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Pepena fait appel à ses fans pour créer le clip de Faafaite


Le groupe Pepena veut tourner un clip adapté aux audiences internationales et fait appel à ses fans pour le financer.
Le groupe Pepena veut tourner un clip adapté aux audiences internationales et fait appel à ses fans pour le financer.
PAPEETE, le 15 avril 2016 - Le groupe Pepena veut produire un clip professionnel de qualité internationale pour sa chanson phare, Faafaite. Un projet très ambitieux, et donc onéreux. Leur solution : faire appel aux fans, qui peuvent devenir coproducteurs du clip et récupérer plein de goodies.

Le groupe Pepena n'est pas seulement connu en Polynésie, il a aussi ses fans au Japon, aux États-Unis ou en Europe. Des fans qui chantent Faafaite (vous la connaissez, elle fait "e, ha'e, ha'e, ha'e..." au refrain) à tue-tête, sans même comprendre les paroles. Un début de renommée internationale sur lequel Pepena compte pour s'ouvrir les portes des scènes du monde entier. Et pour y arriver, il lui faut un clip au niveau.

Et ce n'est pas donné. "La normalité à l'étranger, pour faire un clip professionnel, ça coûte au moins 20 000 euros, et ça ne choque pas. Ici, on est habitué à faire un clip presque avec son téléphone, et c'est bien aussi, c'est largement suffisant dans certains cas. Mais si on veut faire le pas et se prétendre professionnel, on est obligé de passer par ces budgets-là… Sauf qu'on n'a pas de major derrière, on s'autoproduit…" nous confie le chanteur de Pepena, Raimana Bareille.

Une solution originale leur a été proposée par l'équipe de réalisation : le financement participatif. Le groupe a accepté l'idée, et une campagne a été créée sur touscoprod.com. L'objectif est plutôt modeste, il s'agit de lever 7 500 euros (890 000 francs), soit un peu plus du tiers du prix du clip. Le groupe devrait pouvoir l'atteindre, puisqu'à dix jours de la fin de la campagne, 88 coproducteurs ont déjà apporté près de 6 400 euros au projet.

FANS… ET COPRODUCTEURS

Ceux qui souhaitent soutenir le groupe peuvent contribuer au projet en apportant la somme qu'ils veulent. Et il y a des goodies à la clé... Certaines récompenses sont les grandes classiques du financement participatif, comme la contribution à 5 euros (600 Fcfp) qui permet d'avoir son nom au générique du clip, ou celle à 26 euros (3 100 Fcfp) qui permet de récupérer un album dédicacé du groupe, avec un mot de remerciement personnalisé.

Mais les musiciens ont aussi créé des contreparties bien plus funs. Par exemple, pour 18 euros (2 140 Fcfp) vous pourrez aller manger aux roulottes avec le groupe ; pour 20 euros (2 400 Fcfp), ils vous enverront trois cartes postales de remerciement signées par le groupe et l'équipe ; pour 45 euros (5 350 Fcfp) vous aurez droit à une initiation au djembe et au cajón avec Teiki, le batteur de Pepena ; ou encore, pour 85 euros (10 100 Fcfp) vous pourrez "chanter deux morceaux de votre choix avec le groupe et monter sur scène lors de l'avant-première du clip. Open bar pour vous la première heure de cette soirée pour vous donner du courage !"


Comment participer
Avec une carte de crédit : touscoprod.com/faafaitebypepena
En cash : donnez la somme au groupe lors d'un concert (l'actu du groupe sur facebook.com/enjoypepena)

Interview

Teiki Bareille, chanteur de Pepena, auteur-compositeur de Faafaite

Peux-tu nous raconter l'histoire de Pepena ?
i["Pepena, ça remonte à 2010, donc ça fait six ans. Au départ, on avait commencé juste moi et Teiki [le batteur, NDLR] en jouant comme ça, et on connaissait Ruahere [le guitariste, NDLR]. Ruahere connaissait Jean-Charles [le bassiste, NDLR], on a commencé à jouer ensemble et ça continue jusqu'à aujourd'hui."]i

