Tahiti Infos

Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?


Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?
PAPEETE, le 18 avril 2017. À moins d'une semaine du premier tour de l'élection présidentielle, organisé ce samedi au fenua, voici un tour d'horizon des propositions des onze candidats. Certains sont favorables au maintien de la sur-rémunération des fonctionnaires, d'autres envisagent sa suppression. Lorsque l'un veut transformer "le contrat de projets en contrat de progrès", l'autre prône le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Voici ce que proposent chacun des candidats pour la Polynésie française ou plus largement pour l'outre-mer.

Nathalie Arthaud : Défendre les "exploités de France et d’Outre-Mer"

Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?
La candidate "des travailleurs" s’attache à défendre les "exploités de France et d’Outre-Mer". En précisant que la situation du monde du travail y est "encore plus difficile qu’en Métropole". Son programme se fonde sur "les besoins vitaux de la population laborieuse, salariés, chômeurs, retraités" en réclamant un emploi et un salaire décent pour tous. La candidate de Lutte Ouvrière veut un "emploi et un salaire décent pour tous".

Concernent l'indemnisation des victimes des essais nucléaires, "la caractérisation choquante de «caractère négligeable » des essais nucléaires dans l’apparition de certaines maladies a été supprimée, ce qui permettra une plus large indemnisation des victimes", souligne Nathalie Arthaud. "Mais tout le passé montre que la vigilance doit rester de mise et que ce combat est loin d’être terminé." Concernant l'emploi, La candidate de LO souligne que "La jeunesse doit pouvoir se former à l’égal de celle de l’hexagone à tous les savoirs, à toutes les sensibilités et à tous les métiers. Elle doit trouver également un travail, bénéficier des services publics, d’activités sportives et culturelles, bref d’un avenir digne de ses aspirations et de ses capacités."

Au sujet du statut de la Polynésie, elle précise : "En tant que communiste, je reconnais bien sûr aux peuples qui en expriment le souhait le droit de choisir la forme de gouvernement qu’ils désirent, y compris en se séparant de la France. Il est difficilement concevable que la politique de ces territoires restent pour l’essentiel dépendante des choix effectués à l’autre bout de la terre dans les ministères parisiens. Mais en tant que communiste toujours, je milite pour une société débarrassée des frontières et de l’exploitation où les peuples pourront s’associer, coopérer et circuler librement sur la base la plus large possible. Et pour cela, il faudra avant tout se débarrasser de la domination exercée par la bourgeoisie et les capitalistes. En Polynésie comme ailleurs."

Soutien : Nathalie Arthaud n'a pas de soutien officiel en Polynésie française

François Asselineau : "Redynamiser l'outre-mer"

Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?
François Asselineau est le candidat de l'UPR (Union Populaire Républicaine), formation qu'il préside après l'avoir créée en mars 2007. Il a notamment été inspecteur des finances. Dans sa déclaration de patrimoine, on apprenait qu'il possède deux appartements en Polynésie française, de 72m2 et 55m2, estimés au total à 33 millions de Fcfp.
Son programme indique qu'il souhaite "gérer la ressource environnementale de l'outre-mer, pépites de la nation". Il précise qu'il souhaite "adopter une politique de redynamisation de l'Outre-mer français". Pour cela, il compte "développer et subventionner les dessertes aériennes pour ces territoires, développer un vaste programme d'échanges scolaires" et "prendre l'île de La Réunion comme modèle national d'intégration sociale".
A noter que François Asselineau est le candidat du "Frexit", il veut faire sortir la France de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan. Son programme prévoit aussi de rendre inéligibles à vie les élus reconnus coupables de corruption.

Soutien
Jérôme Gasior est le référent en Polynésie de François Asselineau. Il revendique une centaine d'adhérents.

Benoît Hamon : "Un fonds pour l’égalité réelle"

Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?
Le candidat du Parti socialiste compte débloquer un « fonds pour l’égalité réelle » dans les outre-mer de 2,5 milliards d’euros (298.3 milliards de Fcfp) sur cinq ans. Ce fonds sera principalement affecté à "la construction d'infrastructures structurantes et en fonction des priorités définies par les plans de convergence de chaque territoire".
Dans les écoles, l'ancien ministre de l'Education nationale, promet de limiter à vingt élèves les classes de CP, CE1 et CE2 dans les territoires ruraux et en outre-mer. Il indique aussi que "l'histoire des outre-mers sera ajoutée aux programmes scolaires de tous les élèves" et qu'il "financera une chaire d’excellence consacrée aux outre-mer".
Concernant la sécurité, il indique qu'une "prime en zone de sécurité prioritaire sera attribuée à l'ensemble des gendarmes et policiers, ainsi que dans les outre-mers".
Benoît Hamon annonce également qu'il "maintiendra la sur-rémunération des fonctionnaires", et qu'il "assurera l'égalité dans l'accès aux services publics dans ces collectivités en tenant compte des spécificités de chaque territoire".

