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Opération éclair de 500 gendarmes pour évacuer une ZAD près de Strasbourg


Kolbsheim, France | AFP | lundi 10/09/2018 - Plus de cinq cents gendarmes ont évacué lundi à l'aube au terme d'une opération éclair quelque 150 zadistes, riverains et élus qui tentaient de s'opposer au démarrage du chantier de construction d'une rocade autoroutière près de Strasbourg.

A 06H20, les forces de l'ordre sont intervenues pour repousser à l'aide de leurs boucliers et de gaz lacrymogènes les manifestants massés aux abords de cette zone à défendre (ZAD) jusqu'à l'entrée du village de Kolbsheim, quelques centaines de mètres plus loin, a constaté un journaliste de l'AFP.
Deux heures plus tard, le périmètre de la ZAD était bouclé par les forces de l'ordre et, selon plusieurs militants interrogés par l'AFP, plus aucun n'était présent sur le site.
"Le bilan est très satisfaisant car il n'y a pas eu de blessé", a souligné le préfet de la région Grand Est et du Bas-Rhin, Jean-Luc Marx, devant la presse. "Il a été fait usage de la force avec beaucoup de mesure, seules deux grenades lacrymogènes à main ont été utilisées pour faciliter les opérations de dispersion nécessaires", a-t-il dit.
En l'absence de "voies de fait à l'encontre des forces de l'ordre même si certains avaient des attitudes un peu virulentes", il n'y a pas eu d'interpellation mais les gendarmes ont procédé à 10 vérifications d'identité, a précisé le général de gendarmerie du Grand Est, Bruno Jockers.
 

- Barricades -

 
Quatre militants "acrobranchés", qui s'était attachés dans des arbres, ont été ramenés à terre sans dommages, a-t-il également noté.
En tout, 518 gendarmes étaient mobilisés pour cette opération.
En milieu de matinée, des pelleteuses sont entrées en action pour déblayer le sentier menant au moulin de la ZAD, épicentre de la contestation, tandis que deux huissiers dressaient un état des lieux des cabanes et des caravanes encore présentes dans une clairière.
Dès les premières heures du jour, les gendarmes s'étaient attaqués à coups de tronçonneuses aux cinq barricades de bois et de pneus que les zadistes avaient érigées sur la route départementale 93 et sur un sentier, survolés sans discontinuer par un hélicoptère.
Le préfet Jean-Luc Marx avait donné fin août son feu vert définitif à la construction par une filiale du groupe Vinci et la Sanef de ce contournement autoroutier de 24 kilomètres, à l'ouest de Strasbourg.
Comme ils l'avaient prévu en cas d'intervention des forces de l'ordre, les zadistes qui montaient la garde et le pasteur de Kolbsheim ont sonné le tocsin à l'arrivée des gendarmes.
"Dispersez-vous", ont lancé ces derniers à l'aide de porte-voix. "Résistance", ont scandé les manifestants en retour.
 

- "On détruit la planète" -

 
Dany Karcher, le maire de Kolbsheim, commune sur laquelle la ZAD était installée depuis près d'un an, et plusieurs autres élus ont alors entamé des discussions avec la gendarmerie et le secrétaire général de la préfecture du Bas-Rhin, Yves Séguy.
"Tout ce que nous demandons, a minima, c'est qu'on reporte les éventuels travaux", le temps que tous les recours judiciaires aient été jugés, a souligné Dany Karcher. "La résistance est là", a lancé le maire, fustigeant "la violence, du côté des forces de l'ordre" et l'usage de gaz lacrymogènes contre les élus.
"On met des autoroutes, on détruit la planète, on nous prend tout", a dénoncé Germaine, retraitée de 89 ans, en déambulateur, présente sur la ZAD dès 05H00 et en première ligne lors de la charge des gendarmes.
Si les autorités n'ont pas fait état de blessés, Michael Kugler, un des fondateurs de la ZAD, a affirmé que trois personnes ont été hospitalisées, victimes des malaises. 
Le grand contournement ouest de Strasbourg (GCO), évoqué dès les années 1970, régulièrement abandonné avant d'être relancé à la fin des années 1990, a pour but de délester l'autoroute A35 en absorbant le trafic du nord au sud de l'Alsace.
Les détracteurs du projet soulignent qu'il entraînera la consommation de nombreuses terres agricoles et la mise en danger d'espèces protégées, dont le grand hamster d'Alsace.
"Je vais continuer à regarder ce dossier important qui permet de supprimer une autoroute pénétrante, l'A35, qui traverse le coeur de Strasbourg", a de son côté déclaré à l'AFP le nouveau ministre de l'Ecologie, François de Rugy, en marge d'une conférence de presse à Rosny-sous-Bois. "Ensuite j'irai dialoguer avec les personnes, y compris sur place dans les jours ou les semaines qui viennent".

le Lundi 10 Septembre 2018 à 04:21 | Lu 272 fois