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RTP-ARO nō Pōrīnetia poursuit ses rencontres sur la retraite


Mahinui Temarii de RTP-ARO nō Pōrīnetia et ses acolytes ont rencontré le haut-commissaire, René Bidal, vendredi après-midi.
Mahinui Temarii de RTP-ARO nō Pōrīnetia et ses acolytes ont rencontré le haut-commissaire, René Bidal, vendredi après-midi.
PAPEETE, le 8 septembre 2018 - Son secrétaire général, Mahinui Temarii et quelques représentants des autres organisations syndicales réunies au sein de RTP-ARO nō Pōrīnetia ont rencontré le haut-commissaire, vendredi après-midi. Les discussions se sont portées sur le projet de loi du pays concernant la retraite.

Depuis le vote de cette loi du pays au sein de la commission de la Santé à l'assemblée, le 30 août dernier, les leaders syndicaux de RTP-ARO nō Pōrīnetia (Rassemblement des travailleurs polynésiens – 'Āmuitahira'a o te mau rave 'ohipa nō Pōrīnetia), mené par Mahinui Temarii ont décidé de prendre leur bâton de pèlerin afin de rencontrer toutes les forces vives de ce pays.

Les principaux leaders de cette confédération ont déjà rencontré les maires, en milieu de semaine dernière. "Les tāvana se sentent concernés, parce que 2/3 des cotisations sont supportées par les fonds des administrés, au travers du budget de la commune, lorsqu'ils paient leurs travailleurs", explique Vatea Heller, de la Cosac de Faa'a.

Vendredi après-midi, les leaders syndicaux ont été reçus par le haut-commissaire, René Bidal. "Nous savions déjà que ce n'était pas de sa responsabilité, mais celle du pays", indique Vatea Heller. Et durant les échanges, le haut-commissaire leur a parlé d'une convention État/Pays, "pour étayer les souffrances de la CPS sur les personnes qui ne travaillent pas, le RSPF, la maladie et le social", rajoute Mahinui Temarii, secrétaire général de RTP-ARO nō Pōrīnetia. "Cette convention va couvrir certains frais de la maladie et de la santé. Pour faire quoi ? Eh bien, pour mettre un pansement sur un trou de la taille de milliards de francs, et qui doivent être supportés par une augmentation de la durée de cotisations des travailleurs. Il y a des gens qui paient et il y a des gens qui ne paient pas", poursuit Vatea Heller.

RTP-ARO nō Pōrīnetia continuera ses rencontres avec les forces vives de ce pays. "On a vu le président du Syndicat pour la promotion des communes (SPC). Peut-être qu'on verra aussi le président du pays. On est prêt à discuter avec tout le monde", assure Mahinui Temarii.

Leur objectif n'est pas simplement d'échanger sur un texte, mais d'essayer d'apporter des avis qui pourraient "aider" la CPS à aller mieux, et plus particulièrement, la retraite. "Comment est-ce qu'on peut parler de la retraite sans parler de remplir la caisse. Il faut qu'on arrive à trouver les moyens pour remplir la caisse. On n'a pas de solutions miracles, par contre, ce sont des décisions qui doivent être prises. Pourquoi ne pas parler de défiscalisation de la santé et de la maladie ? C'est-à-dire que sur les 16 %, on met 1 % pour la maladie, pourquoi pas ? Pourquoi est-ce qu'on ne parlerait pas de retraite par capitalisation ? Ce système existe déjà à la CPS, c'est un système qui doit être réformé en profondeur. Il faut arrêter de mettre des pansements. Il faut qu'on arrive à travailler en profondeur sur la réforme de la PSG", souligne Vatea Heller.

Et le représentant de la Cosac de Faa'a de s'interroger sur les réformes qui n'ont jamais abouti. "Depuis 1995, les décisions politiques ont plombé la PSG. Et aujourd'hui, la décision politique qui est mise en place ne va pas résoudre le problème. Il y a 30 000 patrons et 61 000 travailleurs qui paient à la CPS, ce qui représente 124 milliards de francs, dont 38 milliards qui sont alloués à la retraite. Comment sommes-nous arrivés à ce déficit ? L'argent a été utilisé par des subterfuges politiques au travers des réformes qui n'ont jamais abouti. Aujourd'hui, ils veulent augmenter la cotisation, mais est-ce qu'on a parlé de remplir les caisses ? Eh bien non. Et comment pourrait-on remplir les caisses ? Peut-être par une nouvelle taxe ? Peut-être en diminuant les frais de santé ? C'est la raison pour laquelle, depuis le début des discussions, nous disons qu'il faut travailler sur la maladie d'abord. Si on a des problèmes à la CPS, c'est à cause de toutes ces volontés politiques qui n'ont jamais été jusqu'à leurs termes", regrette Vatea Heller.

