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Pour son 25ème anniversaire, le Groupe Mélanésien Fer de Lance en quête d’un nouvel élan


Les dirigeants du Groupe Mélanésien Fer de Lance devant le siège de cette organisation à Port-Vila.
Les dirigeants du Groupe Mélanésien Fer de Lance devant le siège de cette organisation à Port-Vila.
PORT-VILA, lundi 28 janvier 2013 (Flash d’Océanie) – Le Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL, qui rassemble Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, Fidji et le mouvement politique indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie) a donné le coup d'envoi ce week-end, dans la capitale vanuatuane Port-Vila, qui abrite son secrétariat permanent, des célébrations de son 25ème anniversaire.
Ce premier événement, qui sera suivi de nombreuses autres manifestations dans les pays et territoires concernés, a rassemblé samedi, à Port-Vila, de nombreux dirigeants de Vanuatu, ainsi que le personnel du Secrétariat Général du GMFL, à commencer par son Directeur Général Peter Forau.
Ce dernier, à l’occasion d’une intervention au cours d’une série de tables ronds organisées pour marquer cet anniversaire, a notamment indiqué son intention de faire en sorte que le GMFL demeure pertinent en termes de service auprès des pays et territoires membres.
Il a estimé que cette organisation subrégionale n’avait « pas perdu son chemin » et entendait, courant 2013, engager un processus d’auto-examen et de réformes afin de redéfinir, au besoin, ses orientations à venir.
Ce processus devrait se faire via un groupe de « personnes éminentes », qui devrait rendre son rapport et ses recommandations au terme de ses travaux.
Fidji a d’ores et déjà annoncé son choix en la personne de l’ancien ministre des affaires étrangères Kaliopate Tavola, fort d’une trentaine d’années d’expériences passées à des postes de chef de mission, notamment à Bruxelles.
Les « Melanesian tok-tok » (tables rondes mélanésiennes) de ce week-end, dans un grand hôtel de la capitale, ont été organisées autour de thèmes tels que la construction d’une identité mélanésienne commune et de la poursuite du processus d’unification de cette région qui, à elle seule, rassemble plus de quatre vingt pour cent de la population du Pacifique (8 des 10 millions d’Océaniens sont Mélanésiens).
Lundi, toujours au plan des cérémonies officielles, les dirigeants mélanésiens (dont le Premier ministre de Vanuatu, le chef de la diplomatie fidjienne Ratu Inoke Kubuabola), ont procédé à l’inauguration d’une plaque commémorative pour ce « Jubilé d’Argent » et à celle d’une série de sculptures, en mode chambranle, qui ont été dévoilée et encadrent désormais l’entrée du siège du GMFL, non loin du ministère vanuatuan des affaires étrangères.
Un lâcher de ballons, mais aussi des chants et des danses traditionnels de la région, une cérémonie du kava, ont eu lieu sur le Parc de l’Indépendance, non loin de là.
Les îles Salomon étaient représentées par le Président du Parlement et ancien Premier ministre, Sir Allan Kemakeza, alors que la Papouasie-Nouvelle-Guinée l’était par son diplomate accrédité pour la zone.
Le GMFL, ainsi que plusieurs dirigeants de Vanuatu, ont aussi insisté sur l’importance à leurs yeux d’un renforcement de la solidarité mélanésienne vis-à-vis du processus de décolonisation en cours en Nouvelle-Calédonie.
Le bureau politique du FLNKS de Nouvelle-Calédonie était représenté sur place, ce week-end, par l’ancien Président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, Roch Wamytan, ainsi que Victor Tutugoro.
M. Wamytan, devant l’assistance mélanésienne, a notamment rappelé les échéances à venir dans le processus d’émancipation de la Nouvelle-Calédonie(tracé par l’Accord de Nouméa, signé en 1998 entre partis indépendantistes, non-indépendantistes et le gouvernement français), à commencer par une fenêtre d’opportunité (2014-2018) pendant laquelle pourra avoir lieu un référendum d’autodétermination.
M. Wamytan a par ailleurs évoqué les enjeux géostratégiques et économiques (y compris miniers) représentés par la Nouvelle-Calédonie dans la grande région Pacifique.
« Nous avons atteint un point critique dans notre lutte pour l’indépendance, qui est maintenant à portée de main et nous avons maintenant besoin du GMFL pour nous soutenir », rapporte la presse locale, citant le dirigeant néo-calédonien lors de son intervention.

