Tahiti Infos

Première promotion d’aides-soignantes diplômées en Polynésie : persévérance, passion et fierté


En 2025, la formation DEAS a attiré plus de 200 candidats. Seules 40 personnes ont été retenues.
En 2025, la formation DEAS a attiré plus de 200 candidats. Seules 40 personnes ont été retenues.
Tahiti, le 26 septembre 2025 – Ce vendredi 26 septembre, 14 femmes ont reçu leur diplôme d’État d’aide-soignant (DEAS). Il s’agit de la toute première promotion en Polynésie française. “Un travail collectif”, a salué le ministre de la Santé, Cédric Mercadal. “Une grande fierté”, affirment les 14 nouvelles diplômées.
 
Une vocation”, “une passion”, “un sacerdoce”, ou encore “le lien polynésien” : les mots n’ont pas manqué pour décrire le métier d’aide-soignant célébré à l’occasion de cette remise de diplômes historique, vendredi. “C’est un grand soulagement. C’était une année courte mais intense”, confie Caron Ruihau, 31 ans. Comme elle, Mayana, Joann et les autres avaient auparavant exploré différents univers : cuisine, archéologie, secrétariat, aide à domicile… Mais toutes nourrissaient depuis longtemps le rêve de ce métier. “Cela fait 15 ans que j’essaie de passer ce diplôme”, raconte Mayana Bermond, 43 ans. “C’est un rêve de petite fille qui se réalise. Ça fait du bien”, ajoute avec émotion Joann Lefay, 30 ans.
 
La fierté était d’autant plus grande que la route fut semée d’obstacles. “On est très heureuses. Mais ce n’était pas simple, surtout pour celles d’entre nous qui venaient de la Presqu’île. Entre la circulation, les cours et les stages, il fallait s’accrocher. Certaines n’avaient pas mis les pieds à l’école depuis plus de dix ans”, souligne Caron. Cette première promotion comptait 15 femmes sélectionnées sur dossier parmi 150 candidates. Une seule n’a pas obtenu son diplôme. Les autres, pour la plupart trentenaires, ont choisi de changer de vie et voient désormais leur avenir s’éclairer. Joann intégrera bientôt le service de néonatalogie de l’hôpital du Taaone, tandis que Caron rejoindra la clinique Paofai. Mais ce parcours s’est souvent payé au prix fort. Beaucoup, mères de famille, ont dû renoncer à un salaire, parfois vendre une voiture, afin de concilier études, vie personnelle et contraintes financières. Les étudiantes de plus de 30 ans n’ont droit à aucune bourse, et comme le rappelle Sarah Marcet, responsable de la formation, “ces candidates viennent souvent de milieux précaires”.


Conscient de cette difficulté, le ministre de la Santé a évoqué la possibilité d’un partenariat avec le Service de l’emploi, de la formation et de l’insertion (Sefi) pour soutenir financièrement celles et ceux qui, passé 30 ans, souhaitent se former aux métiers de la santé. Il a également mentionné que le ministère réfléchit à la mise en place d’une VAE (Validation des acquis de l’expérience) pour permettre à ceux qui possèdent déjà une expérience professionnelle dans le domaine de la santé de valider leur diplôme, ouvrant ainsi de nouvelles opportunités de formation pour un public plus large.
 
Un institut dédié à la formation : la réouverture de Mathilde Frébault
 
La cérémonie s’est tenue à l’Université de la Polynésie française (UPF), où la formation a été dispensée. “Vous travaillez pour la construction sociale du pays, pour notre société. Pourtant, ce sont des métiers difficiles”, a déclaré Jean-Paul Pastorel, président de l’UPF. Présent également, le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, “fils d’infirmier”, a tenu à rappeler que “les métiers de la santé et du social sont des métiers essentiels dans une société humaine que nous devons construire ensemble”. Il a annoncé que le Pays prépare déjà de nouvelles formations pour pallier les manques criants en personnel qualifié, tant dans le privé que dans le public. “Jusqu’à maintenant, tout se faisait à l’UPF, mais depuis janvier, nous travaillons à la réouverture de l’institut Mathilde Frébault. Il sera flambant neuf et les formations pourront se poursuivre dans ces locaux dédiés”, a-t-il annoncé.
 
Le ministre de la Santé, Cédric Mercadal, a, lui, rendu hommage au travail collectif ayant rendu possible cette première promotion : “Sans vous, le système de santé n’a pas de sens. Je voudrais saluer l’engagement de tous : le Pays, qui finance la formation ; la Direction de la Santé ; l’hôpital qui a ouvert ses portes pour les stages ; l’UPF et l’État. Chacun a joué sa part pour que ces diplômées puissent renforcer notre système de santé. Ce sont elles qui sont en première ligne avec la population. C’est cela, le lien polynésien.

Une deuxième promotion encore plus nombreuse
 
En 2024, l’UPF a ouvert deux nouvelles formations : le diplôme d’État d’infirmier (DEI) et le diplôme d’État d’aide-soignant (DEAS). Ces cursus, confiés à Ocellia Santé-Social en partenariat avec l’UPF, faisaient suite à un appel à candidatures lancé par le ministère de la Santé et marquaient un tournant décisif après la fermeture des dernières formations diplômantes (diplôme territorial d’aide-soignant) en 2023.
 
En 2024, les deux premières promotions accueillaient 15 étudiants chacune. En 2025, les effectifs ont augmenté : 20 étudiants pour le DEI, dont la formation s’étale sur trois ans, et 40 pour le DEAS. “C’est une formation extrêmement demandée”, souligne Sarah Marcet. “Cette année, nous avons reçu 200 candidatures. L’âge moyen se situe entre 20 et 45 ans pour le DEAS, alors que le DEI attire surtout des jeunes sortant du baccalauréat.

Rédigé par Darianna Myszka le Vendredi 26 Septembre 2025 à 13:04 | Lu 3319 fois