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Procès Haiti : "je suis là pour la mémoire de Stefan Ramin" (Me Piriou)


Me Piriou et Me Eftimie-Spitz, avocats des familles de Stefan Ramin et de Heike Dorsch, les parties civiles
Me Piriou et Me Eftimie-Spitz, avocats des familles de Stefan Ramin et de Heike Dorsch, les parties civiles
PAPEETE, 16 mai 2014 – Le dernier jour du procès Haiti s’ouvre ce vendredi après trois longues journées d’instruction à l’audience.

Le marquisien de 33 ans est accusé d’avoir volontairement donné la mort au globe-trotter allemand Stefan Ramin, le 9 octobre 2011, lors d’une partie de chasse à la chèvre, dans une vallée reculée du sud de l’île de Nuku Hiva, aux Marquises. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.

Il a reconnu le meurtre du navigateur allemand. Mais à une exception près, le colosse marquisien de 95 kg n’a cessé d’affirmer au cours de l’instruction qu’il avait commis cet acte "pour punir" Stefan Ramin après que ce dernier l’ait agressé sexuellement. Il prétend avoir été drogué avant d’être ligoté puis abusé. L’intime conviction des jurés au sujet de la réalité de ce viol homosexuel est la clé du sort judiciaire de Arihano Haiti.

"Je suis arrivé à la certitude – je n’ai aucun doute là-dessus – que les choses ne se sont pas passées telles que les a décrites M. Haiti", a affirmé Me Piriou, l’avocat de la famille de Stefan Ramin, lors d’une plaidoirie aux intonations pédagogiques et très morales livrée aux six jurés. Il a également insisté pour rappeler qu’il "est insupportable pour la famille de Stefan Ramin qu’il puisse subsister le moindre doute sur le fait que M. Ramin était un sale type, un pervers qui serait allé aux Marquises pour se faire un chasseur marquisien".

L’enquête de personnalité réalisée dans l’entourage familial, amical et professionnel de Stefan Ramin a établi sans ambiguïté qu’il n’avait aucune pratique ou attirance homosexuelle ayant pu le conduire à agresser le jeune Marquisien pour le sodomiser. Les investigations réalisées sur la personnalité de Arihano Haiti ont en revanche fait apparaître des témoignages sur sa violence, la versatilité de son tempérament et la fréquentation habituelle de raerae.

Stefan Ramin a offert une petite bouteille de rhum à son guide marquisien, lors de la partie de chasse. "Le rhum était-il drogué ?", interroge Me Piriou. "Non" : il rappelle qu’au cours de l’instruction l’analyse du contenu de la bouteille retrouvée sur les indications de Arihano Haiti, dans un fourré de cette fatale vallée de Ua Uka, a permis d’établir que son contenu était exempt de la moindre substance autre que du rhum.

Pour l’avocat, cet élément est la clé. Comment expliquer sinon que l’athlétique marquisien ait pu être victime d’une agression sexuelle de la part d’un Stefan Ramin plus âgé, plus petit et de 20 kg moins lourd que lui. C’est pourtant la seule explication qu’il donne, pour expliquer son acte de barbarie. Lui qui a été reconnu "incapable de négocier sa culpabilité", par l'expert psychologue chargé d'en faire le profil.

Quelle étrange attitude aurait pu inciter Stefan Ramin à détacher le colosse marquisien, après l'avoir violé ? Pourquoi serait-il resté là, au lieu de fuir l'ire du chasseur abusé ? Comment croire qu'après avoir pris un coup de fusil au visage, il aurait roulé par hasard jusque dans un brasier où seront retrouvé les restes de sa dépouille et de ses affaires ? Toutes ces invraisemblances ont été rappelées par l'avocat pour démolir les "fadaises" de l'accusé. Tout comme sa mission, en guise de propos liminaire à près d'une heure et demi de plaidoirie : "je suis là pour défendre la mémoire de Stefan Ramin, son honneur"

Rédigé par JPV le Vendredi 16 Mai 2014 à 10:28 | Lu 2687 fois