Soutien :
En 2012, Le Tavini avait soutenu François Hollande. Mais le parti indépendantiste a cette fois décidé d'appeler à l'abstention. Jacky Bryant de Heiura les Verts a annoncé son soutien à Benoît Hamon.
 

Emmanuel Macron : "Maintien de la surrémunération"

Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?
Dans son programme dédié à l’Outre-Mer, Emmanuel Macron prévoit des billets d’avion à prix aidés pour les ultramarins, en particulier les étudiants et les entrepreneurs. Le candidat d’En Marche soutient le maintien de la surrémunération des fonctionnaires, en raison de la vie chère.
L'ancien ministre de l'Economie a demandé à ce comité de travail de rédiger des recommandations pour le fenua. Ce comité a listé quatre priorités. D'abord, la lutte contre la cherté de la vie. "Dans le cadre de ses compétences et de par son pouvoir de persuasion lié au fait qu’il soit le premier bailleur de fonds du Pays, l’Etat s’engage à créer les conditions de diminution du coût de la vie", indique le comité local qui propose notamment que les " taux bancaires soient fixés par le haut-commissaire au même niveau que les taux pratiqués en France métropolitaine". La continuité territoriale, au sein de la France, du Pacifique et entre les îles, est la seconde priorité du comité local.
Pour favoriser l'emploi, les soutiens au candidat Emmanuel Macron souhaitent mettre en place une "préférence locale appliquée au travail ainsi qu’à l’attribution des marchés publics".
Enfin le comité local compte créer une "Assurance Formation". "Les salariés, fonctionnaires, patentés, chefs d’entreprise ayant involontairement perdu leur emploi bénéficie(raient) d’une assurance formation. Ils (seraient) rémunérés à la condition sine qua non de suivre une formation qualifiante correspondant au marché local du travail", souligne le document du comité polynésien.

Soutien :
Heimana Garbet est le Référent du mouvement en Marche pour la Polynésie française. Tau Hotu Rau soutient aussi Macron.
 

Jacques Cheminade Nucléaire : une "étude sérieuse sur les maladies transgénérationnelles"

Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?
Le candidat de Solidarité et progrès fait figurer les outre-mer dans le volet « revitaliser nos territoires ». Il annonce qu'il proposera "un pacte de progrès et de solidarité" aux Drom-COM basé autour de six principes : "combattre tous les retards dans les conditions d’existence et l’exercice des libertés publiques, en finir avec une économie comprador, mettre fin au système malsain de contrôle par l’assistanat, promouvoir une politique de réel développement économique, agricole, industriel (et touristique) échappant à l’emprise de la bourgeoisie comprador, créer les conditions dans lesquelles nos DROM-COM seront progressivement intégrés dans les régions qui les environnent, promouvoir ce que la République a toujours eu de meilleur, l’affranchissement par la connaissance"
Il entend instaurer « un enseignement obligatoire de deux heures par semaine sur les humanités kanak, créoles et polynésiennes et en langue régionale ».
Concernant spécifiquement le fenua, il indique que "les investissements actuellement proposés par la Chine doivent être réellement orientés vers les infrastructures de base, au profit de l’emploi et de la formation sur place, et en vue de nouveaux marchés pour les produits locaux."
Il annonce vouloir "classer les atolls de Moruroa et de Fangataufa comme sites de stockage radioactifs pour les inscrire à l’inventaire des sites contaminés" et souhaite "une signalisation des risques, un contrôle d’accès des zones et surtout une décontamination". Enfin, il compte "lancer une étude sérieuse sur les maladies transgénérationnelles touchant les Polynésiens et les anciens travailleurs du CEP, tout en multipliant les capacités sanitaires de traitement des cancers sur place".