Malgré certaines portes qui restent fermées face à leurs sollicitations, les représentants de RTP-ARO nō Pōrīnetia assurent qu'ils ne baisseront pas les bras. Mais, "nous sommes prêts à arrêter de travailler. Et si la manutention arrête de travailler, plus rien ne sortira du port. On s'arrêtera pour nos enfants, vos enfants", conclut Mahinui Temarii.


Vatea Heller
Représentant de la Cosac à Faa'a

"Nous voulons juste que la vérité soit rétablie"


"La réforme de la PSG, aujourd'hui, telle qu'elle est présentée, ça ne va pas. Si derrière, on a la confirmation que la deuxième étape sera de réformer en profondeur la maladie, personne ne sera contre. Mais aujourd'hui, on reprend encore une décision comme en 1995, en donnant gratuitement la tranche B à 3 000 travailleurs qui devaient partir à la retraite parce que les essais nucléaires avaient été arrêtés. On va refaire une mesure comme celle-là, transitoire, sans accompagnement ? Nous sommes des personnes responsables et nous pensons aux futures générations. La retraite est un contrat intergénérationnel. Aujourd'hui, nous payons la retraite de ceux qui sont à la retraite. Et demain, nos enfants paieront notre retraite. Mais tel que c'est présenté, nos enfants n'auront jamais de retraite. Ils vont travailler pour rien. Qu'est-ce qui va se passer ? Eh bien, le ticket modérateur qui nous permet de nous faire rembourser les 75 % du montant de la consultation chez un médecin va diminuer. Demain, on va être remboursé à 50 %, puis 40 %, jusqu'au moment où on ne va plus être remboursé. Ce seront encore les travailleurs qui vont payer plein pot. La PSG, c'est aussi le RSPF, c'est 80 000 personnes qui touchent une pension de vieillesse, à 80 000 francs. Alors que des retraités qui ont cotisé pendant un certain nombre d'années, ne touchent que 40 000 francs. Nous ne sommes pas tous égaux devant l'impôt, la CST est un impôt maquillé puisqu'elle apparait sur les fiches de paie. Mais c'est un impôt qui sert à financer le RSPF, c'est une volonté politique qui est financée par les patrons et les travailleurs.
La solution la plus simple serait que le gouvernement puisse développer ce pays en tenant les promesses électorales. En 2017, ce sont 1600 emplois qui ont été créés, alors qu'ils avaient avancé le chiffre de 15 000 emplois créés durant leur campagne électorale.
À l'heure où nous parlons, il y a 3000 retraités qui touchent leur retraites et qui continuent de travailler. D'accord, ils cotisent à fonds perdus à la Caisse. Mais ce sont 3000 postes qui peuvent être occupés par d'autres personnes, ou bien, ils pourraient renoncer à leur pension de retraite et continuer à être dans le monde du travail. Ça va créer des richesses supplémentaires dans la caisse. Mais ce sont des volontés politiques qui doivent être discutées. La vérité des chiffres ne sort pas. Depuis 1995, le cadeau que le président de l'époque a offert à ceux qui sont partis à la retraite. Combien ça a coûté ? C'est bien pour eux, ils ont touché deux fois leur retraite sans avoir cotisé, mais ça a généré un trou qui s'est agrandi depuis 1995. Nous sommes aux alentours des 50-60 milliards de francs.
Nous voulons juste que la vérité soit rétablie. Aujourd'hui, on va mettre en place une nouvelle réforme sur la retraire, mais on n'a pas rempli les caisses. Dans 5 ans, on va se revoir avec un problème à la CPS, qu'il y ait la relance économique ou pas. Et nos enfants vont en pâtir parce qu'ils n'auront pas les mêmes avantages que nous. Ils n'auront pas la même retraite, et c'est ce que nous dénonçons. On est en train de bousiller l'avenir de nos enfants.
"



le Samedi 8 Septembre 2018 à 13:12 | Lu 2011 fois