Tahiti Infos

Raihau Mahutatua, cheffe de police à Papara


“Ce n’était pas une barrière pour moi”, confie Raihau Mahutatua, première femme cheffe de brigade à Papara (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
“Ce n’était pas une barrière pour moi”, confie Raihau Mahutatua, première femme cheffe de brigade à Papara (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 3 février 2025 – Raihau Mahutatua a pris la direction de la brigade de la police municipale de Papara en septembre dernier. À seulement 35 ans, elle fait partie des rares femmes à exercer cette fonction en Polynésie française. Retour sur le parcours inspirant de cette jeune mūto’i passée par le concours des cadets de la République.

 
Précise et déterminée, Raihau Mahutatua va droit au but en interview, comme dans la vie. “Depuis que j’avais 16 ans, mon souhait, c’était de rentrer dans l’armée de Terre. Mes parents ont toujours refusé. J’ai fini par faire un baccalauréat littéraire et des études en histoire-géographie à l’Université de la Polynésie française. En deuxième année de licence, j’ai décidé d’entrer dans la vie active”, se souvient-elle.
 
Après avoir enchaîné différents emplois alimentaires, en 2014, un déclic survient avec l’arrivée de son fils : “Je me suis dit qu’il me fallait un vrai métier. Le concours des cadets de la République de la police nationale est arrivé à ce moment-là. Je l’ai tenté et je l’ai réussi !”.
 

​“J’ai trouvé ma vocation”


Une formation d’un an s’en est suivie à Saint-Hilaire. “C’était beaucoup de sacrifices. Mon fils venait d’avoir un mois, mais je ne regrette pas : aujourd’hui, je ne me vois pas exercer un autre métier que celui de policier. J’ai trouvé ma vocation. (...) Je remercie mon fiancé qui me soutient depuis mes débuts ”, confie la jeune femme, sortie major de promotion en 2016. Elle a directement intégré les rangs de la police aux frontières à l’aéroport de Faa’a. En 2020, elle a rejoint la brigade de la police municipale de Papara, où elle réside depuis dix-sept ans. Entre temps, elle a également eu la joie d’accueillir une petite fille.
 
Entrée au grade de gardien, Raihau Mahutatua a passé avec succès le concours de cheffe de service, fonction qu’elle exerce depuis septembre dernier. “Ce que je voulais, c’est monter en compétences, et faire de même pour l’ensemble des agents de la brigade. Il y a déjà eu pas mal d’évolutions en quelques mois”, indique la responsable de 35 ans, dont le quotidien a lui aussi changé. “Je vais en intervention sur le terrain pour renforcer les équipes en cas de besoin ou pour les grosses affaires. Sinon, je m’occupe de toute la partie administrative pour préparer le travail des équipes. Je suis aussi en contact avec ma hiérarchie, la maire, les adjoints et la directrice générale des services”.
 

Entre terrain et administratif, elle supervise une équipe de 20 agents pour assurer la sécurité publique.
Entre terrain et administratif, elle supervise une équipe de 20 agents pour assurer la sécurité publique.

Féminiser la profession


Les nuisances sonores, la sécurité routière, les rixes et les violences intrafamiliales font partie du quotidien de la brigade, qui se féminise progressivement. “On a toujours eu des chefs masculins, donc c’est nouveau pour nous d’avoir une femme aux commandes. Ça change ! Ce n’est pas un poste facile et je ne peux que l’encourager”, salue Laundry Taea, comptant parmi les anciens de la police municipale de Papara. “On a aussi deux femmes qui ont rejoint la brigade l’an dernier. C’est une bonne chose pour les interventions qui impliquent des femmes ou des jeunes filles. On a quatre équipes sur le terrain : l’idéal, ce serait de réussir à avoir une femme par équipe”, poursuit-il, au sujet de cette plus-value féminine.
 
Pour l’heure, la brigade de Papara compte 21 agents, dont trois femmes. Fière du chemin parcouru, Raihau Mahutatua encourage d’autres jeunes femmes à se lancer : “Ce n’était pas une barrière pour moi. À chacun de mes entretiens, on m’a posé la question de la place de la femme dans ce type de métier. C’est une question que j’ai toujours eu du mal à comprendre : pour moi, la place de la femme est là où elle le veut. Il faut se donner les moyens et y aller : même si parfois elles vont se heurter à des obstacles, il faut continuer et ne rien lâcher”
 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Lundi 3 Février 2025 à 16:30 | Lu 4664 fois