Le gouvernement veut décentraliser l'administration en créant un second pôle à Taravao. photo archives Tahiti infos
Tahiti, le 31 juillet 2025 – Le plan de décentralisation présenté mardi par le gouvernement reçoit un accueil mitigé du côté de l'assemblée. Oui pour développer le sud de Tahiti. Mais pas n'importe comment. Tematai Le Gayic confirme que les élus du comité de majorité sont “tous contents de la philosophie du projet” mais plus réservés sur sa mise en œuvre. Un sentiment partagé par Tepuaraurii Teriitahi (Tapura) qui estime que la réforme de la PSG ou de la fiscalité sont des sujets plus “prioritaires”, tandis que Nicole Sanquer de Ahip y voit un “coup de communication”.
Le gouvernement a présenté son plan de décentralisation en comité de majorité lundi puis à la presse mardi. Une annonce qui peut sembler un peu prématurée compte tenu du calendrier proposé à l’horizon 2037 et des discussions qui sont loin d'être terminées. Mais pourquoi pas. C'est en tout cas le ressenti des élus de l'assemblée que Tahiti Infos a rencontrés. Si tout le monde s'accorde à dire qu'il faut développer la Presqu'île de Tahiti, la mise en œuvre de ce projet phasé sur douze ans interroge.
Car c'est un serpent de mer qui ne date pas d'hier, et sur lequel les gouvernements précédents se sont déjà cassé les dents, “puisque dès les années 2000, il y avait un projet de route du sud pour faire de Taravao le nouveau pôle économique”, rappelle ainsi Tematai Le Gayic. “C'est vrai que ça fait des années qu'on dit qu'on veut faire de Taravao le deuxième pôle, mais force est de constater que ça n'a jamais marché”, rebondit l'élue du Tapura, Tepuaraurii Teriitahi qui trouve que l'idée “n'est pas mauvaise en soi et jolie sur le papier”, mais elle aurait préféré que le gouvernement communique sur d'autres projets d'actualité “prioritaires” et attendus comme la réforme de la PSG ou la réforme fiscale, plutôt que sur un projet à l'horizon 2037.
L'opposition craint un effet d'annonce
“Si c'est comme le projet qui avait été annoncé d'enlever tous les ronds-points sur la route de Pirae, un gros coup de com’ avec 800 millions de budget, et finalement on apprend que ça ne va pas se faire... Donc est-ce que c'est la même chose dans ce cas, je ne sais pas”, s'inquiète-t-elle encore, se demandant s'il ne s'agit pas d'un “effet d'annonce pour faire plaisir aux maires du sud”, à huit mois des prochaines élections municipales. “Le faire aujourd'hui, ça doit être sûrement lié au budget 2026 et peut-être que le gouvernement va nous proposer des investissements sur Taravao qu'il voulait justifier”, explique Tematai Le Gayic qui estime toutefois lui aussi “qu'avant les élections municipales, ça peut être un projet intéressant pour toutes les communes qui vont bénéficier de ce plan de décentralisation, c'est plutôt Taravao et toute la Presqu'île qui vont être contents”.
Quant à Nicole Sanquer, elle ne comprend pas bien la logique du plan du gouvernement qui a pourtant développé les Fare Ora dans les communes pour justement rapprocher l'administration des populations. “Et puis c'est bien la décentralisation, mais à Mahina, nous avons un Sefi, donc un local que le gouvernement loue, mais il est fermé puisqu'il n'y a pas d'agents”. La présidente de Ahip est perplexe et attend que ce projet soit présenté aux élus de l'assemblée. “Je n'aime pas les annonces qui restent au stade d'annonce. J'ai l'impression que c'est un gros coup de communication pour dire que le gouvernement travaille”, a-t-elle poursuivi, se disant “surprise de ne pas voir de route traversière” dans le plan présenté par le gouvernement. “Je pense que c'est surtout ça que la population attendait pour désenclaver le centre de l'île plutôt que de chambouler la vie de 1 000 fonctionnaires.”
Quid d'une route traversière ou route du sud ?