Ces appels ont notamment rencontré l’écho d’autres intervenants, proches du pasteur Walter Lini, premier chef de gouvernement de la République de Vanuatu à son accession à l’indépendance, en juillet 1980 : la sœur du dirigeant décédé en 1999, Hilda, a invité le GMFL à « ne pas détourner le regard de la lutte indépendantiste en Nouvelle-Calédonie ».
Un hommage appuyé a aussi été rendu au père Walter Lini, Premier ministre de Vanuatu (1980-1991) et qui fut l’artisan de la création du GMFL, en 1983, essentiellement en soutien à la cause indépendantiste en Nouvelle-Calédonie.


Après cette première salve de cérémonie et festivités à Port-Vila, chaque pays et territoire membre devrait, de son côté, devrait décliner l’événement localement, avec, typiquement, une semaine de festivités.
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, cette semaine dédiée à la Mélanésie devrait avoir lieu en février 2013.
À Vanuatu, ce sera en mars, puis en avril aux îles Salomon, Fidji en mai et en juin en Nouvelle-Calédonie, où devrait aussi se dérouler cette année le sommet annuel des dirigeants de ce groupement, a précisé cette organisation dans un communiqué.
Ces célébrations devraient toutes avoir pour point commun les valeurs communes de solidarité et de croissance à l’échelle mélanésienne, pour un groupement de pays qui, rassemblés, représentent environ 80 pour cent de la population totale du Pacifique insulaire.
Créé à l’origine, en 1988 (mi-mars), en soutien au mouvement indépendantiste en Nouvelle-Calédonie, le GMFL a ensuite évolué vers une coopération économique et commerciale (avec un programme d’abaissement des barrières douanières entre États membres), mais aussi politique, et même sécuritaire, avec un projet de création d’une force régionale de police permettant de répondre à d’éventuelles urgences humanitaires ou politiques dans les pays membres.
Plus récemment, un programme de mobilité des travailleurs des pays membres, leur permettant d’obtenir un emploi dans un pays du GMFL, a été mis en place.
Au plan politique, le GMFL a aussi, ces six dernières années, adopté une position décrite comme étant « compréhensive » vis-à-vis de la prise de pouvoir par voie de putsch à Fidji, le 5 décembre 2006, et de celui qui dirige depuis le gouvernement, le Contre-amiral Franck Bainimarama.
Sous l’impulsion de la présidence fidjienne ces dernières années, le GMFL a aussi tenté d’élargir ses horizons en accueillant de nombreux États, à la fois océaniens mais aussi plus distants (comme le Timor oriental, voire l’Indonésie), afin de représenter un contrepoids de fait à l’influence du Forum des Îles du Pacifique, jugé trop influencé par les points de vue de ses deux plus influents membres : l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
La construction du siège du Secrétariat Général du GMFL, inauguré en 2008, a été financée par la Chine.

Mi-janvier 2013, un autre financier est apparu : l’Allemagne, qui a octroyé une subvention de 200.000 euros au secrétariat du GMFL.
Cette enveloppe entre dans le cadre d’une coopération économique et de développement. Et est mobilisée par l’agence allemande pour la coopération internationale (GIZ), via le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS).
Elle est censée financer la création d’un poste au GMFL, qui sera dédié aux questions d’environnement et de changements climatiques.
Wulf Killmann, directeur du GIZ, a signé à Port-Vila la convention de financement avec Peter Forau, Directeur Général du GMFL, le 6 janvier 2013.


pad

Rédigé par PAD le Lundi 28 Janvier 2013 à 05:13 | Lu 1249 fois