François Fillon : "Un contrat de progrès "

Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?
François Fillon a adressé une lettre aux Polynésiens. Il y prend des engagements dont certains sont déjà inscrits aujourd'hui dans l’accord de l’Elysée pour le développement de la Polynésie française, conclu début mars à Paris.
"Les expérimentations nucléaires ont eu un impact économique, sanitaire, environnemental et social", reconnait François Fillon. "Il convient de mesurer précisément et d’assumer cette réalité ; le Pacte reconnaîtra ainsi solennellement la contribution de la Polynésie française à la constitution de la force de dissuasion nucléaire de la France".
Concernant les transferts financiers, il indique que "Le Pacte devra inscrire les relations financières de l’Etat et de la Polynésie dans un cadre clair qui sanctuarise les dotations de l’Etat à un montant au moins égal à celui constaté pour l’année 2011". Cette mesure est l'une des 60 visées par l'accord de l'Elysée.
Le candidat souhaite aussi transformer le contrat de projets en contrat de progrès. Celui-ci "devra conforter le potentiel de développement de l’économie bleue de la Polynésie, soutenir les différents secteurs d’activité de la vie locale, en particulier le tourisme" (…) ; "une priorité absolue et un soutien déterminé de l’Etat seront apportés au développement du numérique et du réseau très haut débit en faveur des habitants des différents archipels" (…) ; "l’Etat accompagnera le pays pour créer une véritable filière d’apprentissage adaptée aux spécificités locales" (…) ; "l’Etat accompagnera la Polynésie française par des mesures de renforcement de la continuité interne pour réduire les effets de son éclatement géographique".
François Fillon marque enfin de manière claire son opposition concernant la mutation du statut d'autonomie en un statut de Pays associé. Le candidat de la droite ferme la porte à cette évolution, souhaitée par Gaston Flosse que la candidate du Front National Marine Le Pen s'est engagée à accompagner en cas d'élection à la présidence de la République. Il affirme : "Je ne veux pas de ce « Pays associé » qui est le premier pas vers une indépendance qui ne dit pas son nom et dont les Polynésiens ne veulent pas".
Soutien :
Le Tapura Huiraatira soutient le candidat François Fillon.

Jean-Luc Mélenchon : "Libérer les outre-mer des monopoles"

Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?
Le candidat de la France Insoumise s’attache à "l’égalité réelle pour les outre-mer" en promettant un "plan pluriannuel d’investissement et de développement des services publics" et la suppression des "exemptions fiscales bénéficiant aux ultra-riches pour les investissements outre-mer". Il propose aussi de doter chacun des territoires d’au moins un lycée professionnel maritime.
L’eurodéputé propose, en outre, de développer « des circuits de distribution publics et la production en coopératives » afin de « libérer les outre-mer des monopoles privés et de la captation de la richesse par la rente ».
A noter que le leader de la France insoumise espère pouvoir mettre en place une nouvelle constitution au bout d'un an, s'il accède à l'Élysée. Il prévoit aussi de rendre inéligible à vie tout personne condamnée pour corruption ainsi que le droit de révoquer un élu fautif en cours de mandat à la demande d’une partie du corps électoral.
Soutiens :
Le parti Ia Mana te nunaa a annoncé son soutien au candidat Jean-Luc Mélenchon pour cette élection présidentielle. Sept groupes d'appui de La France insoumise, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, ont été créés en Polynésie française (Arue, Papeete, Punaauia, Faa'a, Papara, Raiatea et Papeno'o). Ces sept groupes, qui rassemblent une centaine de personnes, ne collaborent pas avec le parti Ia Mana Te nunaa.

Jean Lassalle : "Pardon"

Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?
Le candidat du mouvement Résistons ! n’a pas mis en ligne de volet spécifique aux outre-mer dans son projet. Le député (ex-MoDem) des Pyrénées-Atlantiques a toutefois sur LCI demandé « pardon » à ses « compatriotes d’outre-mer » : « Nous vous avons trop oubliés, vous avez subi le même sort que ma vallée des Pyrénées. »

Soutien :
Jean Lassale n'a pas de soutien officiel en Polynésie française

Marine Le Pen : La "notion de pays associé (…) n'est pas un tabou"

Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?
Au sujet de l'autonomie, Marine Le Pen note qu'elle "doit être renforcée et étendue, pour autant que l'Etat conserve ses attributions fondamentales". Pour la candidate, la "notion de pays associé au sein de la France (…) n'est pas un tabou." "Cette évolution statutaire donnerait notamment à la collectivité la compétence pour délivrer des visas touristiques et économiques spécifiques", met-elle en avant.
La candidate du Front national compte aussi mettre en place un "grand ministère de l'Outre-mer".
Au sujet de la santé, Marien Le Pen note : "Il est scandaleux que les Polynésiens reçoivent de la France, par personne, une contribution à leur santé inférieure à celle des étrangers en situation irrégulière ! L’inscription de la préférence nationale dans la Constitution devrait permettre de réorienter des sommes retirées de la contribution à la santé des étrangers vers celle des Polynésiens." Elle indique que "L’État reprendra sa place dans le financement du régime de solidarité territorial".
Au sujet de l'électricité, elle annonce "la mise en place d’une Contribution au service public de l’électricité (CSPE), la Polynésie française devra bénéficier des avantages des dernières technologies en énergies renouvelables, et de ce fait, favoriser par de la défiscalisation, l’implantation en Polynésie française de sociétés françaises en recherche et développement".
Concernant l'Education, elle note que "l’État doit reprendre sa place dans le financement de la construction des établissements scolaires". Elle prévoit ainsi de "rétablir la dotation à 1,8 milliard Fcfp par an afin que la jeunesse de Polynésie française puisse pouvoir étudier dans des conditions matérielles similaires à celles des autres Français du territoire national."
Elle prévoit aussi "l’installation en Polynésie française d’une Université Internationale de la Mer".
En déplacement à La Réunion en novembre, Marine Le Pen avait également annoncé qu’elle supprimerait à terme la surrémunération des fonctionnaires.

Soutiens :
Eric Minardi, président de Te Nati FNP, et le Tahoera'a Huira'atira soutiennent Marine Le Pen.

Philippe Poutou : "Pour l’émancipation des DOM-TOM"

Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?
Si rien n’est évoqué concernant les outre-mer dans son programme en ligne, Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) a expliqué devant les maires de France, le 22 mars, qu’il prônait « l’émancipation », « le droit à disposer d’eux-mêmes car [ces départements d’outre-mer], c’est quand même les restes des colonies "
"On est pour l’émancipation des DOM-TOM qui sont le résidu des colonies. Que les populations puissent décider" avait déclaré le candidat sur son compte Twitter. Il a notamment rajouté par ailleurs qu’il prônait le droit des départements d’outre-mer à "disposer d’eux-mêmes".
"Le NPA a toujours considéré que c’était aux populations de ces dernières colonies de former leurs organisations, leurs exigences face à l’État français. Nous sommes partie prenante des actions de solidarité avec les mouvements anticolonialistes. Pour notre part, nous défendons évidemment le droit à l’autodétermination des populations colonisées et soutenons la revendication d’indépendance de ces territoires. Nous exigeons le retrait de toutes les troupes et installations militaires françaises", peut-on lire sur son site Internet. "La nature des liens à établir entre ces territoires devenus souverains et les autres pays à l’échelle internationale doit être du seul ressort des populations locales. Nous considérons évidemment que la libération des liens coloniaux doit aller de pair avec la libération sociale."

Soutien :
Philippe Poutou n'a pas de soutien officiel en Polynésie française

Nicolas Dupont-Aignan : "Créer de la richesse à partir de la biodiversité marine"

Que proposent les candidats à la présidentielle pour le fenua ?
Dans un chapitre intitulé « vive la continuité territoriale », le candidat de Debout la France liste 23 points de programme spécifiquement dédiés à l’outre-mer. Parmi les mesures phares : celles promouvant la visibilité des Outre-mer en imposant par exemple un quota d’émissions consacrées à l’outre-mer sur les chaînes publiques ; celles prônant la continuité territoriale avec la métropole, en divisant notamment par deux le prix des billets d’avion " dans les deux sens et pour tous" ; celles dédiées au rattrapage scolaire, comme la construction et la rénovation des écoles primaires.
Il souhaite aussi "augmenter dans les programmes scolaires la part des enseignements consacrés à l’histoire et à la géographie des départements et des collectivités d’Outre-mer".
Il compte aussi "augmenter le nombre de places offertes par le service militaire adapté". Il prévoit de "doter la marine nationale des moyens nécessaires à la surveillance des zones économiques exclusives et à l’arraisonnement des pirates"
Enfin, il souhaite "Engager un programme national de recherche-développement publique visant à identifier les gisements de création de richesse à partir de la biodiversité marine et à définir des objectifs et des plans de valorisation public-privé".

Soutien :
Teiva Manutahi, président de Porinetia Ora, soutient Nicolas Dupont-Aignan

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 18 Avril 2017 à 02:00 | Lu 4083 fois