Tahiti Infos

Philippines: des combattants d'Abou Sayyaf en fuite sur une île touristique


ManillePhilippines | AFP | mercredi 11/04/2017 - L'armée philippine a annoncé mercredi qu'elle pourchassait cinq combattants islamistes en fuite après des affrontements sur une île touristique qui ont fait 10 morts depuis mardi.

Le chef de l'armée, Eduardo Ano, a précisé que six hommes armés du groupe Abou Sayyaf avaient été tués sur l'île de Bohol, où ils étaient arrivés lundi en bateau en provenance de leur bastion de Jolo, à 500 km de là.

Trois militaires et un policier ont trouvé la mort dans les combats qui ont débuté mardi dans une zone rurale de l'île.

Abou Sayyaf est une organisation spécialisée dans les enlèvements crapuleux et qui a prêté allégeance à l'Etat islamique.

Des responsables locaux ont indiqué qu'une dizaine de ces hommes armés s'étaient enfoncés lundi dans le centre de l'île en remontant une rivière avec des embarcations rapides, faisant redouter une opération pour enlever des étrangers en vacances.

Eduardo Ano a annoncé mercredi que cinq combattants avaient réussi à s'enfuir dans la nuit. 

"Ils sont en fuite", a déclaré le général lors d'une conférence de presse. "Nous avons des indices sur la direction qu'ils ont prise. Mais ils ne peuvent plus combattre comme un commando puissant comme auparavant. Ils tentent tous de sauver leur peau."

Il a également affirmé que ses hommes avaient tué un important chef d'Abou Sayyaf connu sous le nom d'Abou Rahmi, ce qui n'a pas pu être confirmé de source indépendante.

 

- 'Créer la panique' -

 

Abou Rahmi avait selon lui été l'artisan de plusieurs enlèvements spectaculaires, et notamment du rapt en 2015 dans une marina de deux Canadiens, un Norvégien et une Philippine.

Les deux premiers avaient été décapités parce que leur gouvernement n'avait pas payé la rançon réclamée. Les deux autres libérés sains et saufs.

Au moment où Manille tente de contenir les retombées catastrophiques de ces rapts sur le tourisme, un secteur clé de son économie, le général Ano a promis que ses forces repousseraient toujours ce type de tentatives d'enlèvements.

"Abou Sayyaf ferait mieux de réfléchir à deux fois", a-t-il dit. "Nos forces de sécurité travaillent efficacement pour repousser ses plans visant à répandre la terreur."

Des responsables d'hôtels et des vacanciers ont indiqué que ces combats n'avaient eu aucune conséquence sur les zones touristiques, où les effectifs des forces de sécurité ont toutefois été renforcés.

Bohol, à 600 km au sud de Manille, se trouve à une demi-heure de bateau du port de Cebu, sur l'île du même nom, qui compte aussi parmi les destinations philippines les plus touristiques.

Bohol est aussi une destination touristique majeure de l'archipel, où les touristes étrangers vont nager avec des requins-baleines, tenter d'observer des tarsiers ou se prélassent sur des plages de sable blanc.

Zachary Abuza, expert au National War College de Washington, estime que le raid visait à "enlever (des gens) et créer la panique".

"En cas de succès, il aurait permis de récupérer des otages, et potentiellement des rançons", a-t-il dit. "Mais surtout, il aurait sapé la confiance envers le gouvernement et l'aurait contraint à réaffecter des forces dans des zones auparavant jugées sûres."

Abou Sayyaf est une ramification extrémiste de l'insurrection séparatiste musulmane qui a fait plus de 100.000 morts depuis les années 1970 dans ce pays d'Asie du Sud-Est composé en très grande majorité de catholiques fervents.

Considéré comme une organisation terroriste par Washington, Abou Sayyaf a été fondé au début des années 1990 avec des financements du réseau Al-Qaïda.

Basé dans les îles reculées du Sud où la majorité des habitants sont musulmans, Abou Sayyaf a extorqué des millions de dollars de rançons et les analystes jugent qu'il s'agit plus d'un groupe crapuleux que d'un mouvement idéologique.

cgm/ajm/jac/pt


Rédigé par RB le Mercredi 12 Avril 2017 à 02:59 | Lu 719 fois