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Philippines : neuf morts dans des combats sur une île touristique


Manille, Philippines | AFP | mardi 11/04/2017 - Neuf personnes, dont quatre membres des forces de sécurité, ont péri mardi dans des combats avec une dizaine de membres présumés de l'organisation islamiste armée Abou Sayyaf sur l'île touristique de Bohol, dans le sud des Philippines.

Cinq hommes armés ont été tués et des fusils d'assaut et des explosifs ont été récupérés sur les lieux des combats, ont annoncé des responsables philippins.

Trois soldats et un policier ont également trouvé la mort, selon un communiqué commun de l'armée et de la police.

Ces combats ont eu lieu dans une zone reculée de l'île de Bohol. Des habitants ont affirmé que les hommes armés avaient remonté une rivière à bord d'embarcations rapides jusqu'à un village où les affrontements ont eu lieu quand la police est arrivée.

Les ambassades des Etats-Unis et d'Australie avaient mis en garde ces derniers jours leurs ressortissants contre les risques d'enlèvements par des "groupes terroristes" dans le centre des Philippines.

"L'ambassade des Etats-Unis a reçu des informations non confirmées mais crédibles sur la possibilité que des groupes terroristes tentent de procéder à des enlèvements dans la région de Central Visayas, qui inclut les provinces de Cebu et Bohol", avait mis en garde l'ambassade.

- 'Hors-la-loi' -
Bohol est une destination touristique majeure des Philippines, où les touristes étrangers vont nager avec des requins-baleines, tenter d'observer des tarsiers ou se prélasser sur des plages de sable blanc.

A Manille, le porte-parole de l'armée, le général Restituto Padilla a indiqué que l'armée avait ces dernières semaines reçu des informations au sujet de "l'activité potentielle de hors-la-loi" dans la zone.

"Nos forces, qui agissaient sur la base de ces informations, ont affronté des hors-la-loi dont on pense qu'ils appartiennent à Abou Sayyaf", a-t-il dit à la chaîne de télévision ABS-CBN.

Il s'agirait de la première opération sur cette île de l'organisation Abou Sayyaf, qui s'est spécialisée dans les enlèvements crapuleux, et de sa première ces dernières années dans un des hauts lieux touristiques des Philippines.

"Les forces de sécurité rapportent que le groupe armé est très armé, et équipé notamment d'armes de gros calibre, mais qu'il est désormais coincé dans une zone isolée" de Bohol, a déclaré dans un communiqué le général Eduardo Ano, le chef de l'état-major de l'armée philippine.

"Les opérations se poursuivent et nous envoyons davantage de forces pour aider (...) Nous espérons que tout sera terminé en fin de journée", a précisé le général Padilla.

Les hommes armés ont gagné lundi la localité d'Inabanga, sur Bohol, avant de pénétrer dans l'intérieur des terres en remontant un fleuve à bord de trois embarcations rapides, a déclaré à l'AFP au téléphone Edwin Melicor, un policier d'Inabanga.

- Groupe crapuleux -
Les combats ont débuté quand les policiers se sont rendus sur les lieux mardi pour enquêter sur ces affirmations.

Le gouverneur de la province de Bohol, Edgar Chatto, a affirmé que les combats étaient cantonnés à un petit village près d'Inabanga.

"Je suis désolé que ces éléments qui sortent de nulle part viennent essayer de détruire la vie des gens qui vivent en paix", a-t-il dit à l'AFP, précisant que de nombreux habitants avaient fui.

Abou Sayyaf est une ramification extrémiste de l'insurrection séparatiste musulmane qui a fait plus de 100.000 morts depuis les années 1970 dans ce pays d'Asie du Sud-Est composé en très grande majorité de catholiques fervents.

Considéré comme une organisation terroriste par Washington, Abou Sayyaf a été fondé au début des années 1990 avec des financements du réseau Al-Qaïda.

Basé dans les îles reculées du sud des Philippines où la majorité des habitants sont musulmans, Abou Sayyaf a extorqué des millions de dollars au titre de rançons et les analystes jugent qu'il s'agit plus d'un groupe crapuleux que d'un mouvement idéologique.

Les déclarations d'allégeance des cadres d'Abou Sayyaf à l'organisation Etat islamique (EI) et leurs promesses de créer un califat n'ont fait qu'ajouter aux inquiétudes, même si le groupe ne compterait que quelques centaines de combattants.

Ces dernières années, Abou Sayyaf a été impliqué dans l'enlèvement de dizaines de personnes dans des opérations de plus en plus audacieuses, pour la plupart contre des bateaux étrangers, mais aussi contre des complexes touristiques, dans le sud de l'archipel et en Malaisie voisine.

Rédigé par () le Mardi 11 Avril 2017 à 05:12 | Lu 434 fois