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Rachat de deux hôtels du groupe Wane : le gendarme de la concurrence dit oui


En avril, le gouvernement avait autorisé le rachat par le groupe chinois HNA Tourism Company Ltd de deux hôtels détenus par l’homme d’affaires Louis Wane. Photo : Hilton
En avril, le gouvernement avait autorisé le rachat par le groupe chinois HNA Tourism Company Ltd de deux hôtels détenus par l’homme d’affaires Louis Wane. Photo : Hilton
PAPEETE, le 11 août 2016. L'autorité de la concurrence a dit oui par Hainan au rachat des hôtels Hilton Moorea et Saint Régis à Bora Bora; possédés jusque-là par le groupe Wane. Ce rachat permettrait même de favoriser la concurrence selon l'autorité de la concurrence. "La structure du marché devient en réalité plus concurrentielle", note-t-elle.

En avril dernier, le conglomérat chinois Hainan annonçait le rachat des hôtels Hilton Moorea et Saint-Régis Bora Bora, qui appartenaient alors au groupe Wane.

En juin, l'autorité de la concurrence s'est donc emparée de ce dossier pour examiner la capacité de chaque acteur hôtelier à animer la concurrence dans ce secteur touristique et voir si ce rachat est "susceptible de porter atteinte à la concurrence par le biais d'effets horizontaux ou congloméraux" et de placer le groupe acheteur en situation de quasi-monopole ou de monopole (lire ci-dessous).

La décision de l'autorité de la concurrence est parue au Journal officiel ce mardi 9 août : "L'opération (…) est autorisée". C'est la première décision de l'autorité de la concurrence publiée en matière de concentration.
L'Autorité de la concurrence a toujours sur son bureau le dossier du rachat des hôtels Sofitel Ia Ora, à Moorea, ainsi que Sofitel Marara et Private Island à Bora Bora par le groupe Grey. La décision devrait être prochainement rendue.

"UN CONGLOMERAT FONDE EN 1993"
Dans sa décision, l'autorité de la concurrence commence par rappeler qui est le groupe Hainan. "HNA tourism (HK) Group Co. Limited est une société de droit hongkongais, filiale à 100% de la société de droit chinois HNA Tourism Group Co. Limited, elle-même détenue par le groupe chinois HNA", indique la décision. "Ce dernier est un conglomérat fondé en 1993, organisé autour de différents pôles d'activité, dont les principaux sont le tourisme (HNA Tourisme), l'aviation (HNA Aviation), les services bancaires et financiers (HNA capital); la logistique (HNA Logistics) et le capital-investissement (HNA Holding). Aucune des filiales de HNA Groupe n'avait jusqu'alors d'activité en Polynésie française. HNA tourisme est présente en Asie, en Europe, en Amérique du Sud et en Amérique du Nord, à travers une vingtaine de filiales."

Pour prendre leur décision, les spécialistes de l'Autorité ont regardé si le rachat allait favoriser ou freiner la concurrence. "L'opération n'entraîne aucun chevauchement d'activité entre les parties, le groupe HNA n'étant pas présent sur les marchés de l'hôtellerie en Polynésie française", indique l'Autorité. "L'opération n'est donc pas susceptible de poser des problèmes de concurrence. Au contraire la structure du marché devient en réalité plus concurrentielle à l'issue de l'opération dans la mesure où le groupe Louis Wane possède d'autres hôtels en Polynésie française notamment le Hilton Bora Bora Nui Resort et spa, qui ne sont pas inclus dans le périmètre de l'opération notifiée." Ce rachat est donc plutôt une bonne nouvelle en matière de concurrence. "Nous n'avons pas d'appréciation subjective à donner", commentait ce jeudi Jacques Mérot, président de l'autorité polynésienne de la concurrence. "Mais un opérateur de plus, ça ne peut pas être mauvais pour la concurrence."

Sur le marché des hôtels cinq étoiles, les principaux concurrents seront le "groupe Barbion FHP (avec un hôtel à Bora Bora et un à Huahine) et le groupe Pacific Beachcomber (avec un hôtel à Bora Bora et un à Tetiaroa)", note le gendarme de la concurrence.

HNA Group envisage aussi l'ouverture de lignes aériennes régulières entre Pékin et Papeete.
Les touristes chinois ne représentant que 5 202 des 129 746 touristes ayant séjourné en hébergement terrestre marchand en Polynésie française en 2015 soit 4%.


Sous la loupe de l'Autorité de la concurrence

Depuis la création de l'Autorité de la concurrence en début d'année, les acheteurs d'une entreprise ou d'une partie de celle-ci doivent le lui notifier et présenter un dossier lorsque les entreprises concernées réalisent ensemble un chiffre d'affaires hors taxes total en Polynésie française de plus de 2 milliards de Fcfp et qu'une de ces entreprises au moins a réalisé en Polynésie française un chiffre d'affaires supérieur à 500 millions de Fcfp.
Lors de l'achat d'une ou plusieurs entreprises, l'Autorité de la concurrence doit regarder si cette acquisition est "susceptible de porter atteinte à la concurrence par le biais d'effets horizontaux ou congloméraux", et ne mettrait pas le groupe acheteur en situation de quasi-monopole ou de monopole.

Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 11 Août 2016 à 11:37 | Lu 6082 fois