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Opposés à une formation pour les aides-soignantes, des syndicats infirmiers saisissent la justice


Crédit FRED DUFOUR / AFP
Crédit FRED DUFOUR / AFP
Paris, France | AFP | lundi 18/09/2023 - Plusieurs organisations, essentiellement infirmières ou étudiantes, ont annoncé lundi déposer un recours devant la justice administrative contre un nouveau parcours de formation raccourci pour les aide-soignantes expérimentées, qui prévoit de les dispenser de première année d'école d'infirmière.

L'arrêté, paru au journal officiel début juillet, ouvre la possibilité pour des aides-soignantes, justifiant d'au moins trois ans d'expérience à temps plein sur les cinq dernières années et "sélectionnées par la voie de la formation professionnelle continue", d'intégrer "directement la deuxième année de formation d'infirmier", après un "parcours spécifique de formation de trois mois validé".

Ce texte est "inadapté aux exigences du métier", et "met en danger les patients" et "la reconnaissance du diplôme au sein de l'Union européenne", alertent six organisations de professionnels, étudiants et écoles, dont Convergence infirmière (infirmières libérales), le SNPI (syndicat national des professionnels infirmiers) ou la FNESI (Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières), dans un recours déposé début septembre devant le conseil d'Etat.

Ces professionnels dénoncent notamment "l'insuffisance manifeste" du contenu de la formation de trois mois, qui comprend "seulement 420 heures" au lieu des 1.533 de la première année, et ne permettra pas selon eux d'acquérir les connaissances et crédits européens (ECTS) prévus par la législation européenne. 

Mis en place dès février 2024 dans certaines écoles, ce parcours raccourci va aussi "à l'encontre" de la logique de "montée en compétences" et "d'universitarisation" engagé par le gouvernement, qui a promis une refonte de la formation infirmière pour septembre 2024, ont observé plusieurs participants. 

"Les infirmières ont le droit de faire de plus en plus d'actes" jusqu'alors réservés aux médecins, comme la prescription de certains vaccins depuis cet été, "alors comment peut-on, de l'autre côté de la chaîne, fragiliser leur socle?", a interrogé l'un de leurs avocats, Jean-Christophe Boyer.

"Derrière cette décision irresponsable de réduire d’un tiers la durée de formation il y aura des morts", a averti le porte-parole du SNPI, Thierry Amouroux. 

Les infirmières libérales, notamment, "sont seules au domicile du patient", et "on ne peut pas tolérer un nivellement par le bas" des compétences, a renchéri la présidente de Convergence Infirmière Ghislaine Sicre. 

le Mardi 19 Septembre 2023 à 06:28 | Lu 636 fois