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Quatre ans ferme pour les agresseurs du papy


La victime est sortie de l'hopital aujourd'hui, son visage porte les marques de coups très violents.
La victime est sortie de l'hopital aujourd'hui, son visage porte les marques de coups très violents.
PAPEETE, le 7 juillet 2016 - Le tribunal a rendu son verdict ce soir dans l'affaire des deux individus qui avaient agressé un papy dimanche à Papeete. Les deux jeunes gens écopent de quatre ans ferme avec maintien en détention. Le parquet a demandé une expertise médicale pour la victime.

Jeudi 7 juillet, les agresseurs du septuagénaire, tabassé et volé dimanche dernier, ont été présentés à la justice dans le cadre d'une comparution immédiate. Le papy avance lentement dans la salle d'audience, hésitant, fatigué. Un large pansement blanc lui couvre l'œil. Sa joue droite a doublé de volume. Le septuagénaire est sorti de l'hôpital mercredi où il était rentré dimanche à la suite d'une agression dans Papeete en pleine. Alors qu'il rentrait chez lui ce jour-là vers 17 heures après "avoir bu un café et mangeait un casse-croute" Gilles B. se fait tabasser et voler par deux jeunes. Les individus lui prennent son argent, soit 3500 francs, avant de continuer leur chemin "comme si de rien n'était" a souligné le président du tribunal. Un ingénieur japonais, témoin de la scène, appelle les secours et prend des photos de ces jeunes. Ce sont à l'aide de ces clichés que la police pourra les interpeler plus tard dans la soirée.

A l'audience, les deux prévenus arrivent, encadrés de gendarmes. Ils ont passé leurs dernières nuits à Nuutania. Âgés de 26 et 27 ans, ils sont tous les deux nés à Papeete. Sans emploi, sans véritables domiciles fixes, ils ont été déjà été condamnés par le passé pour des faits similaires. Le plus jeune, Warren, portait même un bracelet électronique au moment de l'agression. Il était sorti de prison quelques jours plus tôt. Quant au plus vieux, Sandy, c'est un habitué des allées du palais de justice et des couloirs de la prison. Ce dernier en est à sa 14ème condamnation. "Vous étiez même convoqué au tribunal mardi dernier, mais vous n'êtes pas venu… Où étiez-vous?" , s'interroge le juge. Le prévenu sourit et répond : "J'ai oublié…"


"Il aurait pu mourir"!" a estimé Me Ceran-Jerusalemy, l'avocat de la victime
"Il aurait pu mourir"!" a estimé Me Ceran-Jerusalemy, l'avocat de la victime
"CERTAINS PAPYS SONT DEJA MORTS"

Interrogés sur leurs actes, les prévenus cherchent à nuancer : "Je l'ai frappé, mais je ne voulais pas le mettre KO, je voulais juste qu'il arrête de se débattre pour qu'on puisse le voler." Chacun leur tour, ils présentent leurs excuses. La victime, fatiguée, ne lève pas la tête.

Le président souligne la gravité des faits et rappelle que la victime est "un homme de 68 ans, placé sous curatelle renforcée." L'homme, originaire du Calvados, serait dans cette situation après avoir subit une autre agression, il y a plusieurs années, qui lui aurait fait perdre certaines de ses facultés.
Lors de sa plaidoirie, l'avocat de la victime, Maitre Ceran-Jerusalemy n'accepte aucune excuse des prévenus et affirme qu'il s'agissait d'un crime gratuit. "Ils auraient pu le tuer!" vitupère t-il. L'avocat souligne l'important coup à l'œil reçu par son client et l'hémorragie provoquée. Il a rappelé que son client n'était pas le seul à avoir été tabassé dans Papeete. "Cela fait beaucoup en un mois! Certains papys sont déjà morts…" Pour l'avocat, la prison ne suffit plus "il faut sévir" .

La défense a insisté sur la personnalité de ses clients : "Ils ont des comportements qui ne sont pas normaux." L'avocate des prévenus a pointé le fait que l'un d'entre eux "a grandi en prison" et que ces allées et venues à Nuutania ne lui avaient pas servi.

Dans son réquisitoire, le procureur a demandé au tribunal de condamner les prévenus à trois et quatre ans de prison avec mandat de dépôt. "14 condamnations, il n'y a qu'en Polynésie française que l'on peut voir ça. Il (NDLR: un des prévenus) met à l'échec notre système de peines…"

Les deux individus ont été déclarés coupables. Le tribunal les a condamnés à quatre an de prison ferme et a demandé leur maintien en détention. Une expertise médicale a été ordonnée pour la victime. Les frais de justice s'élèvent à 80 000 francs et une provision pour les frais médicaux a demandé à hauteur de 400 000 francs.

Les deux jeunes gens ont été reconduits à nuutania
Les deux jeunes gens ont été reconduits à nuutania

Rédigé par () le Jeudi 7 Juillet 2016 à 18:29 | Lu 13570 fois