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Petite reprise de l'emploi en 2015


Le bâtiment à tiré la reprise de l'emploi avec presque 200 nouveaux plein-temps
Le bâtiment à tiré la reprise de l'emploi avec presque 200 nouveaux plein-temps
PAPEETE, le 7 avril 2016 - L'IEOM a publié son analyse de l'économie polynésienne en 2015. Les indicateurs pointent vers une deuxième année consécutive de croissance économique, permettant la création de "400 à 500 emplois". Une tendance positive, mais encore trop faible pour compenser les cinq années de crise.

"L'année 2015 a un bilan encourageant. Pour la deuxième année consécutive, nous avons renoué avec la croissance, c’est-à-dire que nous avons recréé de la richesse, à environ 1 ou 1,5%. Ça n'était pas arrivé depuis 7 ans. Mais pour la première fois depuis le début de la crise, en 2015 nous avons aussi réussi à recréer de l'emploi. Il y a eu entre 400 et 500 créations d'emplois" entame Pierre-Yves Le Bihan, directeur de l'IEOM lors de la conférence de presse organisée pour la publication des chiffres de l'économie 2015 (trouvez ici la Note expresse générale, le suivi des crédits aux entreprises et l'évolution monétaire).

Pierre-Yves Le Bihan, directeur de l'IEOM, présente les chiffres de l'économie polynésienne en 2015
Pierre-Yves Le Bihan, directeur de l'IEOM, présente les chiffres de l'économie polynésienne en 2015
Mais tout n'est pas rose pour autant, puisque comme l'explique le directeur, il reste beaucoup à faire pour compenser les emplois détruits entre 2008 et 2013 : "cette reprise a du mal à s'affermir. La consommation des ménages est un peu repartie mais reste faible, notamment à cause du niveau de chômage, et également parce qu'il y a un changement de comportement des consommateurs, qui sont plus prudents. On sent aussi que l'investissement privé est reparti, mais ce n'est pas encore franc. Notamment au niveau du marché bancaire, on voit que les crédits d'investissement ont du mal à se dynamiser, et donc au final on a encore des difficultés. Il faudrait que cette croissance soit plus franche, plus affirmée pour recréer les 9.000 emplois perdus pendant les années de crise."

La création de moins de 500 emplois est d'autant plus insuffisante que l'augmentation de la population, elle, a apporté trois fois plus de nouveaux travailleurs potentiels sur le marché…

LES MÉNAGES METTENT LEUR ARGENT À L'ABRI SUR LEURS COMPTES COURANTS

L'économie a profondément changé pendant la crise. Les chiffres analysés par l'IEOM montrent ainsi que les ménages ont augmenté de presque 10% leurs avoirs sur leurs comptes à vue en 2015. Avec des taux très faibles sur les livrets et le danger des investissements dans ce marché très volatil, ils ont trouvé plus sage de laisser leurs économies à l'abri… Une épargne de précaution, accompagnée d'une forte baisse des crédits à la consommation (-9% de nouveaux crédits en 2015), qui montre que les ménages sont devenus bien plus prudents dans leurs dépenses. Ils achètent moins de voitures et des modèles moins chers, le chiffre d'affaires de commerces de détail stagne (-0,1% sur les 9 premiers mois de l'année)…

>>> La citation : "on sent qu'il y a une épargne de précaution qui n'existait pas forcément par le passé, et aussi – les commerçants vous le disent – que les clients vont beaucoup plus vers les produits à bas coût, notamment dans le secteur automobile" Pierre-Yves Le Bihan.

Malgré tout, des signes encourageants montrent que la consommation semble repartir dans d'autres secteurs, en particulier les services et les achats des entreprises, puisque les recettes de TVA collectées par le Pays en 2015 sont en hausse de 6%, alors que les taux n'ont pas changé l'année dernière. La baisse des prix, notamment pour le transport, l'énergie et le logement, a aussi pu rendre du pouvoir d'achat aux ménages les plus aisés. Les plus pauvres, eux, ont subi de plein fouet la hausse des prix des produits alimentaires de 2,4% l'année dernière.

LES INVESTISSEMENTS REPARTENT

Finalement, ce qui a tiré la croissance l'année dernière est l'investissement des entreprises, le redémarrage de la construction et le retour des touristes.

D'abord, l'optimisme des patrons est au beau fixe, avec un climat des affaires dans le vert depuis deux ans. La stabilité politique et la prolongation de la défiscalisation métropolitaine a redonné le goût d'investir aux entreprises, ce qui se traduit par de fortes hausses des importations de biens intermédiaires (+6%), de biens d'équipement (+8) et de la création de crédits d'équipement (+12%, tiré par l'achat de deux avions par Air Tahiti et d'un bateau par Aranui).

Un réalignement des investissements publics en faveur de la construction (nouveaux projets d'établissements scolaires et d'abris, relance de la construction de logements sociaux...) et l'engouement continu des ménage pour l'immobilier, favorisé par les taux bas, a permis au secteur de la construction de regagner 6% de chiffre d'affaires et de créer près de 200 emplois l'année dernière. Après 2000 emplois perdus dans pendant la crise, c'est un bon début.

Enfin, la hausse de la fréquentation touristique (+1,8%), qui a surtout profité aux hôtels, a permis aux professionnels de l'hôtellerie de voir leur chiffre d'affaires augmenter de 9,4% l'année dernière (du moins de janvier à septembre, les chiffres du dernier trimestre n'étant pas encore connus). Ils ont du coup recréé 150 emplois. Rappelons qu'avec 46 milliards de francs injectés dans notre économie par les touristes en 2014, ce secteur reste la toute première ressource propre du territoire, et les gros investissements prévus l'année prochaine dans les hôtels devraient être très positifs pour la croissance à court et long terme.

Mais le président de l'IEOM reste prudent : "il faut réussir à accélérer cette croissance pour retrouver un meilleur niveau d'emploi." Malheureusement, il souligne que les solutions pour y arriver sont soumises à des débats interminables parmi les spécialistes… Il glisse juste que "l'endettement du Pays, à 20%, est très faible, ce qui lui donne des marges de manœuvre", et que de gros progrès peuvent être fait – et ont commencé à se faire – dans le secteur primaire (vanille et perle en particulier) et l'économie bleue.




L'emploi en chiffres

De 2007 à 2013, 9000 emplois ont été perdus :
- 2000 dans le bâtiment
- 1400 dans le commerce
- 1000 dans le secteur primaire
- 800 dans l'industrie

En 2015, entre 400 et 500 emplois ont été recréés :
+ 175 dans la construction
+ 150 dans l'hôtellerie
+ 100 dans le commerce
- 90 dans le secteur primaire
Les patentes et l'intérim, non comptabilisés, sont également en hausse.



Claude Périou futur directeur de l'IEOM Polynésie
Ce Polynésien, ancien directeur de la banque Socredo (de 1987 à 1997), président du conseil d'administration de l'entreprise (de 2006 à 2010) et président du GIE Tahiti Tourisme de 2008 à 2010, prendra la place de Pierre-Yves Le Bihan dès juillet à la tête de l'IEOM, notre banque centrale. Il dirigeait jusqu'à présent Proparco, une filiale de l'Agence française de développement.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 7 Avril 2016 à 15:12 | Lu 965 fois