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Papouasie: 122 accusés au procès du lynchage de sept "sorciers"


Sydney, Australie | AFP | jeudi 22/03/2017 - Une centaine d'accusés ont plaidé non coupable, mercredi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au début du procès du lynchage en 2014 de sept personnes soupçonnées de sorcellerie, selon la presse locale.
Deux enfants de trois et cinq ans avaient notamment été découpés en morceaux par une foule hystérique armée d'arcs et de flèches, de haches et de couteaux, rapporte jeudi le Post Courier. 
Au total, 97 des 122 accusés ont plaidé non coupable d'homicides volontaires. Les autres, qui avaient été libérés sous caution, ne se sont pas présentés à l'ouverture des débats devant le tribunal national de Madang, dans le nord du pays.
Les faits remontent au 14 avril 2014, quand des habitants de six villages s'étaient rassemblés pour aller régler leur compte à plusieurs personnes accusées de sorcellerie, et réfugiées dans un village nommé Sakiko, rapporte le journal The National en citant la police.
Cinq adultes avaient successivement été tués par la foule, par des flèches ou des coups de couteau et de hache, poursuit The National en citant la lecture de l'acte d'accusation par le président du tribunal, le juge David Cannings.
Plusieurs des victimes avaient été démembrées, le corps de l'une d'elle incendié.
"Deux enfants de trois et cinq ans avaient été arrachés des bras de leur mère et découpés en morceaux", précise le Post Courier, qui parle du "plus grand procès du pays relatif à une affaire de sorcellerie".
Les croyances en la sorcellerie et la magie noire restent très répandues dans ce pays pauvre du Pacifique, dont certains habitants ne croient pas que les malheurs de la vie puissent avoir des causes naturelles.
De nombreuses ONG militent pour une plus grande fermeté dans les affaires judiciaires impliquant les croyances en la sorcellerie.
Une partie de l'opinion avait été particulièrement choquée en 2013 par la révélation de l'assassinat barbare d'une jeune femme de 20 ans accusée de sorcellerie, qui avait été dévêtue, arrosée de pétrole et brûlée vive devant la foule.
Le Post Courier rapportait alors qu'elle avait été accusée d'avoir tué un garçonnet de six ans par sorcellerie. La police aurait été empêchée d'intervenir par la foule, ajoutait le quotidien.
Après ce lynchage, le gouvernement avait supprimé la loi de 1971 qui avait fait de la sorcellerie un délit. Ce texte prévoyait aussi des circonstances atténuantes pour les auteurs d'agressions ou de meurtres, s'ils soupçonnaient leurs victimes de s'être livrées à la sorcellerie.

Rédigé par RB le Jeudi 23 Mars 2017 à 05:18 | Lu 808 fois