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Plongeuse japonaise décédée à Rangiroa : Club et moniteur condamnés


Tahiti, le 1er juin 2021 - Le tribunal correctionnel a prononcé mardi une peine d’un an de prison avec sursis pour "homicide involontaire" à l’encontre du moniteur du club Six Passengers qui a encadré la plongée au cours de laquelle une touriste japonaise avait trouvé la mort, en juillet 2014. Le club de plongée écope d’une amende de 5 millions de Fcfp.
 
Le tribunal correctionnel a condamné mardi à un an de prison avec sursis pour homicide involontaire le guide de palanquée en charge de la touriste japonaise décédée dans la passe de Tiputa à Rangiroa en 2014. Son employeur, le club de plongée Six Passengers écope d’une amende de 5 millions de Fcfp. Me François Quinquis annonce qu’il va relever appel de cette décision. L’avocat avait plaidé la relaxe lors d’un procès le 4 mai dernier.
 
L’accident de plongée en question s’était produit le 27 juillet 2014. Un couple de touristes japonais venait fraîchement de débarquer d’avion la veille à Tahiti, après un vol de 11 heures. Dans la foulée, le couple avait pris un vol pour Rangiroa. Après une nuit sur place, plusieurs sorties en mer étaient inscrites au programme de ces amateurs titulaires du premier niveau de plongée. L’accident avait eu lieu au cours de la troisième sortie, dans la passe de Tiputa. La victime avait plongé bien en-deçà de la limite de profondeur de 20 mètres autorisée par son niveau 1, sous la surveillance de son guide de palanquée. Et c’est alors que, selon plusieurs témoins, elle avait heurté le récif, perdu son masque et s’était trouvée déconnectée de son bloc de respiration en plongée. Accrochée à la paroi, la jeune femme avait paniqué. Son décès avait été constaté quelques minutes après avoir été remontée à la surface, malgré plusieurs tentatives de réanimation.
 
"Imprudences"
 
Les investigations menées dans le cadre de l'information judiciaire ouverte pour homicide involontaire avaient relevé la série d’“imprudences” imputables au guide de palanquée. Le constat aussi d’un matériel de plongée mal entretenu ou défectueux dont était équipée la victime lors de l’accident. Un ensemble de griefs auquel le ministère public était venu ajouter le “laisser-aller” qui avait conduit, tant le club de plongée que son responsable de palanquée, à maintenir les réservations de plongée de ce couple de Japonais, en dépit du décalage horaire et d’une probable fatigue. Le procureur de la République avait ainsi requis 18 mois de sursis et 500 000 Fcfp d'amende à l’encontre du moniteur et une amende de cinq millions pour le club Six Passengers. Me François Quinquis avait plaidé la relaxe.
 
Bien que le couple ait été préalablement informé des profondeurs à respecter avant la plongée fatale, "le mari de la victime a commencé à descendre ! Que pouvait donc faire mon client à part le suivre pour le surveiller ?", avait-il défendu. Quant à la prise en compte de la fatigue de la victime, l'avocat avait rappelé qu'"aucun texte ne prévoit l'interdiction de plonger" après avoir pris l'avion. Le tribunal n’a finalement qu’en partie suivi ces réquisitions. Mais pour Me Quinquis, "il est évident que lorsque la défense plaide la relaxe, c’est qu’elle y croit. Je ne peux évidemment pas adhérer à la vision du tribunal, qui me semble d’ailleurs avoir fait une mauvaise lecture des circonstances de fait, puisqu’il est impossible de rattacher les trois éléments que le tribunal a cité : défaut de vérification de profondeur, défaut de vérification des niveaux et un problème de matériel. Il est impossible de rattacher tout cela par un lien de causalité suffisant avec l’accident. Il est évident que nous allons relever appel de la décision."
 

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 1 Juin 2021 à 15:43 | Lu 5375 fois