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Pesticides : Les légumes importés pointés du doigt


PAPEETE, le 14 novembre 2017 - Mardi matin, la direction de l'agriculture et le ministre de développement des ressources primaires ont présenté les résultats des campagnes d'analyses des résidus de pesticides dans les fruits et légumes disponibles sur le territoire. Selon les tests, les produits locaux sont moins chargés que les produits importés.

Contrairement aux idées reçues, les fruits et légumes locaux contiennent moins de pesticides que ceux qui sont importés. En effet, la direction de l'agriculture en partenariat avec le ministère du Développement des ressources primaires et les laboratoires de Papara ont présenté mardi les résultats des campagnes d'analyses des résidus de pesticides dans les fruits et légumes entre juillet et août 2017.

Sur 92 échantillons étudiés, 79 étaient des produits locaux issus de 24 producteurs différents et 13 échantillons étaient des produits importés disponibles dans les grandes surfaces du territoire.

Ainsi sur les 79 produits locaux, 96% étaient conformes à la réglementation locale et 67% ne présentaient aucun résidu, selon la réglementation Européenne 92% de ces fruits et légumes étaient conformes. Du côté des produits importés, la chanson n'est pas la même. Ainsi selon la réglementation de conformité polynésienne, 85% des produits étaient conformes, mais seulement 23% ne présentaient aucun résidu. Cette conformité chute à 46% selon la norme européenne. Soit plus de la moitié des fruits et légumes importés en Polynésie ne sont pas conformes selon la réglementation Européenne.






Selon le ministre Tearii Alpha, le ministère de ressources primaire et la direction de l'agriculture s'attache à rendre transparent le contenu de nos assiettes. "Nous souhaitons utiliser les moyens techniques dont nous disposons aujourd'hui, qui n'ont pas été utilisés de façon optimale depuis 2015. Ces machines qui permettent de contrôler le taux de pesticides dans les produits de l'agriculture. Nous souhaitons aussi comparer les produits et informer les consommateurs de la qualité des produits qui sont mis en vente dans nos différents marchés, casser les aprioris sur la production locale et la production importée et puis veiller à ce que quel que soit le produit, local ou importé, respecte la réglementation. Nous sommes en train de toiletter la réglementation des produits actifs employés dans l'agriculture et surtout la réglementation des limites maximales résiduelles des pesticides dans les produits alimentaires. Nous prenons ce travail à bras le corps".

Cependant, dans son rapport publié début novembre, La chambre territoriale des comptes (CTC) constate que "les analyses reposent sur le volontariat des agriculteurs, ce qui en limite singulièrement la portée". Ainsi, "les analyses non conformes ne donnent pas systématiquement lieu à de nouveaux prélèvements" indique que si le pays se félicite de ces résultats, ces études sont à prendre avec de pincettes.

La direction de l'agriculture s'attache donc à fixer une nouvelle réglementation et à définir un cadre pour protéger les consommateurs. Ils ont pour objectif de remettre à jour la liste des produits actifs utilisés en agriculture. Elle n'a pas été remise à jour depuis 2009. Par ailleurs, le ministre Tearii Alpha a également annoncé le lancement de campagne de promotion de l'agriculture locale, afin de pousser les Polynésiens à consommer local. Cette campagne sera axée sur la mise en avant de la qualité des produits locaux. Une nouvelle série de tests sera également lancée avant la fin de l'année, les premiers résultats devraient être publiés fin janvier.

Et au ministre de conclure, "La Polynésie ce sera le paradis du bio, pour y arriver, laissez-nous dix ans."

Question à Tearii Alpha, ministre du développement des ressources primaires

Pesticides : Les légumes importés pointés du doigt
Comment voyez-vous l'agriculture polynésienne dans 10 ans ?
Notre vision n'est pas originale à la Polynésie. C'est de tout faire pour préserver notre originalité naturelle. La Polynésie est vue comme un havre naturel qu'il faut aussi pouvoir transformer pour l'agriculture. Nous avons toiletté nos aides agricoles. Depuis cette année nous faisons la promotion encore plus fortement de l'agriculture biologique et naturelle. Les aides sont prioritaires pour ce type d'agriculture. Avec la chambre d'agriculture dans les prochaines semaines nous allons faire le tour de la Polynésie pour les inciter à changer leurs pratiques conventionnelles historiques et à revenir sur des pratiques plus respectueuses de la nature, utiliser moins de produits dangereux chimiques, que nous ferons contrôler et puis revenir à des pratiques de permaculture, des pratiques de cultures biologiques qui sont non seulement saines pour la nature, mais aussi saine pour la santé des consommateurs.


Rédigé par Marie Caroline Carrère le Mardi 14 Novembre 2017 à 17:10 | Lu 3948 fois