Cette question de la “mobilité” a également été soulevée en comité de majorité par Tematai Le Gayic car “avant d'envoyer des services ou le tissu économique, il faut d'abord mettre en œuvre les conditions d'accès à cet endroit”. Mais le sujet ne fait pas l'unanimité au sein du Tavini. “Ça a été la difficulté du gouvernement parce que le président Brotherson a souvent donné cette possibilité d'ouvrir une route au pied des montagnes mais politiquement, beaucoup de cadres du Tavini (Antony Géros notamment, NDLR) se sont engagés dans leur commune à s'opposer à des infrastructures routières à l'intérieur de l'île ou aux abords des montagnes, ce qui fait que ça ralentit”, nous a-t-il confié. Au contraire, pour Tepuaraurii Teriitahi, potentielle future candidate à la mairie de Paea, “une route du sud” ne serait plus forcément “utile” dans le cadre de cette décentralisation puisqu'il y aurait “une inversion des flux”.
“Aujourd'hui, le gros problème, c'est justement ce flux unique qui va dans le sens côte ouest-Papeete, et retour le soir à des heures bien précises. Maintenant, si on divise ce flux de moitié, il faut reconnaître que ça devrait alléger la circulation.” Car c'est bien l'un des principaux arguments avancés par le gouvernement et le ministre Jordy Chan : fluidifier la circulation en désengorgeant la zone urbaine de Papeete. Mais Nicole Sanquer n'y croit pas beaucoup : “Avec des ministères et des services ici, d'autres à la Presqu'île, au contraire les personnes vont devoir se déplacer, alors que l'idée de base était la dématérialisation, la digitalisation de l'administration pour éviter justement tous ces déplacements”.
Ne “pas vider Papeete de sa substance”
De son côté, Tematai Le Gayic, qui est par ailleurs candidat à la mairie de la capitale, se dit “favorable à une décentralisation sur Taravao” mais il “ne faut pas vider Papeete et sa zone urbaine de sa substance”. Car “beaucoup de consommateurs qui sont des fonctionnaires ont du pouvoir d'achat donc forcément, en déplaçant 1 500 fonctionnaires de l'autre côté, les commerçants vont suivre”, a-t-il alerté en comité de majorité. “C'est là où l'autre projet du gouvernement m'intéresse : celui de proposer trois sites comme pôles de développement pour le privé : l'ex-TNAD, l'ancien bâtiment du gouvernement et la zone où il y a actuellement le ministère de l'Éducation et le service de la jeunesse et des sports, parce que si on crée juste un nouveau Papeete sur Taravao, on ne fera que déplacer le problème.”
Enfin, notons que le sénateur Teva Rohfritsch a été le premier à réagir sur les réseaux à cette présentation du gouvernement. Et on ne peut pas dire qu'il soit emballé. Il estime en effet qu'il ne s'agit pas d'un projet de décentralisation, mais plutôt de “délocalisation-dissémination” de l'administration qui va coûter cher.
Le gouvernement a présenté son plan de décentralisation en comité de majorité lundi puis à la presse mardi. Une annonce qui peut sembler un peu prématurée compte tenu du calendrier proposé à l’horizon 2037 et des discussions qui sont loin d'être terminées. Mais pourquoi pas. C'est en tout cas le ressenti des élus de l'assemblée que Tahiti Infos a rencontrés. Si tout le monde s'accorde à dire qu'il faut développer la Presqu'île de Tahiti, la mise en œuvre de ce projet phasé sur douze ans interroge.
Car c'est un serpent de mer qui ne date pas d'hier, et sur lequel les gouvernements précédents se sont déjà cassé les dents, “puisque dès les années 2000, il y avait un projet de route du sud pour faire de Taravao le nouveau pôle économique”, rappelle ainsi Tematai Le Gayic. “C'est vrai que ça fait des années qu'on dit qu'on veut faire de Taravao le deuxième pôle, mais force est de constater que ça n'a jamais marché”, rebondit l'élue du Tapura, Tepuaraurii Teriitahi qui trouve que l'idée “n'est pas mauvaise en soi et jolie sur le papier”, mais elle aurait préféré que le gouvernement communique sur d'autres projets d'actualité “prioritaires” et attendus comme la réforme de la PSG ou la réforme fiscale, plutôt que sur un projet à l'horizon 2037.
L'opposition craint un effet d'annonce
“Si c'est comme le projet qui avait été annoncé d'enlever tous les ronds-points sur la route de Pirae, un gros coup de com’ avec 800 millions de budget, et finalement on apprend que ça ne va pas se faire... Donc est-ce que c'est la même chose dans ce cas, je ne sais pas”, s'inquiète-t-elle encore, se demandant s'il ne s'agit pas d'un “effet d'annonce pour faire plaisir aux maires du sud”, à huit mois des prochaines élections municipales. “Le faire aujourd'hui, ça doit être sûrement lié au budget 2026 et peut-être que le gouvernement va nous proposer des investissements sur Taravao qu'il voulait justifier”, explique Tematai Le Gayic qui estime toutefois lui aussi “qu'avant les élections municipales, ça peut être un projet intéressant pour toutes les communes qui vont bénéficier de ce plan de décentralisation, c'est plutôt Taravao et toute la Presqu'île qui vont être contents”.
