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Pôle privé unique de santé : surenchère des projets de clinique, mais toujours pas d’appel à candidature


Les projets de pôle privé unique de santé se multiplient alors que le Pays tarde à formaliser l’appel à projet prévu au SOS depuis février dernier.
Les projets de pôle privé unique de santé se multiplient alors que le Pays tarde à formaliser l’appel à projet prévu au SOS depuis février dernier.
PAPEETE, 8 juin 2016 - Alors que la clinique Cardella travaille depuis 2013 à l’implantation du pôle de santé Mana Ora à Punaauia, un collectif de praticiens de Paofai présente un projet concurrent à Papeete. Mais le Pays tarde à procéder à l’appel à projet pour la définition du pôle privé unique inscrit au Schéma d’organisation sanitaire 2016-2021.

Le Schéma d’organisation sanitaire 2016-2021 (SOS), adopté en février dernier, souligne l’importance de la création d’un pôle privé unique. L’option est justifiée par d’importantes économies financières pour la collectivité, "liées à la réduction des doublons logistiques et organisationnels". Pour l’instant, trois établissements privés de santé sont implantées à Papeete, la clinique ambulatoire de Mamao, celle de Paofai et la clinique Cardella.

La vétusté de ces établissements est régulièrement pointée de même que leurs "limites fortes en matière de bâtiments et de respect des normes actuelles et à venir", constate le SOS. Le document note également que leur regroupement dans un "plateau technique neuf et unique" permettait de renforcer la qualité et la sécurité des soins. De même qu’une réduction à 150 du nombre de lits MCO (médecine chirurgie obstétrique), en poursuivant la tendance au développement de l'hospitalisation de jour, de semaine et surtout de la chirurgie ambulatoire, de manière complémentaire avec la mission du Centre hospitalier public de Taaone.

Difficile entente

Le problème, c’est qu’un préalable nécessaire à la création du pôle privé unique repose sur l’entente entre les médecins actionnaires des cliniques de Paofai et de Cardella. "C’est le souhait du Pays", affirme-t-on au gouvernement. "Nous n’avons pas réussi jusqu’à l’heure actuelle à trouver un consensus", reconnaissait le chirurgien de Paofai Thomas Fallevoz, sur le plateau du journal télévisé de Polynésie première, mardi soir. Et ce en dépit de plusieurs rencontres "sous l’égide de la présidence", annonce-t-il.
Mais dans l'après-midi de mercredi, le docteur Yves Gendron (Président du Conseil d’Administration de la SA Cardella) et Diego Lao, le gérant de la clinique de Mamao, signent une réaction commune en forme de refus : "contrairement aux allégations d'un collectif de médecins de la Polyclinique Paofai, la Clinique Cardella et la Clinique Mamao n'ont jamais été associées et ne sont absolument pas d'accord avec le projet d’une clinique unique sur le front de mer qui semble en l'occurrence totalement inadaptée. La Clinique Cardella et la Clinique Mamao regrettent cette opération médiatique et appellent de leurs vœux une concertation globale avec les autorités sur le devenir du secteur privé de la Santé".

L’appel à projet qui tarde

Car faute d’accord, chacun y va donc de son projet personnel actuellement. Dès 2013, la clinique Cardella annonçait pour fin 2018 le transfert de son activité dans un nouveau pôle de santé de 26 000 m2, Mana Ora, à Punaauia derrière la mairie. Le permis de construire de ce projet est attendu "à la fin du mois", nous indique-t-on. Mais un collectif de praticiens actionnaires de Paofai dévoile cette semaine un projet concurrent de pôle de santé unique devant l’actuelle clinique Paofai à Papeete. Le détail était présenté en fin de semaine dernière à l’exécutif.

Un projet estimé à 6 milliards Fcfp qui table sur un foncier de 6000 m2 détenu par la CPS, le parking de Paofai. Le principe d’un bail emphytéotique est évoqué de même qu’un loyer annuel de 240 millions Fcfp. Rien de moins sûr pour l'instant. Interrogée, la direction de la Caisse dément tout arrangement. "Ils nous ont bien approché pour nous présenter leur projet", reconnait Régis Chang, directeur de la Caisse de prévoyance sociale. "Pour l’instant, on ne s’engagera pas tant que l’appel à projet ne sera pas fait. Nous n’avons conclu aucun accord formel. On ne souhaite pas entrer dans le détail, ni sur le prix ni sur un éventuel type de mise à disposition. On ne souhaite pas donner suite".

Et dans ce contexte, le Pays tarde à définir dans un cahier des charges les caractéristiques du futur pôle privé unique de santé à Tahiti. Un appel à projet devait être présenté dès adoption du SOS en février dernier. Il a été reporté à juillet de cette année et pourrait finalement n’avoir lieu qu’en octobre prochain. La rédaction du cahier des charges semble problématique depuis la rupture par le cabinet Calia de sa collaboration avec le Pays. Le cabinet métropolitain était missionné depuis novembre 2014 pour l’élaboration du SOS. En attendant, les projets de pôle privé unique de santé se multiplient sans l'ombre d'une chance d'aboutir.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 8 Juin 2016 à 11:58 | Lu 4192 fois