Qu'est-ce qui explique votre succès jusqu'à aujourd'hui ?
i["Je pense que le succès d'ici… c'est déjà qu'on est disponibles pour être visibles, pour les interviews ou les télés. Souvent, les interviews c'est la journée, mais les musiciens ont un travail. Nous, on travaille vraiment pour la musique, on ne fait que ça, on a nos répétitions la journée. C'est un choix qui a été fait et qui est porteur puisque c'est grâce à la musique qu'on gagne notre vie aujourd'hui. Ensuite, petit à petit on renouvelle nos chants, nos compositions, et avec Yannick [le manager, NDLR], on a une démarche de renouveler la com’. C'est une machinerie positive."]i

Votre morceau le plus connu est Faafaite et vous voulez donc en faire un clip…
"Oui c'est ça, Faafaite est une composition du groupe qui existe depuis la création. C'est notre morceau en tahitien le plus connu, même s'il y en a d'autres sur notre album, Unu, et notre EP. Donc Faafaite a un projet, c'est de faire un clip. On avait déjà essayé de le faire nous-même avec les moyens qu'on a ici, avec un petit budget, mais on n'était pas satisfaits du rendu. Pourquoi ? Parce que plus les années passaient, plus cette chanson avait une dimension internationale. Elle est connue à l'extérieur, au Japon, en France, en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis… Alors même que les fans ne comprennent pas les paroles. Ils nous disent qu'ils aimeraient avoir la traduction, et une fois qu'ils l'ont, ça leur apporte encore beaucoup plus.

C'est pour ça qu'on veut mettre le paquet dessus. On va mettre le clip au format international, on va contacter une équipe de pros, des cadreurs, pour la lumière, pour tout. C'est pour ça que ça coute cher. Derrière, nous avec les cachets qu'on touche, on vit avec, et il faut rentabiliser les instruments, le matériel, la salle de répétition. Donc si on fait un clip à 1,7 million, on n'en voit plus le bout."


Du coup, vous faites appel aux fans.
"Voilà, et c'est la première fois qu'on fait appel aux fans de cette manière-là, par le biais du crowdfunding. Là, on a levé 6 000 euros, donc il en reste encore pas mal à trouver, mais c'est déjà une belle somme sur 30 jours, avec 80 fans qui sont coproducteurs. On a essayé d'être assez original avec les récompenses, ils peuvent venir manger aux roulottes avec nous… On ne fait pas juste un don comme ça, il y a toujours un geste de notre part. Les gens peuvent venir assister au tournage, on fait même des concerts privés selon la somme que vous donnez… C'est vraiment accessible à tous. Et on a un temps donné, 40 jours en tout. Il reste dix jours et si on n'atteint pas l'objectif qu'on s'est donné, toutes les promesses de don sont remboursées."

Quand se déroulera le tournage ?
"Du 26 au 28 avril, sur trois jours. C'est bientôt, dès qu'on a les fonds, on se lance. Et si on n'atteint pas l'objectif, on continuera d'une autre manière, on est débrouillards. On ne s'arrête pas ! Mais je pense que c'est très positif avec les fans, ils ont envie de mettre la main à la pâte aussi et les récompenses sont intéressantes. Il y a des avant-premières au Coco's, et il y a des choses qui nous sont offertes par les sponsors pour les proposer au crowdfunding, comme les deux billets d'avion Air Tahiti Nui valables même en haute saison…"

Si ça fonctionne, est-ce que vous pourriez produire votre prochain album en crowdfunding ?
"Dans le futur, je pense qu'il y aura de plus en plus de groupes qui le feront. C'est un bon moyen d'aller au contact des gens, de faire le buzz et de vendre quelques albums. Je pense que ça deviendra indispensable dans la musique, si on veut être indépendants. Et ce biais-là est positif des deux côtés : on reçoit, mais on donne aussi, et un lien se crée entre les artistes et leurs fans."

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Vendredi 15 Avril 2016 à 16:45 | Lu 2843 fois