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Perles : des chiffres en hausse mais contestés


Papeete, le 08/01/2015 - La perliculture est la deuxième ressource propre de la Polynésie française après le tourisme, et devant les produits de la pêche. Les chiffres de l'ISPF annonce que les recettes à l'exportation des produits perliers progressent pour la deuxième année consécutive. Dans le même temps, les professionnels de la perle ne sont pas satisfaits.

Le secteur de la perle se redresse peu à peu sans non plus faire d'envolée fulgurante, selon les derniers chiffres publiés par l'Institut de la statistique de la Polynésie française dans son bilan de la perle de 2014. Depuis cinq ans le secteur était en berne mais depuis deux ans, au niveau de l'exportation, les recettes des produits perliers progressent de 12 %. En 2014, les exportations de produits perliers ont rapporté 8,8 milliards de F.CFP à la Polynésie française (+ 12 %). Parallèlement, les volumes correspondants repartent à la hausse (+ 6 %) après trois années de baisse.

Pour 2014, le prix moyen de la perle s'élève à 1030 francs à l'exportation en 2014, soit 1,5 % de plus qu'en 2013 et le prix au gramme augmente de 6 % passant à 600 francs. "Malgré ces évolutions positives, le niveau de recettes demeure faible ; il est supérieur à la moyenne des cinq dernières années, signe d’amélioration, mais demeure en deçà de la moyenne des dix dernières années et en deçà des réelles capacités du secteur", explique l'ISPF.

Les ventes aux enchères internationales organisées depuis 2010 en Polynésie française ont pour objectif de faire progresser le prix unitaire. Le déséquilibre entre l’offre et la demande demeure toujours favorable à la demande, qui bénéficie d’un prix unitaire faible, indique l'ISPF." Ce prix ne correspond pas à l’image d’un produit de luxe comme la perle, en particulier la perle noire de Tahiti", continue l'Institut. Le chiffre d'affaire du secteur de la perle représente environ 4 milliards de francs chaque année.

Où en est de la loi sur les produits perliers ?

Une loi sur les produits perliers devait voir le jour à la fin de l'année 2015. Teva Rohfritsch, le ministre de la relance économique avait rencontré les professionnels et les maires des Tuamotu à ce sujet. Pour l'instant cette loi serait en "stand-by" selon Aline Baldassari, la présidente de la Tahitian pearl association of French Polynesia (TPAFP). Pourtant celle-ci devient "urgente". A ce jour, les perles sont comptabilisées à l'export et non à la sortie de l'eau. Conséquences : on ne connaît pas les stocks de perle et le Pays ainsi que les professionnels n'ont "aucune idée de la production annuelle", explique-t-elle. " Ce ne sont pas des chiffres fiables qui ne sont pas représentatifs de la production du Pays", argumente Aline Baldassari. Aujourd'hui, la production de perles de culture brute est réalisée sur 25 îles en 2014. On dénombre 561 concessions maritimes dont 435 aux Tuamotu.

La fabrication d'une perle

Les juvéniles (naissain) nécessaires à la culture sont collectés dans le milieu naturel par captage sur supports artificiels. Après 12 à 24 mois sans intervention, les nacres ont atteint 5 à 10 cm et sont alors élevées en chapelets accrochés entre 6 et 10 m de profondeur. Un collecteur peut avoir 150 à 200 huitres dessus. Au départ, les huîtres ne sont pas plus grosses qu'une pièce de monnaie, puis elles sont mises en élevage pendant deux ou trois ans et quand elles feront entre 10 et 12 cm de diamètre, elles seront opérables.
Pour greffer une huître, le greffeur ne dispose que d'un centimètre d'espace. L'ensemble des opérations se réalise dans l'appendice. Le greffeur va opérer une incision courbe, et va insérer le nucléus en nacre pure fabriquée à partir d'une moule d'eau douce qu'on ne trouve qu'aux Etats Unis. En revanche, pour avoir une perle, il faut également un greffon qui donne les informations de forme et de couleur. Pour obtenir ce greffon, on sacrifie un animal donneur sur lequel on prélève le manteau et qui est l'organe sécréteur de la matière colorée. Une perle va être formée au bout de 18 à 24 mois. Pour devenir greffeur, il faut deux ans d'études, la seule école au monde se trouve à Rangiroa.

(Source : Ifremer et Gauguin's pearl à Rangiroa)

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Samedi 9 Janvier 2016 à 11:00 | Lu 1985 fois