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Qu'adviendra-t-il des 34 salariés de la fédération "Ta'u tama here" ?


Pas sûr que les 34 postes budgétisés pour la restauration scolaire reviennent aux salariés de la fédération.
Pas sûr que les 34 postes budgétisés pour la restauration scolaire reviennent aux salariés de la fédération.
MOOREA, le 21/06/2017 - Ce vendredi, le conseil municipal de Moorea se réunira pour débattre de plusieurs points, dont la création de 74 postes et la nomination du nouveau directeur de la régie de la restauration scolaire. Des sujets qui pourraient susciter quelques tensions. Selon la représentante de la CSIP, Gisèle Teheiura, des rumeurs circuleraient au sujet des 34 salariés de la fédération en charge de la restauration scolaire. Ils pourraient ne pas être concernés par ces futurs postes.

Un conseil municipal sous haute tension attend les élus de Moorea, ce vendredi. À l'ordre du jour de la réunion la nomination du directeur de la régie de la restauration scolaire ou encore l'ouverture de postes budgétaires, dont 34 qui seront affectés à la restauration scolaire, ce qui représenterait une enveloppe de 90 millions pour la commune.

Et c'est un sujet qui inquiète les 34 salariés de la fédération "Ta'u tama here", gestionnaire de la restauration scolaire sur Moorea, jusqu'au 30 juin. "Notre crainte est de savoir à qui ces postes seront destinés", explique Gisèle Teheiura, représentante de la CSIP. "Il y a des rumeurs qui courent comme quoi ces postes ne seront pas attribués aux cantinières, aux salariés de la fédération, mais ils seront attribués à toutes les personnes qui ont voté pour eux lors de la présidentielle et des législatives", poursuit-elle.

Et en effet, les 34 postes seront bien ouverts à tout le monde. Un appel à candidature sera même lancé. "Lorsque nous nous sommes rencontrés, je leur avais proposé de venir travailler pour la commune et ils n'ont pas accepté. Ils m'ont parlé de leur salaire. Je leur ai bien expliqué le fonctionnement de la CGCT en termes de fonctionnaire public communal, et c'est ce qui explique la diminution de leur salaire. Mais je leur ai expliqué également que j'allais mettre en place des primes pour qu'ils continuent à bénéficier du même salaire et ils n'ont pas accepté", souligne Evans Haumani, maire de Moorea-Maiao.

"Le maire les a obligés à démissionner", répond Gisèle Teheiura, "pour les reprendre en tant que stagiaire pendant 1 ans. En plus de cela, s'ils intègrent la fonction publique communale, ils perdront 50 % de leur ancienneté et cela sera plafonné à 10 ans, on ne peut pas accepter cela."

Sans aucune assurance sur leur recrutement, le personnel de la fédération est atteint psychologiquement. "Ils sont dégoûtés et écœurés comme nous tous d'ailleurs. Surtout quand on voit par qui nous sommes gouvernés. Le sentiment de ce personnel est de la grande déception. C'est malheureux aujourd'hui d'en arriver à ce point-là. Tout est politisé aujourd'hui. Que vont-ils nous sortir encore, il ne faut pas oublier que dans quelques mois, il y aura les élections territoriales. C'est peut-être la raison de la création des 74 postes puisqu'en face, il n'y a pas de noms", indique Gisèle Teheiura.

De son côté, l'opposition a l'intention de maintenir une pression sur l'actuelle majorité. "Voir aujourd'hui 34 familles perdre leur emploi, c'est vraiment notre souci. Au conseil municipal nous allons débattre de ce sujet-là. Et pour avoir la certitude que ces 34 postes reviennent à ces personnes, nous réclamerons à ce que soit inscrit dans la délibération, que ces postes soient prévus pour ce personnel", rajoute John Toromona, maire délégué d'Afareaitu.

Un autre sujet qui fâche, la nomination du directeur de la restauration scolaire. "À l'heure actuelle, il y a eu le transfert de Tania Pani qui vient de Mahina et qui a été mise en intérim, pour le moment, sur le poste de directeur des finances et du matériel (DFM), alors qu'il y a déjà un DFM à Moorea. C'est encore de la mascarade. Le DFM actuel Reynald qui est apparemment en vacances, en congés ou en dispo, continue de percevoir son salaire. Et je suis sûre que le poste de directeur sera attribué à Tania Pani", raconte la syndicaliste.

Vendredi, le personnel de la fédération sera présent au conseil municipal "pour voir ce qu'ils vont décider pour leur avenir. Si ces postes ne reviennent pas au personnel de la cantine, ça va être l'écœurement total et bien sûr nous n'en resterons pas là, je ne peux pas dire les actions que nous mènerons. De toute façon, il y aura une action juridique qui va être menée. Mais, c'est sûr et certain que nous ferons notre possible pour que les élus qui prendront cette décision néfaste ne soient plus à leur poste d'ici la fin de l'année", conclut Gisèle Teheiura.

Les autres postes budgétisés prévus au conseil municipal de vendredi

- L'ouverture de 10 postes à temps complet, dont 2 en spécialité administrative de catégorie C, 6 en spécialité sécurité publique de la catégorie C et 2 en spécialité technique de la catégorie D. Le coût annuel de ces postes s'élève à 33 millions de francs.
- L'ouverture de 30 postes "pour des besoins occasionnels ou saisonniers". Quatre postes spécialité administrative catégorie C, 2 postes en spécialité technique catégorie C, 2 postes en spécialité administrative catégorie D, 8 postes spécialité sécurité civile et publique catégorie D, 10 postes spécialité technique catégorie D, et enfin 4 postes à temps partiels à raison de 33 heures/semaine, spécialité technique catégorie D. Le coût annuel de ces postes s'élève à 77 millions de francs. "Des postes qui seront déjà prêts en cas de besoin", souligne le maire de Moorea-Maiao.

Le tribunal administratif rejette la requête de la CSIP

Le 20 juin dernier, la CSIP a déposé une requête urgente au tribunal administratif sur la situation du personnel de la fédération "Ta'u tama here", de par la reprise de la régie par la commune à compter du 1er juillet et des agissements de la municipalité en termes de liberté du travail.
Le tribunal administratif a donc rejeté cette requête urgente, une décision que respecte le syndicat, mais la guerre n'est pas terminée pour autant.

"Notre requête a été rejetée au motif que notre demande n'est pas urgente malgré qu'une atteinte à des libertés fondamentales soit reconnue. Le tribunal administratif a considéré que compte tenu des modalités de reprise qui ne sont pas déterminés par la commune, eh bien l'urgence relevée par les requérants ne caractérise pas l'urgence fondamentale. À ce titre, nous attendrons les décisions du conseil municipal qui seront prises ce vendredi pour agir encore devant le T.A si les conditions de reprise seront entérinées", explique la CSIP.


le Mercredi 21 Juin 2017 à 20:00 | Lu 4389 fois