Quant à Nicole Sanquer, elle ne comprend pas bien la logique du plan du gouvernement qui a pourtant développé les Fare Ora dans les communes pour justement rapprocher l'administration des populations. “Et puis c'est bien la décentralisation, mais à Mahina, nous avons un Sefi, donc un local que le gouvernement loue, mais il est fermé puisqu'il n'y a pas d'agents”. La présidente de Ahip est perplexe et attend que ce projet soit présenté aux élus de l'assemblée. “Je n'aime pas les annonces qui restent au stade d'annonce. J'ai l'impression que c'est un gros coup de communication pour dire que le gouvernement travaille”, a-t-elle poursuivi, se disant “surprise de ne pas voir de route traversière” dans le plan présenté par le gouvernement. “Je pense que c'est surtout ça que la population attendait pour désenclaver le centre de l'île plutôt que de chambouler la vie de 1 000 fonctionnaires.”
Quid d'une route traversière ou route du sud ?
Cette question de la “mobilité” a également été soulevée en comité de majorité par Tematai Le Gayic car “avant d'envoyer des services ou le tissu économique, il faut d'abord mettre en œuvre les conditions d'accès à cet endroit”. Mais le sujet ne fait pas l'unanimité au sein du Tavini. “Ça a été la difficulté du gouvernement parce que le président Brotherson a souvent donné cette possibilité d'ouvrir une route au pied des montagnes mais politiquement, beaucoup de cadres du Tavini (Antony Géros notamment, NDLR) se sont engagés dans leur commune à s'opposer à des infrastructures routières à l'intérieur de l'île ou aux abords des montagnes, ce qui fait que ça ralentit”, nous a-t-il confié. Au contraire, pour Tepuaraurii Teriitahi, potentielle future candidate à la mairie de Paea, “une route du sud” ne serait plus forcément “utile” dans le cadre de cette décentralisation puisqu'il y aurait “une inversion des flux”.
“Aujourd'hui, le gros problème, c'est justement ce flux unique qui va dans le sens côte ouest-Papeete, et retour le soir à des heures bien précises. Maintenant, si on divise ce flux de moitié, il faut reconnaître que ça devrait alléger la circulation.” Car c'est bien l'un des principaux arguments avancés par le gouvernement et le ministre Jordy Chan : fluidifier la circulation en désengorgeant la zone urbaine de Papeete. Mais Nicole Sanquer n'y croit pas beaucoup : “Avec des ministères et des services ici, d'autres à la Presqu'île, au contraire les personnes vont devoir se déplacer, alors que l'idée de base était la dématérialisation, la digitalisation de l'administration pour éviter justement tous ces déplacements”.
Ne “pas vider Papeete de sa substance”
De son côté, Tematai Le Gayic, qui est par ailleurs candidat à la mairie de la capitale, se dit “favorable à une décentralisation sur Taravao” mais il “ne faut pas vider Papeete et sa zone urbaine de sa substance”. Car “beaucoup de consommateurs qui sont des fonctionnaires ont du pouvoir d'achat donc forcément, en déplaçant 1 500 fonctionnaires de l'autre côté, les commerçants vont suivre”, a-t-il alerté en comité de majorité. “C'est là où l'autre projet du gouvernement m'intéresse : celui de proposer trois sites comme pôles de développement pour le privé : l'ex-TNAD, l'ancien bâtiment du gouvernement et la zone où il y a actuellement le ministère de l'Éducation et le service de la jeunesse et des sports, parce que si on crée juste un nouveau Papeete sur Taravao, on ne fera que déplacer le problème.”
Enfin, notons que le sénateur Teva Rohfritsch a été le premier à réagir sur les réseaux à cette présentation du gouvernement. Et on ne peut pas dire qu'il soit emballé. Il estime en effet qu'il ne s'agit pas d'un projet de décentralisation, mais plutôt de “délocalisation-dissémination” de l'administration qui va coûter cher.




































