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Outre-mer : Des économies pas semblables face à la crise


Tahiti, le 13 octobre 2020 - Dans une note sur les entreprises ultramarines face à la crise, l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) brosse des portraits distincts des économies dans les zones Pacifique, Antilles-Guyane et Océan Indien. Si, sans surprise, elles subissent toutes de lourds dommages, le Pacifique Sud connait quelques particularités.
 
Comme prévu, le second trimestre a été économiquement rude dans l’outremer. Sans surprise, les données de l’IEOM font état dans l’ensemble des outremers d’une forte érosion de l’activité et de la confiance des entrepreneurs.
 
Détérioration passée et à prévoir du CA

Les activités touristiques y sont les plus touchées avec une baisse de 80% de l’activité et 91% des chefs d’entreprise déclarant une forte détérioration de leur chiffre d’affaires (CA) devant le BTP et l’industrie. Des détériorations de l’activité entre avril et juin qui ne sont qu’un avant-goût de celles à prévoir sur l’ensemble de l’année 2020. Au cours du second trimestre, le CA des entreprises ultramarines a plongé de -20% avec une relative résistance dans le Pacifique Sud. Les entreprises polynésiennes, wallisiennes et calédoniennes ont constaté en moyenne une baisse de -16% de leur chiffre d’affaires et anticipe un niveau quasi identique sur l’année (-15%) avec deux tiers des entreprises qui s’attendent à une situation fortement dégradée sur l’année.
 
Les TPE, entre bonne et mauvaise fortune

Les situations des très petites entreprises (TPE), avec moins de 10 salariés, sont très contrastées. Si une sur deux subit une forte dégradation de son activité avec un chiffre d’affaires qui plonge d’au moins 25%, une sur neuf (11%) connait quant à elle une forte amélioration de plus de 25% de ses recettes d’activité sur la période. Un signe des capacités d’adaptation d’un tissu économique dense et hétérogène s’adaptant rapidement à l’évolution économique et sanitaire mais avec cependant des anticipations défavorables. Comme le remarque l’IEOM, "le pessimisme des chefs d’entreprise est décroissant avec la taille de l’entreprise (…) : les dirigeants de TPE sont ceux anticipant le plus fort recul" alors que les grandes entreprises prévoient une baisse limitée à 10%.
 
Le Pacifique à la traine pour le télétravail
 
Les solutions adoptées par les outremers pour faire face aux risques sur l’emploi sont un enseignement important de l’étude. Le recours au chômage partiel a été utilisé pour 7 entreprises ultramarines sur 10 même mais ce ratio a été moindre dans le Pacifique, autonomie oblige. L’IEOM note ainsi que "cette proportion serait vraisemblablement plus grande encore si ce dispositif existait en Polynésie française, d’où l’importance des congés pour gérer l’inactivité forcée des salariés pendant la crise sanitaire dans la zone Pacifique". Dans cette dernière, la prise des congés payés a été la solution privilégiée et plus utilisée qu’ailleurs. Le télétravail, mis en place dans 6 entreprises ultramarines sur 10 a été également beaucoup mis en œuvre dans le Pacifique. Il reste surtout l’apanage des très grandes entreprises alors que seulement une TPE sur trois y a eu recours.
 
Craintes sur les débouchés dans le Pacifique

Les entreprises ultramarines ont massivement fait appel aux dispositifs d’aides directes et indirectes comme les PGE ou les reports de charges. Mais si les aides ont été semblables, "les sujets de préoccupation des chefs d’entreprise varient d’une géographie à l’autre". Ainsi, dans les zones Antilles-Guyane et Océan Indien, les problèmes de réorganisation et d’adaptation des conditions de travail sont mis en avant alors que pour un entrepreneur sur deux dans la zone Pacifique "(…) la question de la reprise de la demande demeure le premier sujet de préoccupation, notamment dans le secteur des activités touristiques". Une question toujours sans réponse.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Mardi 13 Octobre 2020 à 23:35 | Lu 2082 fois