 habitants ont été récemment recensés. La délégation compte, elle, 82 personnes dont trois bébés. Les lycéens qui étudient à Tahiti n’ont pas pu faire le déplacement car ils ne sont plus en vacances, à leur plus grand regret.
 
Jonglage, jeux de ficelle et pōpoi

À Rapa, les jeux de ficelle perdurent. Parents et enfants le pratiquent quand ils ont un moment de détente.
À Rapa, les jeux de ficelle perdurent. Parents et enfants le pratiquent quand ils ont un moment de détente.
La délégation de Rapa avait placé au préalable, sur scène, une presse en bois, des sièges, des pierres, des feuilles de 'autī mais aussi des huttes. Pendant toute la matinée, les Rapa ont chanté et dansé, jonglé, manipulé des ficelles et ont aussi fait du feu à partir de morceaux de bois ou bien encore préparé du pōpoi. Le jeu de ficelle reste très pratiqué sur l’île. “On a différentes figures, on fait ça pour se détendre quand on rentre du fa’a’apu par exemple”, raconte Naarii Poo, membre du To'ohitu, le conseil des sages. Les adultes ont à cœur de transmettre cette pratique aux enfants, “quand ils veulent bien écouter”, s’amuse Naarii Poo. Le jonglage avec des oranges en revanche ne fait plus partie des usages. “C’est à ce niveau qu’un événement comme le festival prend tout son sens”, indique Tua Nari, le tāvana. “Cela nous permet de remettre certaines pratiques au goût du jour, et c’est vraiment important. On va faire en sorte de relancer le jonglage à la prochaine saison des oranges, en juillet. Nous sommes la dernière génération à avoir vu toutes les pratiques de nos anciens.”
 
Le pōpoi est fabriqué à base de taro, et non de ‘uru. Ce sont les femmes qui sont chargées de la tâche. Elles n’utilisent ni penu, ni 'ūmete. Elles réduisent d’abord le taro en une espèce de purée, puis malaxent la pâte pour faire entrer de l’air et la rendre plus souple. “C’est notre pain, on en mange tous les jours, ou presque !”, plaisante le tāvana.
 
À l’issue de la représentation, des tables ont été disposées sur la scène. Sur chacune d'elles se trouvaient divers mets placés sur de grandes feuilles de 'autī. “On a du aki, qui est le fruit d’un palmier qu’on ne trouve qu’en montagne, du mikaka, c’est le taro, du morari, le rori, un peu de fe'e, la pieuvre, ainsi que du kopai faraoa et du kopai māniota qui sont des préparations à base de manioc”, a décrit Ida Pukoki. S’ajoutaient à cela le popoi et son marakete, une sauce à base de racines de 'autī. Le public a été invité à déguster les mets.
 
3 tonnes de fret

Rapa a apporté 1 tonne de nourriture : chèvres, pua’atoro, poissons, tubercules, fruits… et deux tonnes de fret supplémentaires pour les accessoires, instruments…
Rapa a apporté 1 tonne de nourriture : chèvres, pua’atoro, poissons, tubercules, fruits… et deux tonnes de fret supplémentaires pour les accessoires, instruments…
“On a tout apporté de Rapa”, a précisé Naarii Poo ajoutant que la délégation avait voyagé avec trois tonnes de fret, dont une de nourriture. “On a avec nous de la chèvre, du pua’atoro, du poisson, des fruits et légumes, tout ce qu’il faut pour le umu ahima’a de mardi midi.” Deux ahima’a sont prévus dans la semaine. Rapa et Rimatara s’occupent de celui de mardi, Rurutu et Raivavae de celui de vendredi.
 
À Rapa, le repas communautaire est une habitude. Il a lieu tous les premiers dimanches du mois après la messe dans l’un ou l’autre des villages. “On alterne, un dimanche c’est le village de Ahurai qui s’en occupe, le suivant c’est Area.” Area qui est plutôt, selon les Rapa, un district. La mairie étant à Ahurai.

Raivavae et Rimatara remportent les courses

Course de porteurs de fruits lundi après-midi. C'est Raivavae qui l'a remporté chez les femmes.
Course de porteurs de fruits lundi après-midi. C'est Raivavae qui l'a remporté chez les femmes.
Lundi après-midi, une course de porteurs de fruits a été organisée. Chaque équipe était constituée de quatre coureurs pour cette course en relais. L’île de Raivavae est sortie vainqueur chez les femmes, Rimatara l’a emporté chez les hommes.
 
Un village des artisans a été monté à l’extérieur du chapiteau. Chaque île y tient son stand et présente ses réalisations. Rapa est venue avec de nombreux objets à base de roseaux des montagnes. Comme l'explique Hinano Faraire, qui tient le stand : “C’est un matériau que l’on utilise encore beaucoup. Les māmā aiment le travailler, il permet de faire des chapeaux, des couronnes, des serre-têtes qui ont l’air si fins qu’ils ressemblent à de la dentelle.” Samedi soir, lors de la présentation des délégations, les têtes des femmes de Rapa étaient toutes ornées d'un chapeau en roseau. Elles ont fait sensation dans le public.

Une partie du conseil des sages, le To'ohitu, a fait le déplacement pour le festival. Ils étaient sur scène avec la délégation.
Une partie du conseil des sages, le To'ohitu, a fait le déplacement pour le festival. Ils étaient sur scène avec la délégation.

Contrairement aux jeux de ficelle, le jonglage avec des oranges ne fait plus partie des usages.
Contrairement aux jeux de ficelle, le jonglage avec des oranges ne fait plus partie des usages.

La délégation a montré comment avec deux morceaux de bois, il était possible de faire du feu. "Aux amateurs de Koh-Lanta !", a lancé l’animateur Pierrot Faraire.
La délégation a montré comment avec deux morceaux de bois, il était possible de faire du feu. "Aux amateurs de Koh-Lanta !", a lancé l’animateur Pierrot Faraire.

À Rapa, le popoi est fabriqué non pas à partir de ‘uru mais à partir de taro. Il est consommé au quotidien ou presque, "c’est un peu comme notre pain", plaisante Tua Nari, le tāvana.
À Rapa, le popoi est fabriqué non pas à partir de ‘uru mais à partir de taro. Il est consommé au quotidien ou presque, "c’est un peu comme notre pain", plaisante Tua Nari, le tāvana.

Cours de porteurs de fruits, l’île de Rimatara est sortie vainqueur chez les hommes.
Cours de porteurs de fruits, l’île de Rimatara est sortie vainqueur chez les hommes.


Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 7 Novembre 2022 à 16:14 | Lu 1582 fois