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Peines définitives dans l’affaire des contrats-cabinet Tong Sang


PAPEETE, 3 novembre 2019 - Gaston Tong Sang, Fernand Roomataaroa et Clarenntz Vernaudon sont définitivement condamnés dans l'affaire des contrats-cabinet de la présidence Tong Sang après que leurs pourvois en cassation n'ont pas été admis.
 
L’information est passée complètement inaperçue : Suite à un arrêt rendu en avril dernier par la chambre correctionnelle de la Cour de cassation, l'ancien président du Pays, actuel président de l’Assemblée de Polynésie française et maire de Bora Bora, Gaston Tong Sang, est définitivement condamné avec deux de ses ex-ministres pour "détournement de fonds publics" dans le cadre de l'affaire des emplois fictifs des ministères de l'agriculture et des sports.

Condamnés en appel le 8 mars 2018, tous trois s’étaient pourvus en cassation. Dans un arrêt rendu le 3 avril 2019, et totalement passé sous silence, la haute cour balaye ces recours en constatant "qu’il n’existe, en l’espèce, aucun moyen de nature à permettre l’admission de pourvois".

La peine prononcée en appel à l’encontre de Gaston Tong Sang est donc rendue définitive : un an de prison avec sursis et 2 millions de Fcfp d'amende. Ses deux ex-ministres, Fernand Roomataaroa et Clarenntz (Kalin) Vernaudon, également inquiétés dans ce dossier de détournement, voient leurs condamnations en appel confirmées par cet arrêt de cassation. Le premier est condamné à huit mois de prison avec sursis et un million de francs d'amende, et Clarenntz Vernaudon à 6 mois de prison avec sursis et 500 000 francs d'amende.

Gaston Tong Sang demeure éligible et sera certainement candidat à sa propre succession lors des élections municipales des 15 et 22 mars 2020.

Dans cette affaire, celui qui occupe actuellement le perchoir à l'APF est accusé d’avoir organisé courant 2008, alors qu'il était président du Pays, des recrutements politiques dans les cabinets des ministres des Sports et de l’Agriculture. Ces recrutements en surnombre et sans affectations précises ont été reconnus par la justice comme une contrepartie politique au maintien de sa courte majorité à Tarahoi, face au risque d'une motion de défiance. De son côté, l'intéressé s’est défendu en évoquant un simple "sureffectif" dans ses ministères. 

Il aurait en réalité accepté de céder aux pressions du représentant Ai'a Api Fernand Roomataaroa qui menaçait de quitter la majorité s'il n'obtenait pas le ministère de l'Agriculture de Haamoetini Lagarde. Cette dernière avait accepté le deal sans trop faire de vagues mais en posant pour conditions une reconversion comme conseillère du président et le reclassement de la vingtaine de membres de son cabinet. L'effectif avaient finalement été ventilés entre les ministères de la Jeunesse et des Sports et de l'Agriculture, affectés pour certains à des missions sans objet avec leurs qualifications. Des plantons, chauffeurs ou secrétaires ne sachant parfois même pas se servir d'un ordinateur, avaient ainsi été recrutés sous "contrats-cabinet" dans ces ministères.

La justice s'était saisie de l'affaire après les révélations à la presse d'un Fernand Roomataaroa, revanchard après son éviction du Ai'a Api.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Dimanche 3 Novembre 2019 à 17:00 | Lu 10515 fois