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Polynésie: Flosse ira aux élections en dépit de ses affaires judiciaires


Polynésie: Flosse ira aux élections en dépit de ses affaires judiciaires
PAPEETE (PF), 09 nov 2012 (AFP) - L'ancien président de la Polynésie française Gaston Flosse se présentera de nouveau aux élections territoriales, en avril et mai 2013, a-t-il annoncé jeudi à Tahiti, à l'issue du procès en appel de l'affaire des emplois fictifs dans lequel il était le principal prévenu.

Le délibéré sera rendu le 7 février 2013. L'avocat général a requis quatre ans de prison dont deux avec sursis, 84.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité, tandis que les avocats de Gaston Flosse ont plaidé la relaxe.

Si le sénateur (UDI, ex-UMP) était condamné, un recours en cassation pourrait être suspensif, et lui permettrait de rester éligible au moins jusqu'à la fin de l'année 2013.

"J'irai en cassation" a déclaré à l'AFP Gaston Flosse à l'issue du procès.

Il a aussitôt évoqué les élections territoriales de cette collectivité d'outre-mer autonome, qui auront lieu les 21 avril et 5 mai 2013.

"Le temps d'installer l'Assemblée, de faire élire le président, d'installer le gouvernement, je pense que nous allons nous trouver fin mai, début juin : aucune décision, aucun acte d'ici là ne m'interdirait, si la population me faisait confiance, d'exercer des responsabilités" a-t-il affirmé.

Son parti autonomiste, le Tahoeraa Huiraatira, a le vent en poupe, après avoir remporté les trois circonscriptions polynésiennes, aux législatives de juin dernier.

Il sera opposé au Tavini Huiraatira, le parti indépendantiste de l'actuel président Oscar Temaru, et à plusieurs alliances politiques qui tenteront de mettre fin à quarante ans d'hégémonie de ces deux leaders sur la vie politique locale.

"Cohésion sociale"

Gaston Flosse était jugé depuis le 29 octobre pour détournement de fonds publics et prise illégale d'intérêts, pour avoir recruté durant une dizaine d'années, à compter de 1995, de nombreux agents en contrats cabinet qui étaient mis à disposition de communes, de syndicats, ou d'associations.

L'avocat de la Polynésie française, Me Ralph Boussier, a reproché à Gaston Flosse le "système clientéliste" qu'il avait mis en place, et estimé le coût des emplois fictifs à "près de dix millions d'euros pour la collectivité".

Des accusations rejetées à l'audience par les avocats de Gaston Flosse Me Jean-Yves Le Borgne et Me François Quinquis, qui ont dénoncé un procès "politique" prenant pour cible les "méthodes de gouvernance" de Gaston Flosse, ce qui ne relève pas, ont-ils dit, du champ judiciaire.

Pour Me Le Borgne, l'ancien président a "maintenu la cohésion sociale de la Polynésie, après les émeutes de 1995, grâce aux contrats cabinet".

Le conseil du sénateur a déploré qu'on juge "l'action politique de Gaston Flosse, car ce qu'on peut lui reprocher est en réalité très difficile à définir".

Les avocats ont demandé une "relaxe générale" au bénéfice de la quarantaine de prévenus également renvoyés.

Gaston Flosse, 81 ans, était le principal prévenu d'un autre procès, le mois dernier. La justice le soupçonne d'avoir perçu près d'1,2 million d'euros en liquide, entre 1993 et 2005, pour favoriser les sociétés de l'homme d'affaires Hubert Haddad.

Cinq ans de prison, cinq ans de privation de droits civiques et 84.000 euros d'amende avaient été requis contre le sénateur dans cette affaire de corruption. Le délibéré sera rendu le 15 janvier.

Rédigé par Par Mike LEYRAL le Vendredi 9 Novembre 2012 à 05:49 | Lu 2491 fois